Al-Ahram Hebdo, Egypte | un premier test
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 7 au 13 janvier 2008, numéro 696

 

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Egypte
Subventions . Depuis un an, le nouveau système des cartes d’approvisionnement électroniques est appliqué dans le gouvernorat de Suez. Objectif : contrôler la distribution des produits subventionnés et réduire le gaspillage et le trafic.

un premier test

Suez, De notre envoyé spécial —

Deux heures et demie séparent Le Caire du gouvernorat de Suez. Celui-ci est connu par le  niveau de vie assez élevé de ses habitants dont une bonne partie travaille dans le secteur pétrolier. L’année dernière, le gouvernement a choisi Suez pour y appliquer l’expérience de la « carte intelligente ». Cette carte qui remplace l’ancienne carte d’approvisionnement vise à mieux contrôler la distribution des produits alimentaires subventionnés par l’Etat. Elle ressemble à une carte de crédit bancaire et permet à son titulaire de recevoir sa part de produits subventionnés comme le sucre, l’huile, le thé et le riz. La mise en circulation de cette carte électronique vise, selon les responsables, à présenter un service de qualité aux citoyens et éviter le gaspillage des produits. Au début, les habitants s’interrogeaient sur le bien-fondé de cette carte. Pourtant, un an après sa mise en vigueur, l’expérience semble réussir. « Autrefois avec l’ancienne carte, les gens pouvaient être victimes des commerçants. Certains marchands détournaient les marchandises et les revendaient à des prix élevés », explique Yassine Ibrahim, un retraité venu pendre sa part d’approvisionnement.

Avant de recevoir sa part mensuelle du tamwine (approvisionnement), Yassine doit faire quelques mesures. Tout d’abord, il doit insérer la carte dans une machine qui se trouve chez le marchand et taper un code secret (mot de passe). La machine affiche alors la liste des produits auxquels le consommateur a droit et le prix de chaque produit. Les produits fournis sont un paquet de sucre, un litre d’huile et un paquet de riz. Trois produits qui figuraient sur les anciennes cartes d’approvisionnement ont été annulés : les fèves, le beurre et les lentilles.

Les cartes d’approvisionnement ont fait leur apparition en Egypte en 1945 au moment de la crise économique qui a suivi la deuxième guerre mondiale. Objectif : ravitailler tous les citoyens en produits de première nécessité à des prix abordables, à savoir, sucre, huile, thé, farine, viande, poivre, œufs et beurre. Le système a été maintenu sous Nasser. L’Etat a continué à subventionner les produits de première nécessité. Durant les années 1980 et 1990 et avec la libéralisation du commerce et l’ouverture économique, la carte d’approvisionnement a beaucoup perdu de son importance et seuls l’huile, le sucre, le thé et le riz étaient distribués et subventionnés par l’Etat. En 2004, le gouvernement de l’ex-premier ministre, Atef Ebeid, a eu recours à la carte d’approvisionnement pour atténuer la hausse des prix. La liste des produits fournis comprenait un forfait de 4 kilos de riz, 4 kilos de sucre, 2 litres d’huile et 200 grammes de thé pour 5,2 L.E. D’après les chiffres fournis par le ministère de la Solidarité sociale, il existe actuellement 10 millions 700 000 cartes d’approvisionnement.

La subvention des produits alimentaires coûte annuellement à l’Etat environ 10 milliards de L.E. Or, la hausse continuelle des prix des denrées de base, comme le blé, sur les marchés mondiaux a alourdi la charge financière qui pèse sur le gouvernement. Ce dernier cherche désormais à réduire le fardeau des subventions. Craignant que leur levée, même partielle, n’entraîne des émeutes ou des troubles sociaux à l’instar de ceux qui se sont produits en 1977, le gouvernement a décidé d’appliquer le nouveau système dans un seul gouvernorat à titre d’expérimentation. Et si l’expérience réussit, elle peut être généralisée.

C’est dans ce contexte que Suez a été choisi. Ce gouvernorat constitue un choix idéal car géographiquement loin du Caire. « La première chose à laquelle nous avons pensé a été de réduire le trafic des produits subventionnés. C’est le but visé par la mise en service des cartes intelligentes », souligne Sobhi Yassa, directeur de l’administration de l’approvisionnement. Et d’expliquer qu’avec l’ancien système, certains commerçants n’hésitaient pas à signer sur les registres au nom des consommateurs. Et ensuite, ils détournaient la marchandise et la vendaient au marché noir. Et d’affirmer que les cartes électroniques ont permis de résoudre ce problème, car les commerçants ne peuvent plus simuler les signatures des consommateurs.

