Al-Ahram Hebdo, Dossier | La fin d’un âge d’or
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 Semaine du 8 au 14 août, numéro 674

 

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Dossier

Energie. Le gouvernement a mis en place un nouveau plan pour baisser graduellement les subventions à l’énergie destinée à l’industrie, les plus lourdes pour le budget. Son prix reste cependant relativement bon marché.

La fin d’un âge d’or

Quatorze nouvelles usines de ciment devraient prochainement voir le jour. Le nouveau plan prévoyant la hausse des prix de l’énergie vendue au secteur industriel ne semble pas avoir coupé l’appétit des investisseurs.

Quelques mois après les déclarations du ministre de l’Investissement, selon lesquelles le gouvernement ne permettra pas les projets qui exportent « l’énergie égyptienne en bouteilles », le gouvernement cède donc devant les pressions des investisseurs.

La première zone industrielle saoudienne sera donc créée en Egypte. 60 % de ses investissements se dirigeront vers le secteur des matières de construction.

Autrement dit, l’Arabie saoudite, numéro un mondial de production de pétrole, investit en Egypte, pauvre en ressources pétrolières, pour bénéficier des prix hautement subventionnés à l’énergie. Ces subventions, à hauteur de 9 milliards de L.E. par an, selon le budget de l’Etat de 2007/08, renferment le mazout, le gasoil, le gaz naturel et l’électricité. En fait, les prix de celle-ci resteraient moins élevés que le reste de la région, en dépit d’un plan qui prévoit de doubler les prix actuels de l’énergie servant à l’industrie. Ce plan va être mis en œuvre avant la fin de 2007.

En fait, les subventions à l’énergie allouées au secteur industriel font plus de mal que de bien à l’économie égyptienne. Tout d’abord, la plus grande partie revient à un nombre d’entreprises lourdement dépendantes de l’énergie. Les subventions entraînent des prix de l’énergie très compétitifs. « Ces industries sont très polluantes et épuisent des ressources non renouvelables », avertit Abdallah Chéhata, professeur d’économie à l’Université du Caire et auteur d’une récente étude sur la question, publiée par le Centre égyptien d’études économiques.

En deuxième lieu, ces industries, à savoir celles des engrais, du ciment, du fer et de l’acier, de la céramique, du verre et du papier créent chacune dans son secteur des monopoles ou des cartels. Ces entreprises, regroupant des multinationales et des hommes d’affaires de grand poids au sein du Parti National Démocrate (PND), imposent leurs prix.

Résultat : le taux de profitabilité de ces industries en Egypte dépasse en général celui des pays de l’Europe, de l’Amérique du Nord, de l’Asie et du Pacifique. Abdallah Chéhata note que les chiffres de la Bourse du Caire révèlent que le taux de profitabilité du secteur du fer et de l’acier a été de 22,4 % en moyenne en 2005, celui du ciment de 33,8 %. « Les engrais font des profits de 26,4 % contre 2 % au Royaume uni », renchérit-il.

Face à cette conjoncture, le ministère du Commerce et de l’Industrie, après avoir consulté l’Union des industries, a mis en place un mécanisme pour la hausse graduelle des prix de l’énergie utilisée dans l’industrie d’ici 5 ans. Les détails du mécanisme restent confidentiels, mais Rachid Mohamad Rachid, ministre de l’Industrie, en a dévoilé les grandes lignes. « Les industries lourdement dépendantes de l’énergie subiront cette hausse dans deux ans. Les nouvelles entreprises auront un peu plus de temps ». Il s’agit donc de doubler le prix actuel d’ici 5 ans pour atteindre 2,6 dollars l’unité d’énergie (1 million d’unités thermiques britanniques). Ce qui reste très inférieur à la moyenne internationale qui est de 5,5 dollars.

D’ailleurs, la deuxième phase du plan renferme l’adoption d’un mécanisme qui relie les prix locaux aux prix internationaux, selon une équation qui garde toujours l’énergie locale moins chère. « Il est important que nous maintenions des prix compétitifs pour pouvoir attirer les investissements étrangers, d’autant plus que la région dispose d’une énergie relativement bon marché », avance Amr Assal, président de l’Organisme du développement industriel.

