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Liban .
Afin de trouver une solution à la crise politique avant les
élections présidentielles du 24 septembre, la coalition au
pouvoir étudie une offre de compromis formulée par
l’opposition.
Un président de consensus
à l’étude
Avec
l’approche des élections présidentielles, une souplesse dans
la position des différents camps au Liban commence à surgir.
Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, chef du
parti chiite modéré Amal, avait indiqué que l’opposition,
dont il est l’un des chefs, était prête à renoncer à la
formation d’un gouvernement élargi à la condition que
l’ensemble des forces libanaises se mette d’accord sur le
nom du prochain chef de l’Etat. « Mettons-nous d’accord sur
un président consensuel, et l’opposition ne veut plus un
gouvernement élargi avant l’élection, tant que vous (la
majorité) ne le voulez pas », a déclaré M. Berri. « Nous ne
renonçons pas (à cette demande) pour vous, mais pour le
Liban. Cela ne veut pas dire qu’un camp a remporté une
victoire sur l’autre », a souligné M. Berri.
En première réponse de cette demande, le ministre de la
Communication, le Druze Marwan Hamadé, a déclaré : « Nous
menons des consultations, et cela prendra quelques jours.
Nous devons examiner et évaluer la question sous tous ses
aspects. Nous sommes bien sûr ouverts à toutes les
négociations ». Il a toutefois souligné qu’il était « trop
tôt pour réagir à la proposition ». « Nous devons connaître
le programme et le nom du président sur lequel elle se fonde
», a-t-il dit.
En effet, c’est la première fois que l’opposition semble
assouplir sa position, après avoir réclamé depuis près d’un
an la formation d’un gouvernement d’union nationale dans
lequel elle serait mieux représentée. D’autre part, la
majorité anti-syrienne, soutenue par les Occidentaux,
réclame en préalable à la formation de ce gouvernement que
l’opposition accepte de siéger au Parlement pour permettre à
l’automne la tenue de l’élection présidentielle. «
L’élection d’un président sur la base d’un consensus
libanais, dans les délais prévus par la Constitution,
représente une chance pour faire sortir le Liban de
l’impasse actuelle », a estimé le président du Parlement.
Nabih Berri s’est aussi engagé à relancer le dialogue entre
les différentes parties, interrompu depuis près d’un an. «
Nous (l’opposition) ne voulons pas que le pays plonge dans
l’inconnu », a-t-il affirmé.
Lahoud brise le silence
Cette décision de l’opposition est considérée comme réaction
aux dernières déclarations du président libanais pro-syrien,
Emile Lahoud. Il a déclaré qu’il envisagerait de nommer le
chef de l’armée à la tête d’un gouvernement provisoire si la
majorité et l’opposition ne parvenaient pas à surmonter
leurs différends pour élire un nouveau chef de l’Etat. Une
telle décision aboutirait à la coexistence de deux
gouvernements, l’actuel cabinet dirigé par Fouad Siniora
étant considéré comme illégitime par le chef de l’Etat et
par l’opposition. Mais cette annonce faite jeudi dernier,
contraire aux termes de la Constitution, est de nature à
aggraver les tensions entre le gouvernement dirigé par Fouad
Siniora, soutenu par les Occidentaux, et l’opposition menée
par le parti chiite du Hezbollah, allié de la Syrie et de
l’Iran. En vertu du principe de répartition des pouvoirs
entre communautés, le président du Liban est
traditionnellement issu de la communauté chrétienne
maronite, de même que le chef de l’armée. Le général Michel
Sleimane est perçu comme un candidat potentiel à la
présidence et de récentes déclarations de sa part ont été
interprétées comme un message de compromis. « La
Constitution est claire. Un président ne peut être élu que
si les deux tiers des députés assistent à la séance » du
Parlement convoquée le 25 septembre, a déclaré le président
dans un communiqué. Cette séance doit marquer la première
étape de l’élection par le Parlement du nouveau président,
mais la présence des députés d’opposition pour assurer le
quorum est incertaine. Le bloc anti-syrien, avec 69 députés
sur 128, dispose d’une majorité suffisante pour désigner un
président, mais pas du quorum. « Dans le cas contraire, j’ai
proposé de nommer un gouvernement transitoire présidé par le
chef de l’armée, le général Michel Sleimane, qui
comprendrait six à sept ministres civils », a ajouté le
président. Ce cabinet sera chargé de préparer une nouvelle
loi électorale, d’organiser des élections législatives et de
préparer la tenue de l’élection présidentielle. « Je ne
rendrai pas le pouvoir au gouvernement Siniora, simplement
parce que je le considère inconstitutionnel et inexistant »,
a-t-il souligné.
