Apaisement
Le troisième anniversaire de la paix dans le Sud-Soudan
intervient sur fond de relations quelque peu apaisées
entre les Nordistes et les ex-rebelles sudistes, après
une crise qui a fait resurgir le spectre de la guerre
dans un pays déjà empêtré dans le conflit du Darfour.
Contrairement à 2007, aucune grande célébration n’a été
organisée pour marquer la date du 9 janvier 2005, qui a
vu le gouvernement de Khartoum et les rebelles sudistes
signer l’accord de paix globale (CPA). Cet accord a mis
fin à une guerre civile dans le Sud-Soudan qui a duré 21
ans, fait 1,5 million de morts au bas mot et épuisé
économiquement le Nord.
Cette paix reste fragile, ponctuée d’attaques
ponctuelles de tribus appuyées par Khartoum contre les
ex-rebelles sudistes du Mouvement de libération du
peuple du Soudan (SPLM). Voulu comme une démonstration
de solidité de cette paix, un grand meeting organisé
l’an dernier à Juba, capitale du Sud-Soudan, avait
tourné à une empoignade publique entre le président
nordiste Omar Al-Béchir et le leader sudiste Salva Kiir.
Ce dernier avait accusé le Nord de ne pas appliquer le
CPA. M. Béchir lui a retourné l’accusation, reprochant
aux Sudistes mauvaise gestion, corruption et
désorganisation. Depuis, les rapports n’ont cessé de se
dégrader entre les deux parties, culminant avec le
retrait le 13 octobre des ministres sudistes du
gouvernement central pour protester contre le retard
dans l’application du CPA. La crise a duré plus de deux
mois mais s’est achevée avec la réintégration des
Sudistes au gouvernement et un accord sur un calendrier
d’application du CPA, qui s’est concrétisé notamment par
le retrait des forces nordistes le 1er janvier de zones
pétrolières dans le Sud.
Mais
en dépit des proclamations de foi, des questions
épineuses restent à régler, comme le statut de la zone
d’Abiye, riche en pétrole et revendiquée par les deux
parties, et le tracé des frontières entre le Nord et le
Sud. Les deux camps se sont employés ces dernières
semaines à apaiser la tension autour de la zone d’Abiye
qui a connu des affrontements meurtriers entre armée
sudiste et tribus nordistes soutenues, selon le SPLM,
par des paramilitaires. Les relations futures dépendent
du règlement de cette question mais également de la
manière dont sera traduite la nouvelle entente,
notamment dans le domaine de « la démocratisation » du
système politique, essentielle selon les Sudistes, pour
rendre le choix de l’unité attractif. Conformément au
CPA, des élections générales doivent être organisées en
2009 et un référendum deux ans plus tard doit permettre
aux Sudistes de décider de leur indépendance ou de
rester dans un Soudan uni .