Palestine.
Palestiniens et Israéliens ont entamé de nouvelles
discussions de paix dans un climat alourdi par les
désaccords de fond, que la récente visite de Bush n’a pu
résoudre.
L’écueil des questions de fond
Israéliens
et palestiniens ont entamé lundi des négociations de fond,
semées d’embûches, en vue d’un règlement de paix que George
W. Bush espère arracher avant la fin de sa présidence, en
janvier 2009. Mais le premier ministre, Ehud Olmert, s’est
d’emblée déclaré sceptique sur leurs chances d’aboutir. La
chef de la diplomatie israélienne, Tzipi Livni, et le chef
de l’équipe des négociateurs palestiniens, Ahmad Qoreï, ont
discuté pendant près de deux heures à Jérusalem de questions
liées à « un règlement permanent » du conflit.
Les questions sur lesquelles ont buté toutes les
négociations précédentes portent sur le tracé des frontières
d’un futur Etat de Palestine, le démantèlement de colonies
de peuplement, le statut de Jérusalem et le sort des
réfugiés palestiniens de 1948. Or, sur tous ces dossiers,
qui avaient déjà été au cœur du sommet avorté de Camp David
en juillet 2000, l’écart entre les positions des deux
parties reste considérable. De plus, le gouvernement
israélien, qui s’est montré incapable de démanteler des
colonies sauvages construites sans même son feu vert, est
affaibli par les menaces de scission de son aile droite s’il
cède notamment sur Jérusalem.
Dans ce contexte, le premier ministre, Olmert, s’est déclaré
sceptique sur les chances de succès, a rapporté un haut
responsable israélien. « Je ne suis pas sûr que nous
puissions parvenir à un accord et que nous puissions
l’appliquer », a déclaré M. Olmert, cité devant la
commission des affaires étrangères et de la défense du
Parlement.
Côté palestinien, l’Autorité palestinienne présidée par
Mahmoud Abbass a perdu l’an dernier le contrôle de la bande
de Gaza au profit du mouvement islamiste Hamas, qui ne se
considère pas lié par tout accord de paix qui serait conclu
avec Israël. « La rencontre Qoreï-Livni est vouée à l’échec
en raison de la poursuite des crimes sionistes contre notre
peuple », a affirmé dans un communiqué le porte-parole du
Hamas, Sami Abou-Zouhri. Le président Abbass a pour sa part
réaffirmé dimanche que les Palestiniens ne « pouvaient
négocier alors que la colonisation se poursuit ».
La rencontre Livni-Qoreï fait suite à la visite du président
Bush en Israël et en Cisjordanie la semaine dernière, au
cours de laquelle il a fixé pour objectif la conclusion,
avant la fin de son mandat en janvier 2009, d’un accord
menant à la création d’un Etat de Palestine aux côtés
d’Israël. Les Palestiniens réclament un retrait israélien de
Cisjordanie sur les lignes d’armistice d’avant la guerre de
1967, n’acceptant que des « modifications frontalières »
minimales dans le cadre d’échanges territoriaux. Israël
exclut en revanche un retour aux frontières d’avant 1967. Il
entend aussi annexer les blocs de colonies de Cisjordanie,
où vivent la grande majorité des 270 000 colons installés
dans ce territoire. Les divergences sont encore plus nettes
sur Jérusalem, à cause de la dimension religieuse du
conflit. Le désaccord est non moins profond sur la question
des réfugiés. Israël refuse d’accepter un « droit de retour
» aux réfugiés palestiniens qui sont plus de 4 millions avec
leurs descendants.
Bilan en demi-teinte
La visite de Bush n’a pas pu faire avancer les choses. Il a
énoncé des mots et n’a rien dit qui, effectivement, conforte
l’idée de deux Etats vivant côte à côte, égaux et
souverains. C’est la conclusion qu’ont tirée les
observateurs de la tournée au Moyen-Orient du président
américain George W. Bush. Les déclarations du premier
ministre israélien Ehud Olmert, dimanche dernier, confirment
aussi ce constat : les Israéliens ne procéderont à un
règlement avec les Palestiniens que si leur sécurité est
garantie.
Rien n’a donc émané de cette visite, à part les déclarations
diplomatiques dont le but était de redorer le blason du chef
américain. Pour lui, c’était l’occasion de donner l’image
d’un président impliqué dans une affaire qu’il a souvent été
accusé d’avoir négligée jusqu’à la dernière de ses huit
années de présidence. George W. Bush a tracé les grandes
lignes d’un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens
qu’il espère voir signé avant la fin de son mandat en
janvier 2009. Il a reconnu qu’un tel accord réclamerait des
concessions politiques douloureuses de part et d’autre. Il a
confié au président palestinien Mahmoud Abbass sa conviction
qu’« un traité de paix » serait conclu avant son départ de
la Maison Blanche, dans un an. Il a aussi promis la création
d’un Etat palestinien. Et d’ajouter qu’Israël devait
démanteler ses colonies sauvages mais aussi avoir des
frontières sûres. Les Palestiniens pour leur part doivent
faire cesser les attaques contre l’Etat hébreu. Néanmoins,
il n’a pas dit comment il voyait M. Abbass mettre fin aux
tirs de roquettes sur Israël à partir d’une bande de Gaza
qui échappe au contrôle de l’Autorité palestinienne. M. Bush
a aussi admis que le statut de Jérusalem représenterait «
l’un des défis les plus difficiles sur la route de la paix
», sans proposer de solution. Et tout en reconnaissant la
nécessité des barrages militaires en Cisjordanie pour
assurer la sécurité d’Israël, Bush a reconnu qu’ils
suscitaient des « frustrations massives » parmi la
population palestinienne. Ainsi, il a proposé pour la
première fois un mécanisme international d’indemnisation
pour les réfugiés palestiniens. Il a par ailleurs minimisé
le problème des réfugiés palestiniens, apte à être résolu
grâce à « un mécanisme international d’indemnisation » pour
régler, selon lui, la « querelle » du retour des réfugiés
palestiniens. Le choix même du mot querelle ne convenant en
rien à l’ampleur de cette question : les réfugiés
palestiniens et leurs descendants étant estimés à 4 millions
de personnes.
En fait, le président américain a prononcé des mots qui
n’engagent en rien le chef de la Maison Blanche ou
l’Administration américaine. Somme toute, la visite de
George W. Bush au Proche-Orient n’aura été qu’un alibi qui
n’apporte aucune ouverture sérieuse à la problématique
israélo-palestinienne.
Rania
Adel