Al-Ahram Hebdo, Enquête | Trop de liquidités peut nuire à la santé
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2008, numéro 738

 

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Enquête

Banques. Les établissements égyptiens bénéficient de liquidités en surplus, contrairement à la situation en Europe et aux Etats-Unis, qui a conduit à la crise financière. Une situation qui fait planer d’autres menaces. Enquête.

Trop de liquidités peut nuire à la santé 

Les banques égyptiennes sont à l’abri des impacts directs de la crise mondiale. C’est là une affirmation récurrente dans les milieux bancaires nationaux. Mais cela n’implique pas qu’elles sont à l’abri d’autres difficultés. Car contrairement aux secteurs bancaires des Etats-Unis ou européens, où la crise financière a été provoquée par un manque de liquidités, les banques égyptiennes — tant privées que publiques — souffrent d’un surplus de liquidités non investi. Si ce défaut reste sans remède, l’économie entière pourrait en pâtir. « Malgré le niveau important de liquidités sur le marché égyptien, le taux d’intérêt élevé sur l’emprunt deviendra une entrave sérieuse au financement des entreprises ou des particuliers dans la période à  venir », a annoncé Soha Al-Naggar, directrice du département des recherches chez Pharos pour l’investissement financier, lors de la dernière conférence Euromoney au Caire, rencontre économique annuelle de décideurs et hommes d’affaires.

Malgré une croissance élevée, les liquidités consacrées à l’emprunt ne dépassent pas 55 % des dépôts bancaires. « Un taux très faible » pour Al-Naggar, qui ajoute que les banques égyptiennes, surtout privées, risquent d’être affectées car elles « ne se risquent pas à proposer des crédits aux projets industriels, ou autres » et n’élargissent pas leur base d’activité. Ce qui exige, selon elle « une utilisation plus poussée de leurs ressources, qui peut aller jusqu’à 70 % des dépôts, afin de se garantir une position financière et structurelle plus forte et être préparées à faire face aux impacts d’une crise », dit-elle.

Un discours qui a poussé le premier ministre Ahmad Nazif à inviter, lors de la clôture de la conférence Euromoney la semaine dernière, le secteur bancaire égyptien à proposer des crédits aux grands projets de développement soutenus par le gouvernement (comme les projets industriels et agroalimentaires dans le sud du pays, les entreprises de distribution de gaz naturel aux particuliers ou encore les centrales électriques). Henri Guillemin, directeur général de la banque Crédit Agricole Egypte se montre prêt à répondre à cet appel. Il assure que l’investissement sur le marché local représente aujourd’hui une vraie opportunité pour les filiales des banques étrangères. « Cela est une occasion de profiter du taux de croissance élevé offert par ce genre d’investissement », note-t-il en soulignant que cela aidera la maison mère à soutenir sa position financière.

 

Financement des micro-projets

Toutefois, Richard Banks, directeur régional de la conférence Euromoney, s’est posé la question la plus importante : la crise financière mondiale aura-t-elle des impacts négatifs sur la profitabilité du secteur bancaire égyptien ? Selon Khaled Al-Guébali, directeur général de la banque Barclays Egypt et de l’Afrique du Nord, le secteur bancaire égyptien sera en effet affecté comme sur le marché international puisque, selon les déclarations du ministre des Finances Youssef Boutros-Ghali, le taux de croissance égyptien va passer de 7,2 % à 6 % en 2009. « Le rétrécissement de l’activité économique mène à la réduction de l’activité bancaire, ce qui réduit les profits réalisés par les banques », explique Al-Guébali qui ajoute cependant que l’impact sera relativement limité puisque le taux de croissance prévu en Egypte sera le double de celui observé mondialement. Al-Guébali insiste aussi sur le fait que la nouvelle stratégie de sa banque s’orientera dans la prochaine période vers le financement des micro-projets. Des crédits qui varient entre 500 et 1 500 L.E. et qui visent en fait 80 % du secteur privé, caractérisé par les petits projets. « Pour l’instant, 20 % seulement de la population est financée par les banques. Il existe donc de nombreuses opportunités pour le financement de ce genre de projets négligés par les banques présentes sur le marché », note-t-il en soulignant que ces projets ne sont appuyés que par le Fonds social de développement. Cette proposition a été saluée par d’autres banques privées, comme City Bank et Crédit Agricole Egypte.

 

Rôle primordial des banques publiques

Outre le surplus de liquidités, un autre problème est apparu après que les banques occidentales eurent été soutenues par leurs gouvernements respectifs. En raison du manque de confiance et d’un grand degré d’incertitude sur les marchés, les investisseurs s’abstiennent en effet de rechercher du financement. De leur côté, les banques craignent aussi d’offrir des crédits, par manque de garanties. C’est là où les banques égyptiennes pourraient être touchées. Henri Guillemin avertit que « si ces banques n’étaient pas méfiantes dans l’octroi des crédits, elles pourraient risquer les mêmes problèmes de déficits de la fin des années 1990 ». Mais Mohamad Ozalp, vice- président de la Banque Misr, numéro deux du marché, écarte cet éventuel risque. « Quatre ans de réforme bancaire sont suffisants pour garantir une position financière et administrative très solide pour les banques publiques égyptiennes qui s’emparent à elles seules de la moitié du marché », explique-t-il. Ozalp note aussi que les banques Ahli et Misr ont absorbé la majorité des dépôts bancaires dans les banques privées depuis le début de la crise financière. « Et 40 % des portefeuilles d’emprunts sont orientés vers l’investissement dans les grands projets de développement et d’infrastructure », rappelant le rôle primordial que jouent les deux banques publiques Ahli et Misr. Les banques publiques semblent donc plus aptes à faire face à ces possibles difficultés. C’est une sorte de retour en grâce.

Dahlia Réda

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