Al-Ahram Hebdo, Visages | Ahmad Al-Saqqa , L’autre moi 
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 23 au 29 janvier 2008, numéro 698

 

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Visages

Ahmad Al-Saqqa est d’abord un comique, un turbulent. Devenu par ses rôles le cavalier romantique du cinéma égyptien, l’image ne lui colle plus à la peau avec le succès de son dernier film Al-Guézira. Il l’aura cherché.  

L’autre moi  

Dans la peau de mansour hanafi, chef de bandits originaire de la Haute-Egypte, dans le film en salles Al-Guézira (l’île), il poursuit sa Success Story. Ahmad Al-Saqqa est acclamé comme un acteur accompli. Après des débuts dans la comédie, il fait aujourd’hui ses preuves dans le drame. « Par rapport aux acteurs de sa génération, il a vite atteint la maturité », résume le réalisateur Chérif Arafa qui vient de signer Al-Guézira, ajoutant : « Son registre de jeu est vaste, il est à l’aise aussi bien dans la comédie que dans le mélodrame ». A 37 ans, Al-Saqqa s’inscrit donc dans le panthéon du cinéma égyptien puisque son nom en tête d’affiche est à lui seul gage de réussite d’un film.

C’est pourtant un indiscipliné. Peu enclin aux études, le jeune Ahmad s’adonnait plus volontiers au football ou aux bagarres dans la cour d’école ; bagarres qui marqueront à jamais le futur jeune premier du grand écran. Le jeune Saqqa se distingue en tant que fauteur de troubles et grand « amuseur » du lycée. Ses professeurs et les victimes de ses farces se méfiaient de lui profondément. Mais il n’en avait cure : seuls l’humour et les copains comptaient pour lui. Aujourd’hui, cette propension au chahut ne s’est pas atténuée avec l’âge, bien au contraire. Il raconte que c’est au cours d’une altercation avec des élèves d’une classe primaire qu’il a « attrapé une cicatrice entre le sourcil et l’œil gauche », une blessure qui lui a servi d’alibi pour s’absenter pendant toute une semaine de l’école. Cette énergie enfantine excessive ne le prive toutefois pas de la naissance d’un certain goût contemplatif. A cette époque, le jeune homme avait même décidé de devenir politicien : « Dans mon enfance, je rêvais d’étudier les sciences politiques. Mes notes au bac ne m’ont pas aidé à réaliser ce rêve », avoue-t-il.

Heureusement pour lui, dès son plus jeune âge, son père, le metteur en scène et fameux marionnettiste Salah Al-Saqqa, lui transmet son amour du théâtre. Il s’oriente donc vers des études d’art dramatique à l’Institut des arts théâtraux. « Une erreur commise par la personne chargée des inscriptions m’a conduit à étudier la comédie et la mise en scène. Une faute pour laquelle je lui serai toujours reconnaissant », dit-il en riant. Son diplôme en poche avec mention Excellent, il participe, par de petits rôles, à certaines pièces sur les planches des théâtres publics. Quelques années plus tard, Saqqa se produit sur scène avec une troupe amatrice, mais le cinéma reste toujours pour lui le domaine utopique tant convoité. Les souvenirs se bousculent dans sa tête, jusqu’à cette fameuse soirée au théâtre Beiram Al-Tounsi. « C’était au cours de ma participation à la pièce Khodlak qaleb (mets-toi un moule) que le dramaturge Ossama Anouar Okacha m’a découvert et m’a présenté au réalisateur Mohamad Fadel pour faire partie du casting du télé-feuilleton Al-Nawwa (l’orage) ». Ainsi a-t-on décelé son talent aux multiples facettes et qu’il a commencé à se faire connaître au début des années 1990.

Grâce à son rôle dans un épisode télévisé Zawag ala waraq solifane (contrat de mariage sur papier cellophane), devant une Mona Zaki encore à ses débuts, il devient une star. Et puis, c’est la loi des séries. Avec le feuilleton Nesf Rabie al-akhar (l’autre face de Rabie) devant Yéhia Al-Fakharani, un autre pas est franchi. Même si le tournage n’a pas été de tout repos. « J’ai vraiment eu peur de ne pas être à la hauteur, et, avec plus de recul, je comprends que je n’aurais pas dû chercher à composer autant, que j’aurais dû faire les choses plus naturellement. Mais j’ai beaucoup appris pendant le tournage ».

