Paroles d'un diplomate.
L’ambassadeur de France au Caire,
Philippe Coste, a été l’invité la semaine dernière du
Conseil égyptien des Affaires extérieures. Il a saisi
l’occasion pour faire le point sur la politique française au
Proche-Orient.
« Développer le dialogue revient à encourager et aider les
forces de la modération »
«
Je pourrais commencer par les relations entre la France et
l’Egypte … Depuis les élections présidentielles françaises,
il y a moins de quatre mois, le président Moubarak a
effectué une visite officielle en France, le ministre
Bernard Kouchner a visité deux fois Le Caire et le président
Sarkozy visitera l’Egypte début 2008 », a affirmé
l’ambassadeur de France, Philippe Coste, devant une audience
de diplomates et d’intellectuels réunis à l’invitation du
Conseil égyptien des Affaires étrangères. La France et l’Egypte
partagent toujours beaucoup de principes. Les deux pays
attachent beaucoup d’importance à la paix et
à la stabilité régionales,
lesquelles sont indispensables au développement économique,
estime M. Coste. « Nos grandes priorités sont les mêmes :
comment éviter un choc entre les forces du progrès et toute
forme de radicalisme, comment combattre et éliminer le
terrorisme », note l’ambassadeur. Pour lui, développer le
dialogue revient à encourager et aider les forces de la
modération, de la tolérance et de la modernité. « Une
coopération entre les pays du Moyen-Orient et l’Europe est à
ce regard indispensable ».
Dans son allocution, l’ambassadeur français a touché à tous
les grands dossiers régionaux, expliquant à chaque fois la
position de son pays. Commençant par l’Iraq, Philippe Coste
rappelle que la France a été et reste hostile à la guerre en
Iraq. « Mais même si nous désapprouvons la guerre, nous ne
pouvons pas ignorer ses conséquences et c’est pour cela que
nous sommes prêts à aider les Iraqiens ».
Coste estime par ailleurs que le dossier israélo-palestinien
est très important pour la diplomatie française : « La
solution à long terme est bien connue : deux Etats vivant
côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières sûres
et reconnues ». Concernant le Liban, il précise que la
France et l’Egypte ont des points extrêmement proches, sinon
identiques. « Nous ne supportons aucun individu, aucun
groupe ou clan en particulier. Nous sommes pour la liberté,
l’indépendance et la souveraineté totales du Liban, comme le
soulignent les résolutions du Conseil de sécurité ».
Elucidant la position de la France vis-à-vis de l’Iran,
Coste s’empresse de préciser que les récentes déclarations
du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, ont
été mal interprétées. « Je dois rappeler qu’ensemble avec
l’Allemagne et l’Angleterre, c’est la France qui a pris
l’initiative des négociations avec l’Iran depuis plusieurs
années. Certains ont compris que les pays occidentaux
étaient sur le point d’attaquer militairement l’Iran, alors
que ce que le ministre Kouchner essayait de dire, c’est
qu’une guerre contre l’Iran serait simplement la pire chose
qui pouvait se passer ».
Finalement, en ce qui concerne le projet de l’Union
méditerranéenne, un projet cher au nouveau président
Français, Philippe Coste a souligné que l’idée n’est pas de
créer un nouveau forum de discussion politique mais plutôt
une solidarité pratique. « A cet égard, le président Sarkozy
a proposé quatre piliers : l’environnement, le dialogue
culturel, le développement économique et la sécurité ». Dans
chacun de ces domaines, les pays de l’union travailleront
ensemble pour mettre en œuvre des projets et mobiliser les
entreprises et les organisations civiles qui souhaiteraient
y participer.
Aïcha
Abdel-Ghaffar