Al-Ahram Hebdo, Economie | Intrus malvenus
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 Semaine du 7 au 13 janvier 2008, numéro 696

 

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Economie

Production de fer . Quatre nouvelles licences ont été octroyées à des entreprises égyptiennes. La mise aux enchères annoncée par le gouvernement n’a donc pas eu lieu, ce qui alimente les critiques sur le favoritisme dont bénéficierait le groupe Ezz Al-Dékheila.

Intrus malvenus

Le marché du fer à béton, connu et critiqué depuis plusieurs années pour son opacité, n’améliore pas sa réputation après l’octroi, et non la mise aux enchères, comme prévu, de 4 nouvelles licences de production la semaine dernière. Dont une à l’enfant chéri du gouvernement et numéro 1 national, le groupe Ezz Al-Dékheila. Les autres licences ont été concédées à 3 entreprises locales, à savoir : Tiba, Al-Masriya et Beshaï. Sept autres entreprises étrangères se disputeront une cinquième licence le 10 février prochain, cette fois-ci lors d’une enchère. Tandis que la holding koweïtienne Mac, dépendant d’Al-Khorafi Group, cherche à décrocher une sixième licence pour la production d’un matériau, pour le moment importé sur le marché égyptien. Amr Assal, président de l’Organisme du développement industriel, explique que par cette décision, l’objectif est de développer par l’intermédiaire d’entreprises nationales le processus industriel de la production de fer spongieux et de billettes de fer. « Cela mènera à la baisse des prix de 30 % et — plus important — créera une compétition juste sur le marché », dit-il. Car pour lui, la hausse continue des prix résulte justement du manque de ces matériaux dans la production nationale.

Après avoir formé une alliance à la fin des années 1990 avec le groupe Al-Dékheila, seul producteur de fer spongieux et de billettes de fer en Egypte, le groupe Ezz Al-Dékheila a mis la main sur la production de fer en Egypte. Mais en accordant 3 nouvelles licences pour la production de ces matériaux à 3 autres entreprises locales, « nous créerons des entités compétitrices sur le marché et mettrons fin à ce monopole. Cette compétition mènera sans aucun doute à une baisse des prix », a déclaré Assal. Or, les petits producteurs sont déjà en parfaite symbiose avec Ezz. Ils ont formé avec lui une alliance afin de se partager le marché et coordonner les prix. Ainsi, « ils attendent chaque semaine l’annonce par Ezz de ses prix pour faire ensuite connaître les leurs », explique Ezzat Maarouf, expert de l’industrie. A noter que 6 entreprises contrôlent seules 90 % du marché, les 4 ayant obtenu les licences en plus de l’Entreprise publique du fer et d’acier et d’Al-Arabi pour la production d’acier.

 

Trop de courtoisie

Mais parler du marché du fer à béton en Egypte, c’est parler de Ezz Al-Dékheila. Une alliance publique-privée gérée et majoritairement possédée par un homme fort du Parti National Démocrate (PND, au pouvoir), Ahmad Ezz. Cette alliance s’empare à elle seule d’environ 68 % du marché et a enregistré au cours des 9 premiers mois de 2007 des profits nets s’élevant à 4,1 milliards de L.E. Le prix d’une tonne de fer est passé de 3 200 L.E. début 2007 à 4 200 L.E. début 2008. C’est pourquoi Ezz Al-Dékheila est accusé de monopoliser le marché. Mais l’homme n’est pas inquiet : le ministre de l’Industrie, Rachid Mohamad Rachid, répète à l’envi qu’« il y a une différence entre posséder une grande part du marché et être en situation de monopolistes ». Maarouf assure que « c’est faux ». Il ajoute que le « gouvernement traite avec trop de courtoisie Ezz en retardant l’annonce des résultats de l’enquête », et que « la loi s’applique clairement à sa situation ». Mohamad Al-Naggar, professeur d’économie, adopte la même opinion. Il critique la protection gouvernementale de Ezz en menant une simple comparaison avec les Etats-Unis, qui ont décidé de scinder l’entreprise Microsoft sans preuve concrète de son monopole. « Ils se sont contentés des plaintes déposées. Mais, malheureusement, chez nous, c’est le plus fort et le plus riche qui l’emporte », déplore-t-il.

Aujourd’hui, la production locale de fer s’élève à 5,8 millions de tonnes par an, et la consommation locale s’élève à 4,8 millions de tonnes par an. Et selon une étude du ministère du Commerce et de l’industrie, les besoins de l’Egypte en différents produits de fer atteindront en 2013, 12 millions de tonnes par an (billettes de fer ...). De même, le fossé entre la production et les besoins en fer spongieux (DRI) est estimé en 2013 à 8,5 millions de tonnes par an. Pour Hani Sami, analyste du secteur de l’immobilier et des matériaux de construction auprès de CI Capital, « la hausse des prix du pétrole et le boom immobilier alimenteront davantage la demande en matière de construction et l’importante liquidité présente dans les pays du Golfe arrivera en Egypte dans des projets de construction. Au lieu donc d’importer ces matières, il est préférable d’augmenter les capacités de production locale afin de répondre à ces besoins et de réduire les coûts de production entre 20 et 30 % ». Opinion réfutée par Ezzat Maarouf qui assure que l’on assistera bientôt à une récession mondiale et que, par conséquent, la demande internationale sur les produits de construction, dont le fer, diminuera. « Créer ces usines représente donc un gros risque, car elles ne pourront pas écouler leur production. Alors j’estime que les banques égyptiennes ne doivent pas financer ces projets. Si les entreprises prennent le risque, elles devront en assumer les conséquences », conclut-il.

Névine Kamel 

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