Energie.
Le gouvernement a mis en place un nouveau plan pour
baisser graduellement les subventions à l’énergie destinée à
l’industrie, les plus lourdes pour le budget. Son prix reste
cependant relativement bon marché.
La fin d’un âge d’or
Quatorze
nouvelles usines de ciment devraient prochainement voir le
jour. Le nouveau plan prévoyant la hausse des prix de
l’énergie vendue au secteur industriel ne semble pas avoir
coupé l’appétit des investisseurs.
Quelques mois après les déclarations du ministre de
l’Investissement, selon lesquelles le gouvernement ne
permettra pas les projets qui exportent « l’énergie
égyptienne en bouteilles », le gouvernement cède donc devant
les pressions des investisseurs.
La première zone industrielle saoudienne sera donc créée en
Egypte. 60 % de ses investissements se dirigeront vers le
secteur des matières de construction.
Autrement dit, l’Arabie saoudite, numéro un mondial de
production de pétrole, investit en Egypte, pauvre en
ressources pétrolières, pour bénéficier des prix hautement
subventionnés à l’énergie. Ces subventions, à hauteur de 9
milliards de L.E. par an, selon le budget de l’Etat de
2007/08, renferment le mazout, le gasoil, le gaz naturel et
l’électricité. En fait, les prix de celle-ci resteraient
moins élevés que le reste de la région, en dépit d’un plan
qui prévoit de doubler les prix actuels de l’énergie servant
à l’industrie. Ce plan va être mis en œuvre avant la fin de
2007.
En fait, les subventions à l’énergie allouées au secteur
industriel font plus de mal que de bien à l’économie
égyptienne. Tout d’abord, la plus grande partie revient à un
nombre d’entreprises lourdement dépendantes de l’énergie.
Les subventions entraînent des prix de l’énergie très
compétitifs. « Ces industries sont très polluantes et
épuisent des ressources non renouvelables », avertit
Abdallah Chéhata, professeur d’économie à l’Université du
Caire et auteur d’une récente étude sur la question, publiée
par le Centre égyptien d’études économiques.
En deuxième lieu, ces industries, à savoir celles des
engrais, du ciment, du fer et de l’acier, de la céramique,
du verre et du papier créent chacune dans son secteur des
monopoles ou des cartels. Ces entreprises, regroupant des
multinationales et des hommes d’affaires de grand poids au
sein du Parti National Démocrate (PND), imposent leurs prix.
Résultat : le taux de profitabilité de ces industries en
Egypte dépasse en général celui des pays de l’Europe, de
l’Amérique du Nord, de l’Asie et du Pacifique. Abdallah
Chéhata note que les chiffres de la Bourse du Caire révèlent
que le taux de profitabilité du secteur du fer et de l’acier
a été de 22,4 % en moyenne en 2005, celui du ciment de 33,8
%. « Les engrais font des profits de 26,4 % contre 2 % au
Royaume uni », renchérit-il.
Face à cette conjoncture, le ministère du Commerce et de
l’Industrie, après avoir consulté l’Union des industries, a
mis en place un mécanisme pour la hausse graduelle des prix
de l’énergie utilisée dans l’industrie d’ici 5 ans. Les
détails du mécanisme restent confidentiels, mais Rachid
Mohamad Rachid, ministre de l’Industrie, en a dévoilé les
grandes lignes. « Les industries lourdement dépendantes de
l’énergie subiront cette hausse dans deux ans. Les nouvelles
entreprises auront un peu plus de temps ». Il s’agit donc de
doubler le prix actuel d’ici 5 ans pour atteindre 2,6
dollars l’unité d’énergie (1 million d’unités thermiques
britanniques). Ce qui reste très inférieur à la moyenne
internationale qui est de 5,5 dollars.
D’ailleurs, la deuxième phase du plan renferme l’adoption
d’un mécanisme qui relie les prix locaux aux prix
internationaux, selon une équation qui garde toujours
l’énergie locale moins chère. « Il est important que nous
maintenions des prix compétitifs pour pouvoir attirer les
investissements étrangers, d’autant plus que la région
dispose d’une énergie relativement bon marché », avance Amr
Assal, président de l’Organisme du développement industriel.
Les industriels dans l’ensemble accueillent favorablement le
plan. Mohamad Aboul-Einein, président de la commission de
l’industrie et de l’énergie à l’Assemblée du peuple et
lui-même propriétaire de l’une des plus grandes usines de
céramique, salue la démarche du gouvernement. « Les
producteurs et les importateurs sont les seuls bénéficiaires
de ces subventions, au détriment des gens aux revenus
limités », assure-t-il. Chérif Al-Gabali, vice-président de
l’Union des industries et l’un des grands producteurs
d’engrais, assure pour sa part que « les prix de nos
produits resteront compétitifs. L’énergie est 3 ou 4 fois
plus chère dans d’autres pays ». Abdallah Chéhata, lui,
assure qu’une baisse de moitié des subventions pour la
production d’engrais, par exemple, n’impliquerait une hausse
de prix de vente que de 6 %.
Toujours selon Chéhata, le taux de profitabilité des
industries, lourdement consommatrices d’énergie, restera
élevé même si une annulation totale des subventions
survenait, et ce surtout en cas d’exportation. La question
est donc : pourquoi le gouvernement ne supprime-t-il pas
toutes ces subventions ?.
Salma
Hussein
Marwa Hussein