Al-Ahram Hebdo, Evénement | Le casse-tête
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

  Semaine du 16 au 22 janvier 2008, numéro 697

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Evénement

Liban. Le pays du Cèdre, quasiment en crise permanente, constitue pour les Arabes une équation difficile à régler. En dépit des différentes tentatives et initiatives, la question est restée entière.

Le casse-tête

Le Liban, un casse-tête pour les Arabes ? Certes, cette partie du monde paraît problématique dans chaque pouce de territoire à quelques exceptions près, mais le pays du Cèdre constitue aussi une difficulté liée à toutes les autres dans la région : il est connecté directement à la question palestinienne du fait de la présence des réfugiés sur son territoire, au découpage et morcellement régional en raison des ambitions syriennes et aussi à cette division sur une base confessionnelle que de grandes nations veulent appliquer un peu partout, l’Iraq en l’occurrence, comme une sorte de modèle. Or, c’est sans doute ce statut en général spécial qui a créé une particularité libanaise. Le monde arabe s’en est accommodé parfois et souvent non.

La première explosion date de 1958. Elle est liée à la montée du nationalisme arabe sous la houlette de Nasser qui appelait à l’unité du monde arabe, de l’Atlantique au Golfe. Dans ce contexte brûlant qui a suivi la crise de 1956. Camille Chamoun, président d’un Liban voisin d’une Syrie faisant partie de la République arabe Unie, Etat unioniste égypto-syrien, fut perçu comme pro-occidental ayant même refusé de rompre avec Londres et Paris lors de l’agression de 1956. C’est ce qui pousse une partie de la communauté musulmane à réclamer au gouvernement une fusion avec la République arabe unie, ce que refuse catégoriquement la communauté chrétienne. La pression monte. Les réfugiés palestiniens, eux, furent mobilisés pour reconquérir leur patrie usurpée à partir du Liban. A partir de mai 1958 éclate une guérilla dans la montagne entre partisans de Chamoun et insurgés. Devant cette agitation, Chamoun obtient le débarquement de 15 000 Marines américains qui assurent le triomphe de la contre-révolution menée par les Kataëb chrétiens, en majorité.

Une première crise qui comprend déjà les ingrédients de tout ce qui va suivre. Au-delà des arguments des uns et des autres et de l’échec global du nationalisme arabe sur tous les autres fronts — sécession de la Syrie, désordre en Iraq, affrontement politique entre l’Egypte et l’Arabie saoudite —, ce sont cette particularité libanaise et son talon d’Achille qui ont échappé à l’ensemble du monde arabe.

A partir de la fin des années 1960, sur fond de nombreuses affaires de corruption, le Liban se dirige vers son plus grand drame : la guerre civile. Le fait qu’il n’y ait aucune avancée dans le règlement de la question palestinienne, la multiplication des manœuvres israéliennes profitant de ce clivage entre des groupes en majorité chrétiens et d’autres en majorité musulmans a rendu les camps de réfugiés des lieux d’effervescence, en effet de bases de données et d’entraînement militaire, et plusieurs centaines de fedayins lancent des opérations commando contre la frontière nord d’Israël. Devant la résistance qui s’organise, Israël attend du Liban qu’il assure sa sécurité en contrôlant l’activité des Palestiniens sur son territoire, mais le Liban est trop faible pour résoudre le problème.

Un compromis est trouvé avec la signature au Caire sous l’égide de Nasser, en 1969, d’un accord entre Yasser Arafat, commandant de l’OLP, et le commandant en chef de l’armée.

Et vint le premier coup d’archet sur fond de dissonance entre les parties. Juste un incident et ce fut par la suite l’incendie : Le matin du 13 avril 1975, des tirs font un mort lors de l’inauguration d’une église par Pierre Gemayel. L’après-midi, des mitrailleurs phalangistes attaquent un bus passant dans la même rue, et massacrent une partie de ses passagers palestiniens. La spirale vers l’anarchie s’amplifie, c’est le début de la guerre civile.

Les milices chrétiennes assiègent et détruisent les camps palestiniens de Quarantina et Tell Al-Zaatar. Les milices palestiniennes assiègent et tuent les habitants de la ville de Damour. C’est non seulement la guerre, mais aussi l’émergence du facteur syrien. Ce pays est alors considéré par les Libanais et les Etats arabes comme le sauveur, l’unique en quelque sorte. En 1976, des dirigeants maronites réclament du secours et avalisent l’intervention syrienne.

Grâce à l’intervention militaire et diplomatique des puissances régionales arabes, le président libanais et le chef de l’OLP sont convoqués à Riyad cette même année. Ils sont invités par l’Arabie saoudite et l’Egypte à reconnaître la légitimité de la présence des troupes syriennes au Liban, et l’officialisent par la mise en place de la Force Arabe de Dissuasion (FAD).