La crise actuelle, la plus grave depuis la guerre civile de
1975-1990, a débuté en novembre dernier avec la démission de
six ministres de l’opposition. Elle est aujourd’hui
focalisée sur l’élection du prochain président par le
Parlement. Une élection menacée d’échec si la majorité et
l’opposition ne parviennent pas à s’entendre sur un candidat
de compromis. Dans ce cas, la crise ne fera que s’aggraver .
Maha Salem
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Place à la reconstruction
Le premier ministre libanais en appelle aux pays donateurs
pour reconstruire le camp palestinien de Nahr Al-Bared,
finalement tombé dans les mains de l’armée après plus de
trois mois de combats avec le groupuscule du Fatah Al-Islam.
Fouad Siniora a salué la « plus grande victoire » du Liban
contre le terrorisme, et s’est engagé à reconstruire le camp
en ruines, appelant les pays donateurs à se réunir le 10
septembre pour discuter de leurs contributions à ce projet.
Le premier ministre a assuré que, désormais, le camp
passerait « sous l’autorité de l’Etat libanais » uniquement,
alors que les 12 camps de réfugiés palestiniens du Liban
échappent jusque-là à l’autorité de l’Etat. En effet, comme
prévu, l’armée libanaise a pris dimanche dernier le contrôle
du camp palestinien de Nahr Al-Bared, dans le nord du Liban,
après plus de trois mois de combats meurtriers avec les
islamistes du Fatah Al-Islam. Ces derniers sont tombés dans
les mains de l’armée après une opération désespérée des
derniers islamistes, qui ont tenté de s’enfuir en forçant le
passage à travers les positions des soldats déployés autour
de Nahr Al-Bared. Selon l’armée libanaise, trente-sept
islamistes ont été tués et une quinzaine d’autres capturés.
Parmi les morts se trouve le chef du Fatah Al-Islam, le
Palestinien Chaker Al-Abssi, dont le corps a été identifié
par sa femme à l’hôpital de Tripoli, la ville proche du
camp.
Les camps palestiniens, créés après la fondation de l’Etat
d’Israël en 1948, sont placés sous le contrôle des
organisations militaires et politiques palestiniennes, en
vertu d’accords tacites entre celles-ci et les autorités
libanaises. L’armée libanaise n’y pénètre donc pas. A
l’occasion de ces combats, l’armée libanaise est entrée pour
la première fois dans un camp de réfugiés palestiniens.
L’armée a appelé les 31 000 habitants de Nahr Al-Bared, qui
avaient fui au début des combats, à attendre que le camp
soit nettoyé avant d’y revenir. Le porte-parole de l’armée a
expliqué que les soldats devaient encore explorer les ruines
du camp, parsemées d’explosifs.
Les combats avaient éclaté le 20 mai lorsque le Fatah
Al-Islam, un groupuscule sunnite
revendiquant des liens idéologiques avec Al-Qaëda,
avait lancé des attaques meurtrières contre des soldats aux
alentours de Nahr Al-Bared. Ce groupe s’était infiltré l’an
dernier à Nahr Al-Bared et y avait établi des positions
militaires, sans que l’armée, positionnée autour du camp, ne
puisse s’y opposer. Selon un haut responsable militaire, une
soixantaine de combattants se trouvaient encore dernièrement
dans le camp, dont plus de 30 étaient blessés. Malgré les 3
000 hommes mobilisés, la progression des soldats a toutefois
été extrêmement lente dans les ruines piégées. L’armée, mal
équipée, manquant de munitions et de moyens aériens, a fait
face pendant de longues semaines à des combattants très bien
armés et entraînés. Les islamistes s’étaient retranchés dans
la dernière phase de la bataille dans des abris souterrains,
fortifications construites dans les camps palestiniens du
Liban et capables de résister aux raids aériens israéliens.
Ces combats, sur fond de crise politique, ont aggravé le
climat d’instabilité au Liban, et sont les plus meurtriers
depuis la fin de la guerre civile en 1990.
M. S.
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