Al-Ahram Hebdo,Monde | Le sentiment national l’emporte
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 7 au 13 janvier 2008, numéro 696

 

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Géorgie . L’opposition dénonce les résultats de la présidentielle anticipée remportée par Mikhaïl Saakachvili avec 52,8 % des voix, lequel a notamment joué la carte de l’adhésion à l’Otan.

Le sentiment national l’emporte

Entre 5 000 et 10 000 manifestants ont répondu à l’appel de l’opposition et ont déferlé, dimanche dernier, dans les rues de Tbilissi pour dénoncer le résultat de la présidentielle anticipée organisée un jour plus tôt : « Nous ne croyons pas aux chiffres de la commission électorale. Nous voulons un second tour », a déclaré Tamara Roukhadzé, porte-parole du principal candidat de l’opposition, Levan Gatchetchiladzé, qui a remporté 27 % des voix. Lors de la manifestation, certains leaders de l’opposition ont, toutefois, adopté un ton plutôt conciliant, annonçant qu’ils ne voulaient « pas de révolution » et qu’ils contesteraient les résultats par des moyens « politiques » et « juridiques », devant les tribunaux.

En effet, après une grave crise qui avait secoué le pays en novembre dernier, le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, a été réélu, dès le premier tour, avec 52,8 % des voix, lors d’un scrutin anticipé organisé par le président pour mettre fin au chaos politique. M. Saakachvili a été le favori de la présidentielle face à 6 de ses adversaires, même si son image de démocrate fervent, était ternie par sa gestion de la crise de novembre dernier : dure répression des manifestations et instauration d’un couvre-feu pendant 9 jours. Selon les analystes, l’organisation d’un scrutin anticipé, alors que son mandat devrait expirer fin 2008, était un jeu bien calculé de la part du « meneur de la Révolution des roses en 2003 » pour se donner une nouvelle légitimité à la tête du pays face à ses opposants qui ne cessent pourtant de contester le résultat du scrutin, réclamant un second tour.

Or, les accusations de l’opposition semblent infondées et dénuées de crédibilité non seulement par le camp du président, mais surtout par les observateurs de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) qui ont supervisé le scrutin : « La démocratie a marqué un point triomphal en Géorgie. L’élection était valide et avait offert une réelle concurrence entre les candidats », a affirmé Alcee Hastings, chef de la mission d’observateurs. Selon la commission électorale, l’organisation d’un second tour réclamé par l’opposition semble désormais chimérique puisque le scrutin était valide et que le président avait déjà dépassé la barre de 50 %. « Le président a remporté le scrutin car il a bravement joué sur les fibres nationales, en promettant à son peuple de reconquérir l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, deux provinces séparatistes géorgiennes qui militent pour leur indépendance, avec le soutien de Moscou », analyse le Dr Hicham Ahmad, professeur à la faculté de sciences économiques et politiques, à l’Université du Caire. L’Abkhazie et l’Ossétie du sud sont devenues de facto indépendantes après des conflits sanglants avec Tbilissi au début des années 1990, après la chute de l’URSS. Selon le Dr Hicham, faire de la question nationale et de l’intégrité territoriale une priorité a largement favorisé la réélection du président connu pour son audace et ses prises de risque.

 

L’adhésion à l’Otan

Autre carte maîtresse bravement jouée par M. Saakachvili, son engagement à faire adhérer la Géorgie à l’Otan, un rêve qui hante fort les Géorgiens. Liant sa réélection à la concrétisation de ce rêve populaire, le président a organisé, le jour même du scrutin, un référendum sur l’adhésion du pays à l’Otan. Comme s’il voulait dire : « Si vous voulez l’Otan, vous n’avez qu’à me réélire ». Et le peuple a suivi car depuis son arrivée au pouvoir, M. Saakachvili a déployé des efforts monstres pour séduire l’Otan : augmenter les dépenses militaires et la contribution de la Géorgie au contingent de paix en Iraq à 2 000 soldats, entreprendre de larges réformes économiques qui lui ont permis de réduire l’effet de l’embargo imposé par la Russie ... Des efforts qui risquaient de voler en éclats suite aux troubles de novembre qui menaçaient l’intégration du pays à l’Otan et son rapprochement avec l’Union européenne. En novembre, les capitales occidentales ont vite condamné les mesures anti-démocratiques entreprises par le président et ont revendiqué la consolidation du processus démocratique. « Avec ce scrutin anticipé, la Géorgie vise à redorer son image de pays démocratique afin d’adhérer à l’Otan. En effet, cette adhésion servira de rempart contre l’hégémonie russe. Si des forces atlantistes sont déployées en Géorgie, le président pourrait facilement réprimer les mouvements indépendantistes en Abkhazie et en Ossétie du sud sans craindre une intervention russe pour soutenir ces provinces rebelles », analyse le Dr Hicham Ahmad. N’oublions pas que la Russie tient toujours à alimenter tout mouvement indépendantiste dans les Républiques de l’ex-Union soviétique pour y fomenter des troubles continus et par suite leur donner l’impression qu’elles ont toujours besoin de sa protection. Mais, jusqu’à présent, ce jeu russe n’a remporté aucun fruit avec M. Saakachvil connu par ses prises de risque et disposé à tout endurer pour se distancier de Moscou et s’ancrer à l’ouest.

Héros de la Révolution pro-démocratique dite « de la rose » en 2003, M. Saakachvili avait été élu début 2004 avec 96 % des voix, renversant le régime autoritaire d’Edouard Chevardnadze. M. Saakachvili, formé aux Etats-Unis et en Europe, prônait des idées démocratiques et un ancrage de son pays à l’ouest, au grand dam de Moscou qui a imposé en 2006 un blocus économique à Tbilissi. Or, avec les jours, le nouveau président a déçu son peuple : concentration des pouvoirs, restrictions à la liberté d’expression, dure répression de l’opposition ... Mais, ce n’est qu’en septembre que les événements s’étaient précipités, quand le ministre Irakli Okrouachvili a accusé le président de divers crimes. Sous prétexte de corruption, les autorités ont arrêté ce ministre, ce qui a engendré, le 2 novembre, de graves manifestations où 100 000 opposants réclamaient, pendant 5 jours, une nouvelle révolution et l’instauration d’un régime parlementaire. Face à cette vague qui risque de le bouleverser, le président a imposé un couvre-feu, a réprimé violemment les manifestants et a convoqué une présidentielle anticipée le 5 janvier. « Il y avait plus de pluralisme sous Chevardnadze, parce qu’il était plus faible. Il est vrai que Saakachvili a renforcé l’armée, réduit la corruption, mis en œuvre beaucoup de réformes, tente de faire adhérer le pays à l’Otan et à préserver l’intégrité territoriale, mais malheureusement, il n’applique pas les principes démocratiques qu’il avait prônés il y a 4 ans », déplorent les analystes .

Maha Al-Cherbini

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