Al-Ahram Hebdo, Opinion | Radwan Ziada , Entre perte de confiance et espoir d’une solution au Liban
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  Semaine du 16 au 22 janvier 2008, numéro 697

 

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Opinion

Entre perte de confiance
et espoir d’une solution au Liban
 

Radwan Ziada 

La récente intervention de la Ligue arabe consistant à trouver une issue à la crise libanaise pour l’élection d’un nouveau président de la République a été perçue comme une dernière lueur d’espoir.

Le ministère français des Affaires étrangères a accordé tout son intérêt au dossier du Liban par l’intermédiaire de sa figure de proue, Bernard Kouchner, qui est resté quelques jours à Beyrouth pour trouver une issue à l’impasse, en vain. L’Union européenne, de son côté, a envoyé la Troïka européenne mais également sans aucun aboutissement. Les Etats-Unis, quant à eux, ont envoyé l’adjoint à la secrétaire d’Etat américaine pour le Proche-Orient, David Welch, efforts qui se sont avérés hélas inutiles.

Pourquoi est-il si difficile de parvenir à une solution à la crise libanaise qui paraît si complexe, à tel point qu’aucun effort arabe et international n’est en passe d’aboutir. A mon avis, aucun pays de par le monde, après avoir accueilli ce nombre énorme d’émissaires internationaux, n’a échoué à trouver une solution à sa crise. Il faut dire que la source de la crise est résolument interne. Les parties libanaises en conflit ont perdu confiance les unes dans les autres. D’ailleurs, les accusations échangées de traîtrise reflètent la confiance perdue entre les deux parties, l’opposition pro-syrienne et la majorité accusée d’être pro-occidentale. Par conséquent, le fait de parvenir à une entente politique au niveau de l’élection du président et de la formation d’un gouvernement d’union s’avère très difficile, ou plutôt impossible. Si nous analysons la discussion qui se tient aujourd’hui sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, on réalisera qu’elle n’est pas axée sur les meilleurs moyens susceptibles de réaliser l’intérêt général et de garantir la stabilité à l’issue des séries d’attentats terroristes. Comment former un gouvernement d’union dans lequel chacune des deux parties se tient à l’affût pour s’abattre sur son rival et l’exterminer. Ce scénario engendrera inévitablement un vide politique qui va prévaloir même si les deux parties s’entendent et règlent le conflit qui les oppose. Chacune des deux parties saisira n’importe quelle occasion pour saboter les décisions gouvernementales, ce qui compliquera davantage l’état de paralysie qui étouffe le pays voilà des années. L’unique solution radicale à la crise réside dans la confiance qui doit être à tout prix regagnée entre les parties politiques en conflit. Ce, afin de parvenir à une forme « de pacte national » qui garantirait le bon fonctionnement du processus politique et qui éviterait les accusations réciproques de traîtrise et de complot contre la patrie. Sans doute la perte de confiance actuelle n’a pas émergé du jour au lendemain. Elle est sans doute le résultat de retombées et de positions politiques qui remontent à des années lointaines, dont la date la plus récente est l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais Rafiq Hariri en 2004. La situation n’a fait qu’empirer, même lorsque les différentes parties politiques ont essayé de redresser la situation et se sont engagées dans des alliances électorales pour gagner les législatives. Ensuite, est venue la guerre de juillet 2006 qui avait pour cible le Hezbollah et pour objectif de saper ses infrastructures et de procéder à sa liquidation politique et militaire. Cette guerre n’a fait qu’approfondir la fissure. D’autant plus que l’autre partie n’a pas estimé à juste titre le préjudice et la souffrance psychologique et humaine qu’a connus le Hezbollah et ce qu’il a enduré depuis le meurtre, l’exile, l’exode et la destruction. A tel point que la situation des chiites au Liban a été assimilée à « un nouveau Kerbala ».

L’autre partie n’a pas réalisé la susceptibilité psychologique et sociale qu’a ressentie le Hezbollah et ses adeptes à cette époque. N’oublions pas qu’il a été accusé d’être le principal responsable de la guerre. Mais même si ceci avait été vrai, il n’aurait pas fallu ignorer la liquidation morale et matérielle qui a ciblé toute une faction et qui a menacé son existence.

En bref, c’est autour de ces deux dates, 2004 et 2006, qu’a émergé la fissure profonde entre les deux parties. Une fissure qui a eu pour résultat une perte de confiance mutuelle et qui a empêché de parvenir à une solution malgré la tenue de sessions de dialogue national sous la houlette du président du Parlement libanais au lendemain de la guerre. A cette époque, la confiance, ce maillon qui devait réunir et sauvegarder la stabilité entre les deux parties, n’y était plus. La fragilité du pays a permis alors l’ingérence d’autres parties régionales et internationales selon leurs propres calculs, leurs agendas privés et leurs intérêts contradictoires.

La crise libanaise a permis à la Syrie qui vit une impasse politique interne et externe au niveau de ses relations arabes et internationales de se trouver un moyen pour une réadaptation régionale et internationale. En même temps, la France a trouvé via le Liban une chance de récupérer des zones d’influence dans la région. Le Liban était pour les Etats-Unis le prétexte idéal pour prouver la réussite de sa stratégie à propager sa démocratie au Moyen-Orient. Le Liban était pour l’Iran un terrain pour le règlement de comptes régionaux et internationaux et une occasion pour faire comprendre aux Etats-Unis que sa présence régionale allait au-delà de l’Iraq jusqu’au Liban. Partant, il s’avère que la solution de la crise libanaise est interne de premier ordre.

Elle doit émaner des Libanais eux-mêmes qui doivent impérativement reprendre confiance les uns dans les autres pour pouvoir reprendre leur destin en main. Il faut leur dire que la solution provisoire ne peut pas pallier une solution durable. La solution durable aujourd’hui est que le citoyen libanais ordinaire soit capable de vivre sous un même ciel et sur un même sol avec son frère libanais qui partage avec lui la crise économique étouffante, qui a des appartenances confessionnelles différentes et par conséquent politiques .

 

 

 

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