Can 2008.
Hassan chéhata,
le sélectionneur national, évalue les chances des Pharaons,
tenants du titre, face à des concurrents qui se montreront
sans pitié.
« Cette édition est la plus difficile de toutes »
Al-Ahram
Hebdo : Vous arriverez au Ghana en tant que champions. Quel
sentiment cela vous procure-t-il ?
Hassan Chéhata :
Cela nous apporte une grande confiance. Nous avons été les
champions il y a deux ans. Maintenant, c’est une nouvelle
compétition que nous allons entamer. Alors, il faut se
concentrer sur le présent, sur cette compétition qui se joue
dans des circonstances et conditions bien différentes.
— Mais cela vous met-il sous pression ?
— Pas vraiment, mais c’est une arme à double tranchant, car
cela nous donne confiance en nous, mais en même temps, notre
mission devient plus difficile car tous nos adversaires
auront en tête le fait qu’ils jouent face au champion et
ainsi ils s’acharneront et déploieront leurs meilleurs
efforts.
— Les observateurs, tout comme les sondages, ne font pas de
vous les favoris 2008. Qu’en dites-vous ?
— C’est tant mieux. Ce genre de choses arrive toujours avant
les grandes compétitions et ce ne sont que des pronostics
qui peuvent être vrais, mais aussi faux. Par exemple, en
1998 et en 2006, on n’était pas favoris mais on a pu
surprendre tout le monde et remporter la coupe. Souvent, ne
pas être considéré comme favori, réduit la pression sur le
groupe et le staff technique.
— Concernant votre victoire en 2006, les observateurs
estiment aussi que vous avez bénéficié d’un grand coup de
chance …
— Je ne pense pas que cela relève de la chance d’avoir battu
la Côte-d’Ivoire à deux reprises, le Sénégal et la RD Congo.
Nous avons fourni de grands efforts lors de cette
compétition, personne ne peut le nier. Et puis, toute équipe
qui devient championne doit un peu sa victoire au facteur
chance. Il ne faut pas en avoir honte. De même, nous avons
su profiter des encouragements du public. Alors, j’espère
profiter de ces deux choses au Ghana pour réaliser un nouvel
exploit et apporter la gloire au football égyptien.
— Que pensez-vous de votre groupe qui comprend le Soudan, la
Zambie et le Cameroun ?
— C’est un groupe très équilibré. Je ne peux pas dire qu’on
a eu un tirage au sort défavorable, car d’autres groupes
sont beaucoup plus difficiles. Notamment, celui qui regroupe
le Nigeria, la Côte-d’Ivoire et le Mali. Il y en a aussi des
plus faciles. Pour nous, c’est assez équilibré, le groupe
contient une grande puissance comme le Cameroun et deux
autres équipes de qualité telles que le Soudan et la Zambie.
— Comment percevez-vous aujourd’hui la rencontre des
Pharaons face au Cameroun ?
— Elle ne sera pas facile, ni pour nous ni pour eux. Nous
sommes les tenants du titre et eux comptent quatre autres
titres importants. Le Cameroun possède un effectif très
puissant et équilibré. Cela ressemble plutôt à une finale,
pas à un match de poule. De plus, la rencontre aura lieu en
début de parcours, ce qui la rend encore plus difficile, car
les débuts sont toujours importants dans les grandes
compétitions.
— Ne craignez-vous pas des surprises de la part de la Zambie
et du Soudan ?
— Il faut se méfier des forces montantes car souvent on n’a
pas beaucoup d’informations sur elles, contrairement aux
grandes équipes. La Zambie possède une très jeune équipe
capable de réaliser des surprises. Quant au Soudan, je pense
qu’il sera un très sérieux rival pour la qualification aux
quarts de finale. Peut-être même qu’il ira encore plus loin.
Son football s’est énormément développé et cela s’est
reflété sur la sélection nationale.
— Qui sont les grands favoris de cette édition ?
— Il y en a beaucoup : Ghana, le pays hôte, Nigeria,
Côte-d’Ivoire, Cameroun, Maroc, Tunisie, Sénégal et bien sûr
l’Egypte. C’est la première fois qu’un si grand nombre
d’équipes est en pleine forme pendant la CAN. Il ne faut pas
oublier des équipes en forts progrès comme celles du Mali,
de Guinée, du Soudan et de l’Angola qui peuvent aussi créer
des surprises ou du moins faire souffrir les grands favoris.
C’est pour cela que je dis que cette édition est la plus
difficile de toutes les CAN, car plus de la moitié des
équipes participent avec pour objectif de ramener le trophée
à la maison !
— L’Egypte est-elle vraiment prête à relever ce défi ?
— Je ne peux pas dire que tout s’est passé comme je l’ai
voulu. Mais nous avons fait une assez bonne préparation lors
de la dernière période et avons pu, petit à petit, injecter
du sang neuf dans le groupe. Mais l’heure n’est plus à
l’évocation de la préparation. Nous devons nous concentrer
sur la compétition qui commence.
— Mais le groupe souffre de l’absence d’Ahmad Hossam « Mido
», de Mohamad Barakat et de Hossam Ghali. Vous avez aussi
évoqué l’épuisement de certains autres joueurs et le manque
d’investissement des autres …
— Mido est un grand joueur très expérimenté et réputé, tout
comme Barakat. Nous les avons perdus pour blessures et je
n’y peux rien faire. Nous avons de bons remplaçants qui vont
combler les vides laissés. Ghali a dû rentrer en Angleterre
pour rejoindre l’équipe de Derby County, car c’était sa
dernière chance de trouver une équipe lors du mercato
d’hiver. Nous l’avons libéré, car il avait perdu sa
concentration et il était inutile de le garder. Quant aux
autres problèmes, nous avons pu y remédier lors du
regroupement et c’est pour cela que j’ai insisté à avoir
tous les joueurs un mois avant la compétition afin de les
préparer au mieux physiquement et techniquement.
— Vous battez des records de longévité à la tête des
Pharaons (ndlr : 3 ans en poste). Comptez-vous rester encore
longtemps à votre poste actuel ?
— C’est un honneur pour moi. J’avais des objectifs précis à
réaliser et je les ai tous accomplis. Je ne veux pas penser
à ce que je ferai après. Pour l’heure, tout ce que j’ai en
tête, c’est de déployer le maximum d’efforts pour réaliser
un nouvel exploit des Pharaons. Ensuite, on verra bien ce
qui se passera.
Propos recueillis par
Karim
Farouk