Al-Ahram Hebdo,Arts | Le babillage de l’art
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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  Semaine du 16 au 22 janvier 2008, numéro 697

 

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Arts

Exposition. Trente œuvres, toutes disciplines confondues, portent la marque du temps et des générations. En rapprochant styles et idées, c’est l’histoire de l’art en Egypte que l’on regarde en face.

Le babillage de l’art

« Appliquée à l’art, la notion d’histoire n’a rien à voir avec le progrès ; elle n’implique pas un perfectionnement, une amélioration, une montée ; elle ressemble à un voyage entrepris pour explorer des terres inconnues et les inscrire sur une carte », cette sentence de Milan Kundera dans ses essais, Le Rideau, où il dresse entre autres les multiples significations du mot « Histoire », va dans le même sens que l’exposition tenue actuellement à la salle Abaad (dimensions), au Musée égyptien d’art moderne. En visitant l’exposition regroupant 30 œuvres, se situant entre générations et disciplines différentes, on s’interroge : A quoi sert l’histoire de l’art ? Qui fait l’art ? Comment se déroule la croissance et la mort d’une culture ? Où en sommes-nous ?

Cela dit, avec ce genre d’exposition, le débat autour de l’art s’avère encore plus important que les œuvres montées. Il ne s’agit plus de critiquer, mais de dresser un constat. Car les pièces dont il est question viennent toutes de la collection du musée. On les a sorties des dépôts pour engager une discussion tout autour. Et on tente de rapprocher les styles ou les concepts, mettant en côte à côte — à titre d’exemple — une peinture de Ramsès Younane, qui date de 1962, et un tableau de Moetaz Al-Safti, signé en 1999. Or, de prime abord, il n’est pas évident de rapprocher ces deux artistes ; lors du vernissage le public réprobateur en a témoigné. Et c’était au critique et artiste Ahmad Fouad Sélim, lequel a organisé l’exposition avec Racha Ragab, jeune artiste et responsable de la salle, de trouver les liens : « L’œuvre de Younane, intitulée Abstraction dramatique, a transformé des personnes en pierres, toutes proches des roches d’Assouan qui le caractérisent. Moetaz Al-Safti, né en 1969, a en quelque sorte recouru à cette même procédure de déconstruction, comme si son œuvre se compose de 5 bandes transversales. Ils se rapprochent au niveau des idées, de la démarche analytique ».

Un autre rapprochement problématique s’est fait entre La Nubie de Seif Wanli (1906-1979) et un sans-titre exécuté en 2006 par Ahmad Réfaat, l’un des artistes qui adore expérimenter la matière, notamment la pâte à papier. Aucun des deux ne se sentait l’épigone de l’autre, cependant on parvient à les faire dialoguer. « La Nubie n’est pas représentative de l’œuvre de Wanli, réputé pour ses ballets, pêcheurs et étendues de mer. Mais on a jugé que c’était une peinture à redécouvrir, elle est du genre que l’on doit regarder à maintes reprises pour apprendre à apprécier », expliquent les commissaires.

Pour entrer dans la légende, il fallait aux plus jeunes d’accomplir leurs exploits, de bousculer l’ordre établi. Mais souvent, ils ne se montrent pas violemment agressifs envers le passé ni suffisamment dévoués à l’avenir. Ils se situent alors dans un entre-deux fade, beaucoup moins profond que leurs prédécesseurs. Le palmier « survivant » ou « témoin » qui resurgit du Nil, après la submersion d’un village nubien, chez Marguerite Nakhla (1907-1977) n’a rien à voir avec celui de Tareq Al-Cheikh, dont le village a perdu de son charme et s’est coloré d’un jaune sable.

La question de l’émergence des arts est d’abord politique, si on la pense comme expression individuelle rapportée au monde social. Elle est aussi sociologique au sens large, impliquant le développement des civilisations et donc celui des économies. 

Ainsi, lorsqu’on ressent à travers le portique de Effat Nagui (1905-1994), une ferveur révolue des années 1960, avec le fourmillement du monde ouvrier, l’artiste n’est pas sans obéir à l’esprit du temps. Sans parler de la responsabilité sociale des arts, son œuvre en est marquée. D’où une profondeur dans l’âme que l’on ne retrouve pas dans les portiques plus modernes du jeune doué Hicham Nawar, né comme par hasard en 1967. Ainsi de suite, l’on bavarde autour des œuvres faisant affluer les réflexions.

Et en quittant la salle d’exposition, on a encore la dernière phrase des essais de Kundera, Le Rideau, qui résonne dans nos têtes : « L’histoire de l’art est périssable. Le babillage de l’art éternel ».

Dalia Chams

 

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Grand-père et petit-fils, jusqu’au 23 janvier, à la galerie Abaad, au Centre égyptien d’art moderne.

De 10h à 14h et de 17h à 21h

(sauf lundi dans la matinée).

Enceinte de l’Opéra, Guézira.

Tél : 27 3 66 667.

 




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