La Libye et l’Europe
La Libye, mise au ban de la communauté internationale
pendant des années, a entamé la semaine dernière les
négociations de son premier accord de partenariat avec
l’Union Européenne (UE) qui voit dans ce pays un
précieux fournisseur d’énergie.
En raison d’une longue période de sanctions
internationales liées à l’attentat de Lockerbie (270
morts en 1988), la Libye est le seul pays du pourtour
méditerranéen à n’être lié par aucun accord avec l’UE.
Après la levée des sanctions européennes en 2004, les
relations UE-Libye avaient
repris, timidement, mais c’est seulement la libération
des infirmières bulgares par Tripoli en juillet 2007 qui
a ouvert la voie à ce premier accord visant
l’instauration à terme d’une zone de libre-échange.
Alors que la Libye cherche à sortir de son isolement et
à intégrer complètement la communauté internationale
après plusieurs années d’ostracisme, l’UE, dépendante
des hydrocarbures russes, cherche surtout à diversifier
ses sources d’approvisionnement énergétique, la Libye
est un fournisseur d’énergie clé et plus de 90 % de ses
exportations de pétrole sont destinées à l’Europe. La
Libye est le 4e fournisseur de l’UE en pétrole (8 % des
importations en 2005) et le 5e en gaz (2 % des
importations en 2005). Les ressources en gaz et en
pétrole du pays restent en partie inexplorées, alors
qu’il a un potentiel énorme.
Notant le potentiel de « pays de transit » énergétique
de la Libye, l’UE cherche également à créer un marché
régional euro-méditerranéen
pour l’électricité et le gaz et à développer une
interconnexion avec les pays
sud-méditerranéens, au fort potentiel en énergie
solaire et éolienne. Cet objectif est inclus dans une
stratégie détaillée pour la sécurité énergétique de
l’UE, présentée jeudi dernier par la Commission
européenne, qui comprend la création d’un « anneau
énergétique méditerranéen » pour acheminer les réserves
d’Afrique du Nord.
L’intérêt manifesté par l’Europe à la Libye se comprend
ainsi par sa volonté de s’émanciper de sa dépendance
énergétique vis-à-vis de la Russie. Aujourd’hui, l’UE
importe 61 % de son gaz, en tout premier lieu de Russie
(42 % des importations). Les Européens ont subi un
électrochoc lors du conflit de l’hiver 2006, lorsqu’une
querelle russo-ukrainienne sur les prix du gaz avait
entraîné une brève rupture d’approvisionnement vers
plusieurs pays européens. Le conflit d’août en Géorgie,
pays de transit énergétique désormais fragilisé, a
également rappelé aux Européens l’urgence de mettre sur
pied une véritable politique assurant « la sécurité »
des approvisionnements.