Les industriels dans l’ensemble accueillent favorablement le plan. Mohamad Aboul-Einein, président de la commission de l’industrie et de l’énergie à l’Assemblée du peuple et lui-même propriétaire de l’une des plus grandes usines de céramique, salue la démarche du gouvernement. « Les producteurs et les importateurs sont les seuls bénéficiaires de ces subventions, au détriment des gens aux revenus limités », assure-t-il. Chérif Al-Gabali, vice-président de l’Union des industries et l’un des grands producteurs d’engrais, assure pour sa part que « les prix de nos produits resteront compétitifs. L’énergie est 3 ou 4 fois plus chère dans d’autres pays ». Abdallah Chéhata, lui, assure qu’une baisse de moitié des subventions pour la production d’engrais, par exemple, n’impliquerait une hausse de prix de vente que de 6 %.

Toujours selon Chéhata, le taux de profitabilité des industries, lourdement consommatrices d’énergie, restera élevé même si une annulation totale des subventions survenait, et ce surtout en cas d’exportation. La question est donc : pourquoi le gouvernement ne supprime-t-il pas toutes ces subventions ?.

Salma Hussein
Marwa Hussein

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3 QUESTIONS A

Abdallah Chéhata, économiste au Centre égyptien d’études économiques.

« La hausse doit être graduelle, prévue et transparente »

Al-Ahram Hebdo : La hausse prévue des prix de l’énergie est-elle inévitable ?

Abdallah Chéhata : Oui, la stagnation des prix qui a perduré pendant plus de 10 ans est absolument illogique. Par exemple, le prix des bonbonnes de gaz, utilisées pour cuisiner, est resté fixé à 2,5 L.E. pendant 17 ans. Le gel des prix tout au long de cette période est justifié par des raisons politiques, ce qui crée un fardeau budgétaire croissant. Le gouvernement se trouve finalement obligé de procéder à une importante hausse susceptible de mener à un plus grand malaise social. Cette situation indique que le gouvernement manque de vision claire concernant la détermination des prix de l’énergie. 

— Mais le gouvernement actuel a annoncé qu’il allait graduellement augmenter les prix. N’est-ce pas un changement conforme à vos réclamations ?

— Il ne suffit pas d’annoncer l’intention de hausser les prix. Il faut prévenir les consommateurs et les informer du quand et du combien. En d’autres termes, la hausse doit être graduelle, prévue et transparente.

— N’y a-t-il aucun effet positif à la hausse des prix ?

— En théorie, la hausse des prix doit mener à rationaliser la consommation de l’énergie. De plus, les sommes allouées aux subventions de l’énergie pourraient être réorientées vers d’autres secteurs qui profitent davantage aux plus pauvres. Mais en réalité, la hausse des prix de l’énergie est accompagnée par une plus grande hausse des prix de tous les produits de consommation, ce qui efface les effets positifs théoriques.

— Pouvez-vous préciser ce point ?

— D’habitude, la baisse des subventions sur les produits de l’énergie signifie une hausse des prix de ces produits qui, à son tour, entraîne une hausse des prix des biens et services qui en dépendent, comme, par exemple, les prix des transports. Dans le cas de l’Egypte, le problème est l’absence de tout mécanisme de surveillance des prix. Par exemple, l’année dernière, quand le gouvernement a augmenté de 30 % le prix de l’essence, les microbus ont haussé leur tarif par personne de plus de 50 %. Alors que le coût de l’énergie ne représente qu’une partie du coût total des moyens de transport. Il en est de même pour l’industrie. Le marché est peu surveillé et dominé par des monopoles. Ni l’Autorité antimonopole, ni l’Autorité de la protection des consommateurs n’ont les compétences nécessaires pour assumer leur rôle.

Propos recueillis par
S. H. et M. H.

 




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