Al-Ahram Hebdo, Voyages | Histoire de la fleur de Thèbes
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  Semaine du 16 au 22 janvier 2008, numéro 697

 

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Voyages

Egypte-Suisse. La visite du président de la Confédération helvétique, Pascal Couchepin, a été marquée par la signature d’une déclaration d’intention entre les deux pays, pour lutter contre le vol et le trafic illicite de biens culturels. Et par une visite des chantiers de l’Institut suisse dont l’activité est concentrée sur Assouan.

Histoire de la fleur de Thèbes

Sainte Véréna l’une des saintes les plus vénérées et les plus populaires de Suisse est une Egyptienne qui s’est rendue dans ce pays au IVe siècle avec une légion thébaine et prit la défense de la foi chrétienne encore persécutée. Un prénom qui la prédestinait sans doute : Véréna vient de l’ancien égyptien et veut dire un bon fruit ou « fruit de Thèbes ». Parce que la bonté et le don de soi étaient sa vocation. Elle s’intéressait à l’artisanat pour aider les pauvres. Elle leur donnait ses revenus de ce travail et elle est ainsi devenue un exemple à suivre pour de nombreuses jeunes filles. Son histoire paraît étrange si l’on y songe. On a bien entendu parler d’Européens se rendant en Afrique au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne pour différents buts, mais on connaît très peu ceux qui du Sud sont allés au cœur de l’Europe, la Suisse en l’occurrence pour poursuivre un noble objectif. Et c’est ce que fit Véréna. L’Egypte était sous la houlette de l’empire romain encore hostile au christianisme et aux chrétiens. Et comme les soldats égyptiens étaient connus pour leur courage et leur intégrité, ils furent ordonnés par Dioclétien (284-305) d’aller mater la rébellion que représentait alors les chrétiens en Europe. Deux légions furent levées, de Thèbes et de Garagos, en Haute-Egypte. La légion thébaine était commandée par un certain Maurice connu pour sa force et son courage. La population n’a pas admis ce départ pour l’Europe occidentale de ses soldats. Il s’agissait en fait d’Egyptiens ayant la foi chrétienne, d’où la crainte d’une double persécution.

La jeune Véréna accompagnait la légion. Elle aurait été la sœur du commandant. Comme chez les Egyptiens les liens familiaux sont traditionnellement extrêmement forts, il était d’usage de voir les principaux officiers accompagnés de leur proche parenté féminine qui leur prodiguait paix et aide morale (ils étaient 6 600 soldats égyptiens sous le commandement de Maurice à s’en aller en guerre avec une période de formation à Rome). La légion thébaine se dirigea ensuite vers le nord de la Suisse. Les Egyptiens furent sous le choc de voir les préparatifs se dérouler sous la houlette du paganisme. Sont-ils venus ici pour perdre leur foi chrétienne ? Ni le commandant Maurice ni ses soldats n’acceptèrent d’obéir. Les Romains voulant donner l’exemple tuèrent certains d’entre eux dans l’espoir de terroriser les autres. Mais ils ne suscitèrent que plus de courage et de disposition au sacrifice. Le massacre fut horrible, des dizaines de décapités. En fait, il n’y a pas eu de survivants. Même le commandant Maurice s’était sacrifié pour encourager les autres à maintenir leur foi.

Ceci a eu lieu à Agon, dans la province du Valais, au sud-ouest de la Suisse, où se trouve Saint-Maurice, du nom de ce courageux commandant égyptien. Véréna, elle, continua à se déplacer d’un lieu à un autre ; suivant la légion, sur son vrai chemin de Croix. Elle soignait les soldats, allégeant leur douleur.

Elle poursuivit ensuite sa route au-delà du fleuve Aar pour arriver près du fort de Salodurum (aujourd’hui Soleure), où elle séjourna chez un fugitif thébain, passant nuit et jour à prier, à jeûner et à louer Dieu.

Dans son grand désir d’être sauvée, elle se retira peu après dans une grotte et y mena une vie austère, toute d’ascèse, en vue de sauver son âme. Là, elle vécut du revenu de menus travaux manuels, qu’une vieille voisine chrétienne se chargeait de vendre pour elle. Elle pouvait accomplir beaucoup de miracles, guérir les possédés, et rendre la vue aux aveugles. Ceci eut pour conséquence la conversion d’un grand nombre d’Alamans au christianisme, et la réputation de Véréna se répandit rapidement dans toute la région.

Après un certain temps, elle arriva à Tenedo (Zurzach), où elle reçut la tâche de s’occuper de la paroisse de l’église locale qui était consacrée à la Mère de Dieu.

En outre, elle continuait à aider les pauvres et à soigner les lépreux du voisinage qu’elle avait l’habitude de laver et de frictionner tous les jours. Victime d’une intrigue, elle fut acquittée. Elle mena sept années de vie très austère, et guérissait les paralysés et les aveugles qui venaient lui demander aide. Le jour de son départ pour le ciel, la Mère de Dieu lui apparut avec l’annonce d’éternelles réjouissances. Le corps de la sainte est enchâssé dans la crypte de l’église érigée à cet endroit et qui depuis lors a toujours été considérée comme un des lieux de pèlerinage parmi les plus vénérés en Europe centrale.

Si le culte de Véréna est très répandu en Europe, ce n’est qu’à l’époque contemporaine qu’il a commencé à se développer en Egypte : en 1986, une partie des reliques de la sainte a été remise par l’évêque du canton de Zurich à une délégation copte pour être transférée en Egypte.

En 1989, une association intitulée La Famille de sainte Véréna, dépendante du patriarcat copte orthodoxe, a été créée en vue du service spirituel, social et sanitaire des personnes les plus défavorisées des quartiers populaires d’Egypte. Le 22 février 1994, le pape Chénouda III a consacré une église du complexe patriarcal d’Anba Roweiss au Caire à saint Maurice et sainte Véréna.

Samir M. Gayed

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