Eclaircies
Si les actuels prix record du pétrole inquiètent
grandement les pays consommateurs, en Iraq, un pays qui
fonde sur l’or noir l’essentiel de son économie, les
conséquences ont de fortes chances de s’avérer très
positives cette année.
En effet, le directeur du Fonds Monétaire International
(FMI) pour le Moyen-Orient, Mohsin Khan, a estimé que
l’économie iraqienne devrait croître annuellement de 7 %
en 2008 et 2009, comparativement au maigre 1,3 % de
croissance enregistré l’an dernier. Le FMI s’attend à ce
que la production iraqienne de pétrole, responsable à ce
jour de 70 % du produit intérieur brut de ce pays, passe
cette année de 2 à 2,2 millions de barils par jour, une
augmentation de 10 % qui permettra au gouvernement
iraqien de bénéficier d’argent frais pour alimenter ses
programmes de remise sur pied du pays.
Bien entendu, le principal facteur déterminant de la
croissance économique iraqienne reste la question de la
sécurité. A ce chapitre, les forces iraqiennes et
américaines ont enregistré plusieurs succès au cours des
derniers mois, réduisant substantiellement le nombre
d’attentats dans le pays. Signe de cette amélioration,
les forces iraqiennes devraient reprendre, avant fin
avril, le contrôle de la province d’Al-Anbar (ouest),
qui fut pendant longtemps le bastion de l’insurrection
et servit de repaire à Al-Qaëda pendant des années.
La plus vaste des 18 provinces iraqiennes, Al-Anbar,
largement désertique, est peuplée presque exclusivement
de sunnites, et elle est frontalière de la Syrie, de la
Jordanie et de l’Arabie saoudite. Dès le début de
l’occupation américaine, en avril 2003, elle s’est
montrée difficile à contrôler, et elle est devenue
rapidement le champ de bataille le plus violent pour le
contingent américain. En 2004, la ville de Falloujah,
passée aux mains des insurgés, a été le théâtre de
féroces affrontements qui l’ont laissée aux deux tiers
détruite, vidée de la majorité de ses habitants. En
octobre 2006, Ramadi, la capitale de la province, a été
déclarée la capitale de « l’Etat islamique d’Iraq »,
autoproclamé par la branche iraqienne d’Al-Qaëda, en
concurrence dans cette région avec les groupes
d’insurgés d’obédience nationaliste.
Depuis des mois maintenant, les tribus sunnites qui
combattaient les Américains ont tourné leurs armes
contre les extrémistes émules d’Oussama bin Laden et ont
contribué au retour au calme.
Les
signes d’amélioration de la sécurité en Iraq pourraient
entraîner un mouvement de retour des centaines de
milliers de réfugiés et de déplacés qui s’entassent aux
frontières du pays. Un tel mouvement pourrait
paradoxalement déstabiliser à nouveau le pays et
déclencher de nouveaux heurts interethniques.