George w. bush .Le président Bush a adopté une politique très agressive vis-à-vis du monde arabe qui s’explique en grande partie par des convictions personnelles selon de nombreux analystes.

L’Américain le moins populaire

« Ce qui est certain, c’est que George Bush aura été le pire président américain depuis la seconde guerre mondiale, tant pour la planète que pour les Etats-Unis eux-mêmes », le jugement est de Pascal Boniface, directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), à Paris. Il l’a confié à Media France Internationale (MFI). Et c’est en grande partie par la politique arabe du locataire de la Maison Blanche que s’explique cet échec : « La guerre en Iraq a été une erreur majeure, et une faillite morale et stratégique. Le fait de concevoir les relations internationales comme une croisade, de les réduire à un affrontement entre eux et nous (ndlr : l’Occident), entre le bien et le mal, ne constitue pas un progrès, ni sur le plan intellectuel ni sur le plan stratégique », affirme Boniface. Cette évaluation faite, alors que le chef de l’exécutif est à sa dernière année de présidence fait poser une question. S’agit-il du tempérament, du caractère et des croyances personnelles de Bush ou de toute une lignée ou composante américaine ?

De nombreux observateurs mettent en avant et sa doctrine néo-conservatrice et religieuse et son origine de capitaliste local aux idées fermées. Mohamad Al-Sayed Saïd, politologue et rédacteur en chef du quotidien égyptien indépendant Al-Badil, estime que pour l’exemple le plus patent de l’échec du président, celui de l’invasion de l’Iraq, « il s’agit en grande partie d’un rôle personnel et non de celui de l’establishment militaire. Avant l’invasion de l’Iraq, le Pentagone et d’anciens généraux ont laissé filtrer des informations sur ces projets militaires afin de tenter d’éviter la guerre. Ils ont mené une importante campagne médiatique à ce sujet », explique-t-il. Bush évidemment n’en a pas pris compte comme il l’a fait avec l’Onu, et une grande partie de la communauté internationale et même les alliés arabes traditionnels des Etats-Unis qui, depuis, sont dans un état de confusion extraordinaire. Sans tenter de faire la psychanalyse de Bush, son passé incite le politologue à relever une vision acquise au départ qui l’a poussé à une politique aussi belliqueuse. « C’est sa personnalité de body guard du capitalisme local, c’est-à-dire limité à une région donnée, qui serait à la base de cette dérive guerrière. Il fait partie de ces Blancs à la culture limitée, mus par une tendance au fanatisme, une fidélité ethnique, une disposition à la violence et au racisme en faveur des Blancs. Sa doctrine politique est celle du WASP (White Anglo-Saxon Protestant) ».

Mohamad Al-Sayed Saïd se réfère aussi à la carrière dans l’industrie du pétrole de Bush qui a commencé en 1978 avec la création d’Arbusto Energy (arbusto signifie Bush en espagnol), une entreprise de recherche de pétrole et de gaz.

Un aspect fondamental de cette dérive politique de Bush est ses convictions de néo-fondamentaliste investi d’une mission quasi divine pour rétablir l’ordre et la moralité dans le monde et le Proche-Orient, surtout. Il est un Born Again Christian, c’est-à-dire un chrétien qui est « né de nouveau ». Il a imprimé cette foi au cœur du travail gouvernemental. Les réunions du gouvernement à la Maison Blanche commenceraient par une prière et la lecture d’un passage de la Bible, relèvent les différentes études faites à ce sujet. Comme le souligne Mohamad Al-Sayed Saïd, c’est Ronald Reagan qui a commencé au sein du Parti républicain à se servir des arguments religieux pour diaboliser l’Union soviétique. Aujourd’hui, la rhétorique est restée la même, mais l’ennemi a changé : ce n’est plus le communisme, c’est l’islam avec comme objectif la nécessité de protéger « Israël donné aux juifs par Dieu ». Autant de notions qui ont contribué à façonner la politique de Bush. Mohamad Al-Sayed Saïd relève cependant qu’il y a de la simulation à ce sujet. « Le lien avec la religion est de caractère opportuniste et politique. Il n’y a pas chez lui de vrais sentiments religieux, ni même une assimilation réelle de l’enseignement religieux. Il s’est attaché à la religion en tant qu’idéologie politique en concordance et en coordination avec des mouvements religieux et non des églises, ce qu’on appelle Moral Majority ». Il reste que, pour cette dernière année au pouvoir, George Bush s’attelle au dossier palestino-israélien. Paradoxal ? Il reste que le moins que l’on puisse dire est que Bush est pour notre région l’Américain le moins populaire.

Ahmed Loutfi

Les candidats démocrates

La course à la Maison Blanche a commencé en vue d’élire le 44e président des Etats-Unis.

Démocrates ou Républicains, le Proche-Orient occupe une partie des campagnes des candidats.

Barack Obama, 46 ans, sénateur de l’Etat de l’Illinois, a remporté largement les premiers caucus de l’Iowa en obtenant 38 % des voix. Il est considéré comme celui qui est le plus en rupture avec Bush sur l’Iraq. Il promet, une fois élu, d’être « le président qui mettra fin à la guerre en Iraq » et « qui ramènera nos soldats à la maison ». Mais ses mots ne laissent pas beaucoup rêver, il parle d’un déplacement des efforts de l’Iraq vers l’Afghanistan avec le déploiement de deux brigades supplémentaires dans ce pays. Il se dit aussi prêt à attaquer des cibles d’Al-Qaëda au Pakistan.

En revanche, Obama se dit prêt à engager le dialogue avec l’Iran et la Syrie. C’est pourtant, un pro-israélien. Pour lui, Israël est « notre plus grand allié dans la région et la seule démocratie établie, et nous devons préserver notre engagement total à l’égard de sa sécurité ». Quant au Hamas, il veut continuer à « l’isoler », alors que le Hezbollah « menace le mouvement naissant vers la démocratie ».

