Le ministre des Affaires étrangères,
Ahmad Aboul-Gheit,
expose la position de l’Egypte sur les dossiers
chauds de la Palestine, de l’Iraq et du Darfour, qui seront
débattus à l’Assemblée générale des Nations-Unies.
« La conférence de paix doit aboutir à des résultats suivant
un calendrier clair »
Al-ahram
hebdo : Le règlement de la question palestinienne est au
cœur des débats de l’Assemblée générale des Nations-Unies
qui commencent ce mardi 25 septembre. Une conférence de paix
est également prévue en novembre aux Etats-Unis. Quelles
sont les perspectives d’un règlement ?
Ahmad Aboul-Gheit :
Le problème palestinien représente le cœur du conflit dans
la région, la position de l’Egypte est la suivante :
premièrement, œuvrer à améliorer les conditions de vie du
peuple palestinien en exerçant des pressions sur Israël afin
qu’il prenne des mesures véritables et concrètes donnant au
citoyen palestinien l’espoir qu’il y aura un meilleur
lendemain. Il s’agit donc de mesures comprenant l’abolition
des entraves qui gênent la circulation des citoyens et du
commerce en Cisjordanie, l’arrêt de la construction de
colonies et de la judaïsation de Jérusalem ainsi que toutes
les actions qui portent atteinte au patrimoine islamique et
arabe.
Nous soutenons la nécessité de prendre ces mesures qui ont
pour but d’améliorer l’état sécuritaire entre Israël et les
territoires palestiniens et qui consolident les démarches du
président Mahmoud Abbass et du premier ministre Salam Fayad
visant à maintenir la sécurité en Cisjordanie. Nous appuyons
également l’action du gouvernement palestinien en faveur du
développement de la bande de Gaza et de la Cisjordanie,
ainsi que la promotion des conditions économiques de la
population. Cela implique la poursuite des efforts de la
communauté internationale dans l’octroi d’une assistance à
l’Autorité palestinienne. Nous commençons une action dans ce
sens avec l’invitation à réunir une commission chargée de la
gestion des différentes aides au peuple palestinien en marge
des réunions de l’Assemblée générale des Nations-Unies.
Deuxièmement, il ne faut pas oublier le volet politique qui
nécessite la relance des négociations entre les deux
parties. Nous soutenons la conférence qui doit avoir lieu
aux Etats-Unis et nous insistons sur la bonne préparation de
cette réunion afin d’aboutir à des résultats concrets
établissant la paix selon un calendrier clair ... et ceci
avec l’appui de toutes les parties, et en premier lieu, le
Quartette international sur le Proche-Orient, qui se réunira
en marge des réunions de l’Assemblée générale. Le groupe
arabe à l’Onu effectuera des consultations avec le Quartette
autour de l’initiative de paix arabe.
En ce qui concerne les conditions à l’intérieur de la
Palestine, les efforts égyptiens se poursuivent afin que les
deux parties aboutissent à une réconciliation nationale sous
la direction de l’Autorité légitime et son président
légitime, Mahmoud Abbass. Sans doute, les événements qui se
déroulent dans la bande de Gaza sont regrettables et ont
beaucoup nui à la juste cause palestinienne. Nous aspirons à
continuer l’effort afin d’aboutir à la création d’un Etat
palestinien indépendant. L’Egypte poursuit ses efforts afin
d’instaurer une paix juste et globale entre les Arabes et
Israël. L’Egypte croit fermement à la nécessité d’appliquer
les résolutions de la légitimité internationale ainsi que le
retour et l’appui aux accords précédents et aussi à
l’initiative de paix arabe qui représente une position arabe
unie en faveur de la paix. Et nous pensons qu’Israël doit
saisir cette occasion d’établir la paix dans toute la
région.
— La crise en Iraq est l’un des dossiers chauds sur l’agenda
international. Que pensez-vous des résultats de la
conférence qui s’est tenue à New York au niveau des
ministres des Affaires étrangères sur l’avenir de ce pays ?
— J’ai participé à la réunion sur l’Iraq à New York qui a
réuni les cinq membres permanents du Conseil de sécurité,
huit voisins de l’Iraq, la Ligue arabe, l’Union européenne,
l’Organisation de la conférence islamique, la Banque
mondiale et le Fonds monétaire international. L’un des
objectifs de la rencontre était l’application de la
résolution 1 770 du Conseil de sécurité de l’Onu, qui
accorde un grand rôle aux Nations-Unies en Iraq que ce soit
sur le plan régional avec ses voisins, la réconciliation
interne, l’aide humanitaire ou la reconstruction du pays.
C’était aussi l’occasion d’affirmer la nécessité de l’unité
et de la souveraineté de l’Iraq, et l’importance d’instaurer
une réconciliation nationale entre les différents courants
et communautés iraqiens. La réunion était l’occasion de
souligner l’importance de continuer le dialogue et la
coopération régionale et de discuter des demandes iraqiennes
d’aides humanitaires.
— La crise du Darfour semble se compliquer. Comment entend
l’Egypte faire pour aider à résoudre ce problème ?
— Le Soudan est confronté à une série de crises que ce soit
au sud, à l’ouest, ou à l’est. Nous proposons différentes
initiatives et nous utilisons nos contacts équilibrés avec
toutes les parties internationales et régionales concernées
afin d’établir la paix et la stabilité partout au Soudan.
Nous avons soutenu totalement l’accord de paix entre
l’ancienne rébellion sudiste et le gouvernement de Khartoum.
Le gouvernement égyptien a commencé à exécuter un programme
complet de projets de reconstruction et de développement au
Sud-Soudan qui comprend des projets d’électricité.
En ce qui concerne la crise du Darfour, l’Egypte participe à
la force africaine et a proposé de participer à la force
hybride Onu/Union africaine qui devrait être déployée dans
cette région de l’ouest du Soudan. L’Egypte a offert aussi
d’envoyer des policiers et du personnel technique. L’Egypte
a aussi participé aux négociations d’Abuja qui ont abouti à
l’accord de paix sur le Darfour. Elle utilise tous ses liens
avec toutes les parties du conflit, y compris les mouvements
rebelles, afin d’assurer le succès des négociations qui
auront lieu à Tripoli, en Libye, entre le gouvernement
soudanais et les mouvements de rébellion en octobre
prochain. Sur le plan du développement, Le Caire a proposé
un projet de creusement de 40 puits pour obtenir de l’eau
pour les habitants de Darfour.
— Les membres des Nations-Unies négocient une Convention de
lutte contre le terrorisme. Quelle part joue l’Egypte dans
ce domaine ?
— L’Egypte insiste notamment sur la nécessité de faire la
distinction entre le droit des peuples à résister à
l’occupation militaire et les opérations terroristes qu’il
faut combattre. Elle tient aussi à introduire dans cette
Convention une disposition concernant le terrorisme d’Etat
qui consiste en une mauvaise utilisation de la force contre
les civils, violant ainsi les principes du droit
international et ceux de la charte de l’Onu.
Propos recueillis par Aïcha Abdel-Ghaffar