Bilan
A deux semaines de l’évaluation très attendue de la
stratégie américaine en Iraq devant le Congrès, celle-ci
est d’ores et déjà mise à mal par la situation sur le
terrain.
Attentats suicide, assassinats politiques explosifs,
enlèvements, combats. Toutes sortes de violence qui se
sont traduites, selon un décompte du site Internet Iraq
Body Count, par la mort d’au moins 70 180 civils
iraqiens, depuis l’invasion américaine du pays le 20
mars 2003. Les forces de sécurité iraqiennes ont
également payé un lourd tribut puisque, selon les
autorités, au moins 12 000 policiers sont tombés depuis
cette même date.
De
son côté, la Force multinationale en Iraq dirigée par
les Etats-Unis a perdu 4 012 hommes, dont une majorité
d’Américains (plus de 3 700), depuis le renversement de
Saddam Hussein.
Le
président George W. Bush joue gros. Face au coût humain
et financier d’une guerre impopulaire et à l’incapacité
de stabiliser l’Iraq, ses adversaires démocrates et une
partie de ses amis républicains réclament un
désengagement voulu par la plupart des Américains. M.
Bush va au-devant d’une échéance cruciale, avec un
rapport attendu mi-septembre et évaluant la stratégie
controversée annoncée en janvier. M. Bush avait alors
décidé d’envoyer 30 000 soldats supplémentaires en Iraq.
Le Congrès démocrate a échoué jusqu’alors à imposer à M.
Bush un calendrier de retrait qu’il refuse. Mais le
président a dû accepter de soumettre le gouvernement
iraqien à une obligation de résultats et de rendre
compte régulièrement au Congrès. La pression sur M. Bush
devrait redoubler d’ici mi-septembre et l’examen du
rapport de l’ambassadeur américain à Bagdad, Ryan
Crocker, et du général David Petraeus, commandant de la
force multinationale. Mais d’ores et déjà, un rapport du
renseignement américain rendu public jeudi a dressé un
sombre constat de la situation sur le terrain, la
fragilité du gouvernement de Bagdad et les insuffisances
de ses forces de sécurité. De son côté, M. Crocker a
jugé la semaine dernière les progrès politiques en Iraq
« très décevants ».
En
effet, le premier ministre iraqien se débat avec une
crise politique apparemment inextricable. Nouri Al-Maliki
a été jusqu’ici incapable de rallier les partis sunnites
qui ont quitté son gouvernement en l’accusant de
privilégier la communauté chiite, ou de s’entendre avec
les formations chiites radicales qui le boycottent en
lui reprochant son alliance avec les Etats-Unis. Les
doutes vont grandissant sur sa faculté de réconcilier
les communautés, en même temps que les doutes sur la
faculté du Parlement de s’entendre sur des réformes
jugées indispensables, notamment celle concernant la
gestion des ressources pétrolières .