« Certains produits s’accumulaient chez les vendeurs jusqu’à ce que leur date d’expiration soit atteinte, ce qui représentait une grande perte », explique Sobhi Yassa affirmant que la carte intelligente a permis depuis sa mise en place de réaliser 27 % d’économies. Selon Sobhi, une étude est actuellement en cours pour déterminer les catégories de la population qui seront bénéficiaires de la carte. « Nous allons répertorier les gens selon leurs revenus ». Par exemple, les employés des grandes sociétés, les expatriés et les personnes qui travaillent dans des professions libérales ne bénéficieront pas de la carte. « Notre but est d’éliminer les gens qui ne méritent pas ce service pour le donner aux gens qui le méritent plus », conclut Sobhi. Une initiative positive a été prise. Des responsables se rendent dans les zones lointaines et désertiques des bédouins pour leur faire faire des cartes intelligentes « Nous nous sommes rendus dans la région de Bir Sabea, une zone désertique où il y a un rassemblement de bédouins pauvres. Nous avons recueilli toutes les informations nécessaires pour leur faire sortir des cartes. Ces gens méritent ce service, mais ils ne savent pas comment l’obtenir », explique Imane Sayed, responsable au secteur de l’approvisionnement.

L’expérience semble réussir. « Ce système est préférable. Auparavant, il y avait des problèmes avec les clients. Et nous étions toujours les accusés. Mais maintenant chacun sait son dû », lance un commerçant. Le gouvernement verse à chaque commerçant 1 L.E. par client. Les citoyens, eux, ne semblent pas mécontents du nouveau système, mais formulent des critiques. « L’un des inconvénients de ce système est qu’il faut aller chercher son approvisionnement avant le 30 du mois, sinon on le perd. Moi, je perçois mon salaire le 1er du mois », lance Sayed Mohamad, l’un des habitants. D’autres sont mécontents car certaines denrées ont été supprimées « Bien que les produits ne soient pas d’une excellente qualité, nous avions besoin de lentilles et de fèves. Mon mari est un simple pêcheur et notre revenu ne dépasse pas les 300 L.E. », affirme Racha, mère de famille.

L’expérience de la carte intelligente a commencé à être appliquée dans certains gouvernorats, comme Port-Saïd. D’autres gouvernorats vont suivre l

Sabah Sabet

Mohamad Seif Galaleddine, gouverneur du Suez. Il fait le point sur le nouveau système.

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi le gouvernorat de Suez a-t-il été choisi pour lancer l’expérience de la carte intelligente ?

Mohamad Seif : Tout d’abord, Suez est surnommé le gouvernorat de la ville unique, parce qu’il ne compte en effet qu’une seule ville et un nombre restreint d’habitants (...) ce qui le rend propice à une évaluation d’une nouvelle expérience. En outre, notre gouvernorat a été l’un des premiers à s’être doté d’une base de données renfermant un recensement de sa population et des informations détaillées sur les conditions socio-économiques de celle-ci. Cela est primordial, quand il s’agit d’identifier ceux qui ont besoin d’être inclus dans un programme de subvention alimentaire ...

— Mais certains trouvent que ce choix obéit à des considérations sécuritaires : Suez est un petit gouvernorat assez loin du Caire et si jamais des troubles y éclatent comme réaction au nouveau système, ils pouvaient être facilement endigués ...

— Ces interprétations n’ont rien à voir avec la réalité. Pour y répondre, j’utiliserai les déclarations du président Moubarak qui a affirmé à plusieurs reprises qu’aucun citoyen démuni ne sera privé de la subvention. Ce que le gouvernement essaye de faire actuellement c’est simplement d’essayer de donner la subvention à ceux qui la méritent vraiment. D’autre part, ceux qui appréhendent le remplacement de subvention par une assistance financière n’ont pas de raison de s’inquiéter. Encore une fois, je rappelle que le président a rassuré en affirmant qu’une telle décision ne sera prise avant un débat national élargi pour mieux en évaluer les avantages et les désavantages et parvenir à la formule satisfaisante pour la majorité des citoyens.