En 1999, le réalisateur Abdel-Aziz Al-Sokkari se sert de sa finesse d’esprit, son humour, et le transfigure dans le feuilleton Rodda qalbi (rends-moi mon cœur), aux côtés de Mohamad Riyad et Nermine Al-Fiqi, un remake du fameux film sorti en 1957. Pour le comédien, c’est le tournant. D’un simple acteur de seconds rôles, il se transforme en un jeune talent, assailli de propositions au grand écran.

C’est le début de la nouvelle vague des films comiques : Al-Saqqa impose d’emblée un nouveau physique doublé d’une nouvelle manière de jouer, tout de simplicité et de désinvolture. A nouveau cinéma, nouvel héros.

Mais c’est le hasard, semble-t-il, qui décide de la carrière d’Ahmad Al-Saqqa. Après quelques petites apparitions, le réalisateur Saïd Hamed l’appelle pour remplacer Chérif Mounir, malade. Il devait incarner l’ami du personnage principal (Mohamad Héneidi) dans Saïdi fil gamaa al-amrikiya (un Saïdi à l’Université américaine). Il vole la vedette aux comédiens Mohamad Héneidi et Tareq Loutfi. L’année d’après, il collabore à nouveau avec Héneidi dans l’un de ses films les plus acclamés : Hammam fi Amsterdam (Hammam à Amsterdam), où il joue Adriano. De quoi lui avoir valu la nomination du meilleur second rôle au Festival égyptien du cinéma national.

Et du jour au lendemain après Short we fanella we cap (short, t-shirt et casquette), il devient le jeune premier le plus sollicité, avant de se transformer en 2001 en une véritable icône du nouveau cinéma égyptien. De temps à autre, il cherche à imposer son image comme la voix des sans voix ou le Samurai bienfaiteur défiant la brutalité d’un monde de plus en plus matérialiste. Mais tout ce qu’on lui propose risque de l’enfermer dangereusement dans le rôle du jeune chevalier, noble et romantique. L’année suivante, il incarne un personnage aux antipodes sous la direction de Chérif Arafa dans Mafia. Ce grand opus suscite un immense intérêt dont Al-Saqqa a été le premier bénéficiaire. Le caractère du jeune assassin à l’esprit patriotique de Mafia donne naissance au mythe Al-Saqqa, parmi les jeunes friands d’aventures.

Le comédien se livre alors à son goût pour la dépense physique, subjuguant les spectateurs par ses talents de cascadeur. Un goût qui lui a coûté beaucoup, entre accidents et interventions chirurgicales. Sous la direction des deux frères Amr et Chérif Arafa puis de Tareq Al-Eriane dans Tito, avec Hanane Tork et Amr Waked, il devient en peu de temps la valeur la plus sûre du box-office national. « S’il nous est arrivé de jouer, par la suite, des personnages qui s’apparentaient plus à des héros, alors qu’au départ nous étions destinés à incarner des personnages secondaires ou même marginaux, c’est surtout grâce à lui », témoigne le comédien Ahmad Helmi.

Désormais, la voie des Blockbusters lui est ouverte, avec malgré cela des résultats décevants, tels que Harb atalia, où il ressort sans vergogne les éléments les moins intéressants de son jeu d’acteur, usant et abusant de son image sympathique de jeune premier. Un échec qui l’a obligé de passer de longs mois à la recherche d’un nouveau personnage l’éloignant du prototype du jeune aventurier. « C’est vrai, j’interprète souvent des personnages à la Superman, mais aussi des cadres décadrés, admet-il en jouant avec son étui à lunettes. « Ce sont parfois des personnages traversés par une faille, une faiblesse, une fêlure, un truc qui ne colle pas », poursuit-il.

