Où en sommes-nous après
la crise économique mondiale ?
Morsi Attalla
Que
l’économie américaine fasse faillite avec la célébration du
VIIe anniversaire des attaques du 11 septembre 2001,
n’est-ce pas là une étrange coïncidence ? Pour les
néo-conservateurs, cet événement était une occasion rêvée
pour amorcer une nouvelle ère dans les relations
internationales, consacrant les Etats-Unis comme unique pôle
économique et politique mondial. Et voilà que la magie s’est
retournée contre le magicien d’une manière qui a dépassé
l’imaginaire des pires pessimistes.
Personne ne peut contester que ces dernières années ont
marqué le début d’une nouvelle époque dans les relations
internationales. Mais à l’encontre des plans et des rêves de
Washington, qui a réussi à renverser nombre de régimes et
les remplacer par d’autres alternatifs, et qui a été en même
temps à l’origine de désastres et de catastrophes surtout en
Afghanistan, en Iraq et en Palestine, l’Administration
américaine n’a pas réalisé un succès décisif dans tous les
foyers de tensions qu’il a ciblés sous l’appellation de la
guerre contre le terrorisme.
Au lieu de conduire la donne internationale à bon port à
tous les niveaux politique, économique et social à l’ombre
de l’hégémonie qu’ils exercent sur l’ordre mondial après le
démantèlement de l’URSS, ils ont présenté l’un des pires
modèles de performance. Que ce soit au niveau de leur
comportement et leur attitude à l’attention du monde, car
ils étaient sur le point de ressusciter la guerre froide
après l’éveil de l’ours russe. Mais également sur le plan
interne en raison des dépenses exorbitantes des aventures
militaires qui ont dépassé les 2 000 milliards de dollars et
qui ont mis à nu la superpuissance mondiale sur les plans
économique et militaire.
En réalité, ce bilan amer des sept dernières années et qui a
atteint son apogée avec la faillite de la banque Lehman
Brothers, la 4e banque américaine, a été le résultat de la
détérioration dramatique de la situation économique. Depuis
la chute des crédits du marché immobilier, jusqu’aux taux de
chômage qui ont atteint leurs pires niveaux depuis plus de
20 ans, dépassant la barre des 6 %.
Il est nécessaire, de dire dans ce contexte que l’économie
américaine blessée qui menace de secousses toute l’économie
mondiale en raison du déficit qui a dépassé les 2 trillions
de dollars aujourd’hui est celle-là même qui était sous son
meilleur jour au moment de l’investiture de Bush en 2001
avec un surplus d’un demi-trillion de dollars.
Ce qui prouve davantage l’ampleur de la crise et ses
répercussions néfastes sur toute l’étendue mondiale sont les
déclarations faites par l’un des plus grands alliés de
l’Amérique, à savoir le président français Nicolas Sarkozy.
Celui-ci a déclaré que l’ère de l’économie de marché est
révolue, alors que le ministre allemand des Finances a dit
de son côté, s’adressant aux Etats-Unis, qu’ils doivent
reconnaître qu’ils ne sont plus une superpuissance mondiale.
Ainsi, le centre de l’intérêt mondial a-t-il radicalement
dévié ces derniers jours. Alors que le monde entier était
préoccupé, il y a quelque temps, par les événements et les
évolutions qui dessineraient la nouvelle politique mondiale,
surtout avec une éventuelle résurrection des scénarios de la
guerre froide, aujourd’hui le monde entier se tourne vers
l’image de demain. De nouvelles questions s’imposent dans la
plupart des capitales sur la création des mécanismes
capables de coexister avec les nouvelles évolutions et les
nouveaux défis économiques effrayants.
Parce que les discours sur les mutations que subit la carte
économique mondiale représentent un nouvel épisode de
l’histoire humaine. Il faut reconnaître l’importance de
faire une lecture prévisionnelle, surtout que nous vivons
l’époque des grands chocs et d’une possibilité que les
conflits économiques gagnent en acuité et en atrocité, sans
oublier les mutations politiques soudaines qui peuvent
survenir.
En réalité, la règle historique affirme que le nerf de tout
progrès est la capacité d’avoir une vision prévisionnelle.
En réalité, le facteur décisif de la réussite de n’importe
quel Etat est son aptitude à passer de l’état de rigidité et
de résignation aux horizons plus élargis de l’avenir.
L’objectif étant d’inciter les mentalités, les ressources et
les capacités à répondre aux besoins de l’avenir. Raison
pour laquelle il n’existe pas d’espaces dans ce monde pour
les personnes aux horizons étroits et ceux qui sont avides
de pouvoir et de contrôle. Les leaders de demain doivent
porter un regard plus élargi vers l’avenir et être épris du
renouveau et de la réforme. Ils doivent savoir comment
enraciner les valeurs communes de l’intégration et de
l’unité de l’action.
En résumé, les défis de demain au milieu de ces énormes
mutations politiques et chocs économiques ne résident plus
dans la capacité d’aller de pair avec les évolutions
technologiques sophistiquées de la science moderne. Ils
résident plutôt dans cette capacité de faire face et de
relever ce défi terrible qu’a sécrété la crise économique
américaine. Les leaders doivent pouvoir mener la barque à
tous les niveaux de l’action nationale et de comprendre la
nature de ces défis qui prendront une plus grande ampleur
dans les années à venir.
Ceux qui désirent réaliser le rêve de se prévenir et de se
prémunir ont besoin de maîtriser les nouvelles sciences
prévisionnelles. Mais ceci ne se fera pas avec les schémas
mentaux traditionnels et nécessitera une confrontation
réelle en adoptant un nouveau type d’idées modernes. Enfin,
je dirais qu’il n’y a pas vraiment de différence entre les
tempêtes dévastatrices de la nature et les tempêtes de
surprises que l’on prévoit à l’avenir et qui ne doivent rien
laisser au gré du hasard ni de l’inconnu.