 

John Edwards, 54 ans, ex-sénateur de la Caroline du Nord. Il est le deuxième dans la liste des favoris démocrates.

Edwards était parmi ceux qui ont voté pour la guerre en Iraq, en 2002. Mais pour réparer « la plus grande erreur stratégique de l’histoire des Etats-Unis », il souhaite fonder une nouvelle politique étrangère , en commençant avec un retrait immédiat de 40 000 à 50 000 militaires d’Iraq puis « un retrait total des troupes d’ici neuf à dix mois ». Pour lui, la présence américaine en Iraq intensifie le terrorisme et serait responsable en partie du clash des civilisations. Edwards propose un changement radical d’attitude vis-à-vis de l’Iran avec qui il prône l’ouverture de pourparlers sans pour autant « se priver de la moindre option ». Il suggère également une politique d’isolement du président Ahmadinejad, vis-à-vis des forces modérées de son pays.

Hillary Clinton, 60 ans, ancienne première dame et sénatrice de l’Etat de New York. Elle est arrivée troisième, lors des caucus de l’Iowa. Elle fait preuve d’une grande fermeté, et parfois qualifiée de plus conservatrice que Bush lui-même sur le Proche-Orient. Elle fait partie de ceux qui ont défendu les opérations militaires en Afghanistan et en Iraq et a été la dernière des principaux candidats démocrates à modifier sa position concernant l’Iraq. Elle se dit aujourd’hui favorable à mettre fin à la guerre, mais n’envisage pas de retrait total. C’est la candidate qui dit tout et son contraire. Une fois, elle parle d’une « politique vigoureuse » pour l’Iran et une autre fois elle dit favorable pour « un dialogue des Etats-Unis avec l’Iran, la Syrie, le Hamas et le Hezbollah ». Elle est la candidate la plus proche du lobby israélien : « nous soutiendrons, nourrirons et développerons le partenariat vital d’Israël (...). Tant que le Hamas ne renonce pas à la violence et au terrorisme, tant qu’il garde sa position prônant la destruction d’Israël, je ne crois pas que les Etats-Unis devraient les reconnaître, ni aucune autre nation du monde ». C’est elle qui s’est prononcée un jour en faveur d’un transfert de l’ambassade israélienne de Tel-Aviv à Jérusalem .

Les Républicains

Mike Huckabee, 52 ans, ancien gouverneur de l’Arkansas, Huckabee est arrivé en tête dans l’Iowa chez les Républicains. Ancien pasteur baptiste, il a toujours été un fervent défenseur de la guerre contre l’Iraq. Pour lui, « plus qu’une question militaire, c’est une question d’honneur ». Il pense que les Américains doivent rester et « finir leur boulot ». Il souhaite renforcer le nombre de militaires engagés au Proche-Orient. Selon lui, il faut frapper « plus fort » et « plus intelligemment », en mettant en œuvre toutes les capacités économiques, diplomatiques et militaires dont disposent les Etats-Unis, dans la guerre contre le terrorisme. Pour lui, aucune distinction ne doit être établie entre les chiites et les sunnites, car « l’extrémisme musulman sous toutes ses formes » constitue une menace pour les Etats-Unis.

 

Mitt Romney, 60 ans, ex-gouverneur de l’Etat du Massachusetts. Il a été le vainqueur des caucus organisés dans l’Etat américain du Wyoming pour le camp républicain. Supporter de la première heure de la politique américaine en Iraq, Romney est toujours opposé à tout retrait immédiat des troupes américaines en Iraq. Il soutient en outre le renforcement des troupes dans ce pays. Il soutient une ligne dure concernant le programme nucléaire iranien et « les résultats insuffisants de l’Onu sur le nucléaire iranien doivent être renforcés avec des sanctions plus efficaces ».

Pour la guerre contre le terrorisme, elle « doit être généralisée à l’islamisme radical ». Il soutient les mesures de torture prises dans les prisons de Guantanamo et Abou-Gharib.

Le processus de paix ne figure pas dans son programme. Il était même contre la réunion d’Annapolis. « Lorsque j’étais en Israël en janvier, et qu’à mon retour, les gens m’ont interrogé sur les perspectives de paix, ma réaction était de dire comment est-il possible d’avoir une conférence de paix à ce stade, alors qu’il n’y a personne avec qui parler »? Il a promis aussi d’œuvrer à « l’isolement de la Syrie, le Hamas et le Hezbollah ».

Rudy Giuliani, 63 ans, ancien maire de New York. Giuliani est le favori du camp républicain dans les sondages. Pour lui, le « maintien des troupes américaines lui semble indispensable ». Il se montre plus directement menaçant que le président Bush sur l’Iran : « Les théocrates qui dirigent l’Iran doivent comprendre que nous pouvons manier la carotte aussi bien que le bâton, en minant le soutien populaire à leur régime, en nuisant à l’économie iranienne, en affaiblissant l’armée iranienne et, si tout le reste échouait, en détruisant son infrastructure nucléaire ».

Pour lui, le combat contre « le fascisme de l’islamisme radical est le premier grand challenge du XXIe siècle ». Afin de gagner cette guerre, il souhaite diffuser la culture américaine dans le monde musulman via des « entreprises telles que Pepsi, Coca-Cola, McDonald’s et Levi’s », qui ont « aidé à gagner la guerre froide en pénétrant le marché soviétique ».

Giuliani s’oppose contre l’établissement d’un Etat palestinien, « Il n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis d’aider à la création d’un nouvel Etat qui soutiendra le terrorisme ». S’il est élu, il entend faire entrer Israël à l’Otan .

Aliaa Al-Korachi