 

Le facteur Israël

Entre-temps, c’est Israël qui souffle le chaud et le froid. En juin 1982, l’armée israélienne lance une offensive terrestre, assiège Beyrouth-ouest et affronte les forces syriennes dans la Bekaa. Faut-il dire avec ces exemples que l’Histoire est une éternelle répétition ? Tout se poursuit avec la montée de la puissance chiite, les massacres, les assassinats de personnalités de tout bord. L’accord de Taëf fut présenté comme une tentative de restaurer la paix, due aux efforts politiques d’un comité composé du roi Hussein de Jordanie, du roi Fahd d’Arabie saoudite, et du président algérien Chadli. 62 députés, chrétiens et musulmans, de l’ancienne Assemblée nationale libanaise, réunis à Taëf, adoptent un document consacrant pour les uns de fait la mainmise de la Syrie sur le Liban à qui cet accord donne une base légale et pour les autres tenant compte de la réalité, à savoir une sorte de tentative d’arbitrer une situation hasardeuse.

D’ici à la crise actuelle marquée par un retrait syrien, par l’ascendance du Hezbollah comme partie incontournable, de l’assassinat de Rafic Hariri et l’impasse constitutionnelle, on voit bien que le Liban a continué à être un problème insoluble pour le monde arabe : pays démocratique et pluriel, contrairement aux autres, mais basé sur une répartition qui n’en fait pas une nation véritablement unie.

Ahmed Loutfi

Retour au sommaire

 

L’incontournable Syrie

Damas semble le maître de l’échiquier, déplaçant souvent les pions sur la scène libanaise, tenant tête même à l’Amérique.

On la désigne, non pas à mots couverts, comme principale responsable chaque fois que les Libanais échoppent sur un compromis. C’est au moins ce que pense une bonne partie de la communauté internationale, en Occident surtout, et une autre partie des Libanais. La Syrie serait à l’origine de tous les maux. Officiellement, Damas a approuvé le plan arabe pour un règlement de la crise et selon Walid Al-Moallem, chef de la diplomatie syrienne, son pays a adopté le principe de « ni vainqueur, ni vaincu » au Liban. C’est une affaire d’Histoire, peut-être, qui fait que faire confiance aux Syriens, lorsqu’il est question du politique au Liban, est une mission difficile. En fait, le choix du président libanais était une affaire syrienne plutôt que libanaise. C’est depuis la signature de l’accord de Taëf en 1990 et le placement du Liban sous une tutelle syrienne après une longue guerre civile que le « OK » syrien était une affaire indispensable dans le choix du président libanais. Le prolongement du mandat du président Emile Lahoud, en 2004, et qui a provoqué la dégringolade, a été imposé par Damas. Ce n’est qu’après l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri que la Syrie s’est vue contrainte à éliminer toute présence dans le pays du Cèdre. Tout le monde portait alors à croire que l’influence syrienne au Liban commence à prendre fin. Mais devant cette impasse de la présidentielle, il s’est avéré que son influence est toujours présente. Une réalité que les acteurs internationaux eux-mêmes n’ont pas niée. Hier, on demandait à Damas de stopper toute ingérence au Liban ; aujourd’hui, on lui demande de faire pression sur ses alliés libanais pour débloquer la question de  nomination du chef de l’Etat. Cet appel de secours s’est confirmé par l’invitation qui lui a été adressée par les Etats-Unis pour assister à la conférence d’Annapolis. La France, qui a interrompu ses relations avec Damas lors de la présidence de Chirac, est revenue à la charge en dépit des mots de Sarkozy au Caire quant à une rupture des contacts entre les deux pays sur la crise libanaise. Le président a invité Damas à un « dialogue franco-syrien à propos du Liban ». Ce recours à la Syrie était au départ tellement contesté par la majorité anti-syrienne au Liban. Celle-ci estime que la Syrie a pris une grande liberté de manœuvre et de négociations : « La médiation française a rétabli le rôle de négociateur influent de la Syrie au Liban. Elle est redevenue un facteur important dans les élections. La Syrie est aujourd’hui plus forte qu’elle ne l’était », a affirmé Samir Frangié, un député de la majorité anti-syrienne.

Mais contrairement à ce que l’on pensait, le consensus auteur du général Michel Souleiman est bien accueilli par la Syrie. Le chef de l’armée a été nommé à son poste par Emile Lahoud pendant la tutelle de Damas. Et son beau-frère était le porte-parole du président syrien Hafez Al-Assad. Il faut rappeler qu’il a refusé que l’armée soit utilisée contre les manifestations antigouvernementales lancées par les fidèles du Hezbollah et du Courant libre de Michel Aoun ; et encore après la guerre avec Israël, il a déployé son armée dans le sud du pays, en précisant que sa mission n’était pas de désarmer le Hezbollah.

Ce qui pourrait inquiéter Damas aujourd’hui et ses alliés, c’est plutôt la composition du gouvernement qui reste aussi un déterminant important sur le futur rôle de la Syrie au Liban. Pour Moustapha Magdi, politologue, il n’est pas dans l’intérêt de Damas de voir un gouvernement pro-américain ou pro-israélien prenant les rênes du Liban. Elle perçoit une telle éventualité comme grand danger pour sa sécurité. Un gouvernement entièrement anti-syrien pourrait décider même un déploiement de forces internationales le long des frontière syro-libanaises.

Aliaa Al-Korachi

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah - Chourouq Chimy
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.