— Voilà un an que votre gouvernorat applique ce nouveau système, comment évaluez-vous l’expérience ?

— L’expérience a très bien réussi, d’ailleurs son succès a été salué par le premier ministre, Ahmad Nazif, et par le ministre de la Solidarité sociale, Ali Mosselhi. Ce qu’ils ont vu sur le terrain ici va sûrement les encourager à élargir à d’autres gouvernorats l’application de ce système.

Mais loin des appréciations officielles, je peux vous affirmer qu’au niveau des citoyens, tout le monde y a trouvé son compte. Ceux qui ont droit aux denrées subventionnées ont pu optimiser leur gain, les commerçants, de leur côté, sont payés une L.E. contre chaque carte intelligente, ce qui leur fait gagner une bonne somme supplémentaire à la fin du mois, et finalement le gouvernement a réussi à réduire les pertes des produits subventionnés qui ne trouvaient pas de consommateurs ou qui tombaient entre les mains de ceux qui ne les méritaient pas. La réussite de ce système a encouragé certains ministères à chercher à l’appliquer dans leurs domaines respectifs. Des études sont actuellement en cours pour utiliser cette même carte dans d’autres services notamment l’assurance médicale et le versement des allocations retraite .

Propos recueillis par Sabah Sabet

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3 questions à

Mohamad Seif Galaleddine,
gouverneur du Suez. Il fait le point sur le nouveau système.

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi le gouvernorat de Suez a-t-il été choisi pour lancer l’expérience de la carte intelligente ?

Mohamad Seif : Tout d’abord, Suez est surnommé le gouvernorat de la ville unique, parce qu’il ne compte en effet qu’une seule ville et un nombre restreint d’habitants (...) ce qui le rend propice à une évaluation d’une nouvelle expérience. En outre, notre gouvernorat a été l’un des premiers à s’être doté d’une base de données renfermant un recensement de sa population et des informations détaillées sur les conditions socio-économiques de celle-ci. Cela est primordial, quand il s’agit d’identifier ceux qui ont besoin d’être inclus dans un programme de subvention alimentaire ...

— Mais certains trouvent que ce choix obéit à des considérations sécuritaires : Suez est un petit gouvernorat assez loin du Caire et si jamais des troubles y éclatent comme réaction au nouveau système, ils pouvaient être facilement endigués ...

— Ces interprétations n’ont rien à voir avec la réalité. Pour y répondre, j’utiliserai les déclarations du président Moubarak qui a affirmé à plusieurs reprises qu’aucun citoyen démuni ne sera privé de la subvention. Ce que le gouvernement essaye de faire actuellement c’est simplement d’essayer de donner la subvention à ceux qui la méritent vraiment. D’autre part, ceux qui appréhendent le remplacement de subvention par une assistance financière n’ont pas de raison de s’inquiéter. Encore une fois, je rappelle que le président a rassuré en affirmant qu’une telle décision ne sera prise avant un débat national élargi pour mieux en évaluer les avantages et les désavantages et parvenir à la formule satisfaisante pour la majorité des citoyens.

— Voilà un an que votre gouvernorat applique ce nouveau système, comment évaluez-vous l’expérience ?

— L’expérience a très bien réussi, d’ailleurs son succès a été salué par le premier ministre, Ahmad Nazif, et par le ministre de la Solidarité sociale, Ali Mosselhi. Ce qu’ils ont vu sur le terrain ici va sûrement les encourager à élargir à d’autres gouvernorats l’application de ce système.

Mais loin des appréciations officielles, je peux vous affirmer qu’au niveau des citoyens, tout le monde y a trouvé son compte. Ceux qui ont droit aux denrées subventionnées ont pu optimiser leur gain, les commerçants, de leur côté, sont payés une L.E. contre chaque carte intelligente, ce qui leur fait gagner une bonne somme supplémentaire à la fin du mois, et finalement le gouvernement a réussi à réduire les pertes des produits subventionnés qui ne trouvaient pas de consommateurs ou qui tombaient entre les mains de ceux qui ne les méritaient pas. La réussite de ce système a encouragé certains ministères à chercher à l’appliquer dans leurs domaines respectifs. Des études sont actuellement en cours pour utiliser cette même carte dans d’autres services notamment l’assurance médicale et le versement des allocations retraite .

Propos recueillis par S. S.

 

 




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