Liban .
Les factions rivales ont salué le plan arabe pour sortir de
la crise politique libanaise. De quoi laisser présager une
avancée lors de la visite qu’effectue le secrétaire général
de la Ligue arabe dans le pays.
Lueur d’espoir
Le
Liban pourra-t-il avoir prochainement son président ?
Pourra-t-on espérer une décrispation de la crise grâce au
plan de la Ligue arabe ? Telles sont les questions qui
hantent tout observateur après que les ministres des
Affaires étrangères arabes réunis au Caire ont approuvé
dimanche un plan de règlement de la crise jouissant du
soutien de la majorité au pouvoir à Beyrouth et de la Syrie,
principale alliée de l’opposition. Selon le secrétaire
général de la Ligue arabe Amr Moussa, les ministres ont
adopté un plan de travail en trois étapes, la première étant
l’élection du président. « Les ministres accueillent
favorablement le consensus autour de Michel Sleimane en tant
que candidat à la présidence et appellent à son élection
immédiate conformément à la Constitution », a-t-il déclaré.
Le plan de la Ligue arabe au Caire entérine le choix de
Sleimane à la tête de l’Etat, préconisant son élection
immédiate par les députés, et lui reconnaissant un rôle
d’arbitre suprême entre les factions.
Il prévoit en effet la formation rapide d’un gouvernement
d’union nationale dont la composition sera telle qu’aucune
partie ne pourra imposer ou bloquer une décision. En cas de
désaccord, « le président de la République aura le dernier
mot ».
Outre l’élection de Sleimane, qui implique un quorum des
deux tiers des parlementaires dont aucun des deux camps ne
dispose, et la formation d’un gouvernement d’union, le plan
arabe prévoit l’adoption d’un nouveau code électoral en vue
des prochaines législatives.
Le chef de la majorité parlementaire libanaise, Saad Hariri,
s’est félicité que le plan arabe fournisse « une nouvelle
chance pour élire un président consensuel » et comble le
vide à la tête de l’Etat.
« Tous les Libanais doivent considérer les résultats de la
réunion du Caire comme un accomplissement dans l’intérêt du
Liban. Nous continuons à miser sur l’ouverture d’une
nouvelle page », a ajouté le fils de l’ancien premier
ministre, Rafic Hariri, assassiné en février 2005.
Il a estimé que les pays arabes avaient adopté « une
position historique, noble et responsable qui reflète leur
rejet de toutes les formes de pressions qui s’exercent sur
notre pays ».
Le président du Parlement et ténor de l’opposition, Nabih
Berri, a également salué ce projet car « il appelle à
l’élection rapide de M. Sleimane sans complication et à un
gouvernement d’union nationale où les prises de décisions
n’appartiendront pas plus à un camp qu’un autre ».
Le Hezbollah a demandé des éclaircissements quant au futur
gouvernement d’union, mais le chef de son groupe
parlementaire, Mohamed Raad, a souligné que le mouvement
n’avait « pas l’intention de faire de l’obstruction ».
En ouvrant le conseil ministériel de la Ligue arabe, le chef
de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, avait souligné
que cette Feuille de route répondait aux préoccupations de
toutes les parties et contribuerait à une solution rapide de
la crise au Liban.
De fait, de source diplomatique arabe, on précise que la
Syrie a donné son accord au plan, bien qu’il ne donne pas
explicitement à l’opposition qu’elle soutient le droit de
veto qu’elle réclamait sur les décisions du gouvernement.
Mais la Syrie, exemptée de toute critique, a obtenu que
Sleimane, nommé à la tête de l’armée libanaise du temps où
elle faisait la pluie et le beau temps au pays du Cèdre,
soit investi d’un pouvoir fort.
« J’espère que nos frères libanais réfléchiront bien avant
de réagir et attendront d’entendre le point de vue arabe
lors de la venue du secrétaire général de la Ligue arabe »,
a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid
Al-Mouallem.
Vendredi soir, la majorité libanaise a appelé dans un
communiqué les chefs de la diplomatie des pays de la Ligue
arabe à « aider » « à lever l’emprise du régime syrien sur
le Liban » et à protéger le pays de ce qu’elle a présenté
comme des efforts syriens pour empêcher l’élection d’un
nouveau président.
Outre les pays arabes, Ali Larijani, conseiller du guide
suprême iranien en visite à Damas, a exprimé l’espoir que «
toutes les parties parviennent à une solution de compromis »
pour débloquer la situation au Liban.
Il a également espéré que le secrétaire général de la Ligue
arabe « réussisse » dans ses efforts. « Nous soutenons
toutes les mesures pour l’entente » entre les Libanais, a
ajouté ce responsable.
Après des semaines de discussion, majorité et opposition
sont parvenues à se mettre d’accord sur la candidature du
chef de l’armée à la présidence.
Mais les deux camps ont continué de s’opposer sur un
amendement nécessaire à son élection, la Constitution
exigeant des hauts fonctionnaires qu’ils démissionnent deux
ans avant de se présenter à la présidentielle.
L’opposition réclame par ailleurs que soit discutée la
composition du prochain gouvernement avant que le Parlement
ne procède à l’élection du chef de l’Etat, ce que refuse la
majorité. Après 11 reports, une nouvelle séance
parlementaire consacrée à l’élection du président a été
fixée au 12 janvier .
Rania
Adel