Pour ses grands rôles, il fait confiance à « l’invention du moment. C’est parfois imprécis, mais c’est ma façon de fonctionner : être attentif à mes capacités et à mes propres émotions ».

Un jour au sommet du box-office, le lendemain dans ses allées profondes, il souffle le chaud et le froid. Parfois, le désir de trouver un rôle extrêmement différent le conduit au fiasco. Par exemple, lorsqu’il a endossé le personnage d’un jeune époux cherchant à vivre une belle idylle loin de son foyer en dépit d’un premier amour incomplet. « J’ai tout fait pour changer de peau, mais le succès public n’était pas au rendez-vous. C’est au public d’avoir le dernier mot, malheureusement parfois en ma défaveur », commente-t-il lucidement.

Après ce cuisant ratage, Ahmad Al-Saqqa, plus enthousiaste que jamais, ne décevra plus les attentes : son film Al-Guézira connaît un succès populaire. Il y exploite sa nature protéiforme, qui lui a permis d’interpréter différents personnages, du charmant garçon au tueur professionnel ou père de famille tourmenté. Aujourd’hui, il entame un nouveau genre, avec le drame saïdi, confirmant qu’il n’est jamais là où on l’attend, forçant le respect par ses choix.

Le comédien alterne films d’auteurs et gros budgets, génère des projets attrayants parfois avortés, tel ce film sur la vie d’un marionnettiste à l’image de son père, lequel n’a malheureusement pas vu le jour. Il continue en quelque sorte à être Mido, le gamin de 12 ans qui imitait chaque jour l’un de ses copains, juste pour se prouver quelque chose, allant au-delà de sa nature timide. « Cette créativité irritait au début certains metteurs en scène qui ne voulaient qu’une marionnette », avoue-t-il, ajoutant qu’il ne se contente pas d’être aux ordres, avec une belle prédilection pour approcher les déjantés, les désaxés et les rebelles. « Je voudrais jouer comme l’on joue au foot, avec une intensité très forte, en soignant mes tirs ... Le jeu théâtral par exemple nécessite un effort et une concentration terribles ».

En 2001, il est remonté sur les planches du théâtre avec la pièce Afrotto, puis en 2003 dans Keda Okay, mise en scène par Samir Al-Asfouri. « Sur scène, on tend tous les jours la main, on a envie de dire des choses à des gens qui parfois ne nous écoutent pas sérieusement. Je suis quelqu’un de souriant, mais je n’ai pas forcément envie de raconter des histoires drôles. C’est pourquoi je cherche et recherche ce que je dois présenter au théâtre », dit-il sérieusement.

Omniprésent dans les journaux People, à la télévision, avec sa femme, ses enfants, on peut quasiment connaître ses faits et gestes quotidiens. Cavalier émérite, il n’a d’autre loisir que de passer son temps avec ses chevaux Dahab, Naglaa, Qamar et Chams. « Ils sont ma chère famille parallèle. Lorsque je ne tourne pas, je passe avec eux presque toutes mes journées. Si je me sens un jour triste, je leur confie mes secrets et chagrins : je monte sur l’un d’eux et cours loin de tout ce qui me fatigue », affirme-t-il en parlant de ses « fidèles amis ». C’est grâce à ses chevaux qu’il a rencontré la jeune Maha Al-Saghir, devenue sa femme et la mère de ses deux enfants Yassine et Yasmine. « Elle était l’amie de ma sœur, et elle est venue avec elle un jour à l’écurie ; l’amour des chevaux nous a donc unis ». Al-Saqqa poursuit la conversation, et revenant vite au cinéma : son travail, sa passion, son gagne-pain et sa machine à rêves.

Yasser Moheb

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Jalons

 1971 : Naissance au Caire.

1993 : Diplôme de l’Institut des arts théâtraux.

2001 : Ordre du mérite pour son rôle dans Les Jours d’Al-Sadate.

2002 : Désigné meilleur acteur au Festival du cinéma national pour son rôle dans Africano.

2007 : Sortie d’Al-Guézira (l’île).

 

 




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