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 Semaine du 7 au 13 janvier 2008, numéro 696

 

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Opinion
 

Visite aux objectifs limités

Hassan Abou-Taleb
Politologue

Le président Bush entame aujourd’hui une visite dans plusieurs pays de la région. A la veille de cette visite, il a fait allusion à deux questions importantes auxquelles il accordera tout son intérêt. Il s’agit tout d’abord de relancer le processus de paix entre les Palestiniens et les Israéliens, et de faire comprendre aux Israéliens que la poursuite des implantations représente une embûche aux négociations. Il s’agit deuxièmement de contenir l’Iran qui continuerait, selon les Etats-Unis, à représenter un éventuel danger nucléaire. Et ce, malgré le rapport de la CIA qui a indiqué que l’Iran avait arrêté son programme nucléaire militaire en 2003.

Malgré l’importance de ces deux questions et leurs relations directes avec l’équilibre de la région, les déclarations de Bush signifient qu’il place la barre haut avant son voyage dans la région. En effet, Bush se rend dans la région avec un agenda chargé pour le temps qui lui reste à passer à la Maison Blanche. En effet, son mandat prendra fin dans moins d’un an. Il est vrai que le président Bush ne prendra pas part à ces élections conformément à la Constitution. Cependant, en tant que président républicain, il lui incombe de soutenir le candidat de son parti. Ce soutien politique et moral oblige le président Bush à ne pas prendre de grandes décisions pouvant influencer négativement les orientations du candidat républicain. Vu la force du lobby sioniste au sein de la société américaine, il est peu probable que le président Bush mette Israël dans l’embarras ou qu’il fasse pression sur lui. Au contraire, il se peut tout à fait qu’il vienne lui faire davantage de cadeaux.

Les déclarations de Bush signifient qu’il vient dans la région avec un but précis, celui de convaincre les dirigeants arabes de la viabilité de la politique américaine d’affrontement avec l’Iran ainsi que de l’importance d’y adhérer pour augmenter son isolement. Cependant, cet objectif ne s’accorde pas avec les intérêts arabes car une ouverture arabo-iranienne s’est dernièrement opérée. Cette ouverture reflète à son tour une conviction arabe que l’Iran ne représente pas de grand danger comme le prétendent les Etats-Unis et Israël. Au contraire, les pays arabes sont convaincus que le dialogue est le seul moyen, et non l’affrontement, l’isolement et le blocus.

La différence des opinions arabe et américaine envers l’Iran est évidente et les Américains le savent très bien. Par conséquent, lorsque Bush avance l’isolement de l’Iran comme l’un des objectifs de sa visite, il avorte la visite avant même qu’elle ne commence. Il lui donne un parti pris israélien au moment même où il hésite à faire pression sur les Israéliens qui ont intentionnellement porté atteinte aux efforts américains relatifs à la relance des négociations israélo-palestiniennes.

La partialité totale de la politique américaine envers Israël est une réalité indiscutable. Il est donc peu probable que Bush fasse sérieusement pression sur Israël pour qu’il exécute ses engagements conformément à la Feuille de route. A savoir mettre un terme aux nouvelles implantations et enlever les foyers d’implantation qui  sont illégaux et illégitimes selon les critères israéliens eux-mêmes.

Le président Bush peut avoir de bonnes intentions qui aspirent à l’instauration d’un Etat palestinien viable représentant une solution historique au conflit arabo-israélien. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Les Américains ont déployé de gros efforts depuis la deuxième moitié de l’année 2007 pour convaincre Olmert d’entrer en contact avec Mahmoud Abbass, pour améliorer les conditions de vie des Palestiniens en Cisjordanie afin d’instaurer un état de confiance mutuelle entre les deux hommes. De plus, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a déployé de grands efforts pour préparer la conférence d’Annapolis qui s’est effectivement tenue à la fin du mois de novembre dernier. Cependant, elle s’est terminée par un simple accord sur l’ensemble des procédures visant à ranimer le processus de négociations israélo-palestiniennes sans convenir l’objectif des négociations ni leur calendrier.

L’Administration de Bush a tenté durant ces huit derniers mois de cristalliser un processus de négociations sérieux capable de transformer la vision du président Bush en une réalité palpable. Mais la réponse israélienne n’a pas été au niveau des prévisions américaines. Deux jours seulement après la conférence d’Annapolis, le gouvernement israélien a accrédité un ensemble de plans visant à élargir plusieurs grandes implantations construites sur des territoires palestiniens. Ce fut un coup dur à tous les efforts américains, qui a poussé les Palestiniens et les Arabes à douter de l’efficacité du rôle que jouera le président Bush au cours de la dernière année de son deuxième mandat.

La décision du gouvernement israélien de poursuivre les activités d’implantations au moment où se tiennent des rencontres entre les négociateurs palestiniens et israéliens signifie que les négociations elles-mêmes ne présentent pas de garantie à l’instauration d’un Etat palestinien à l’avenir. Cette décision confirme aussi que la partie israélienne n’accorde aucune importance à des négociations sérieuses et globales. Etant donné que la réaction américaine à la poursuite des activités israéliennes a été faible, il est difficile d’imaginer que le président Bush réussira à obliger le gouvernement d’Olmert de mettre un terme à l’implantation et de respecter les autres clauses de la Feuille de la route. En effet, les Israéliens pensent que la visite de Bush est une occasion historique pour le pousser à soutenir leurs idées relatives à l’avenir de l’Etat palestinien. Peu importe qu’il soit viable ou qu’il exprime les intérêts du peuple palestinien, l’essentiel est qu’il protège Israël.

Conformément à la presse israélienne, Olmert présentera à Bush un certain nombre de demandes : notamment que l’Etat palestinien soit désarmé, que l’armée israélienne ait le droit d’entrer dans ses territoires à tout moment pour des considérations sécuritaires, que l’aviation militaire israélienne ait le droit de survoler ses territoires. Il lui demandera par ailleurs de permettre le déploiement de forces internationales tout au long des frontières avec la Cisjordanie et la bande de Gaza. Ce sont là des revendications irréalisables qui dévoilent la volonté d’Israël d’avorter l’instauration d’un Etat palestinien indépendant et souverain. Ce qui est inquiétant, c’est que le président Bush accepte ces demandes et qu’il présente des garanties au nom des Etats-Unis pour les appliquer à l’avenir, que ce soit lors de son mandat ou du mandat du prochain président quelle que soit son appartenance partisane. Si ceci se réalise, il signifiera l’anéantissement total de tout espoir en un règlement politique ainsi qu’une invitation franche au retour de la violence l

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