Liban.
Le départ des civils du camp de Nahr Al-Bared permet une
accélération des opérations militaires et marque un tournant
dans la bataille.
Le début de la fin de l’insurrection
Les
événements se sont accélérés cette semaine au nord du Liban.
Après l’évacuation des familles des combattants islamistes
du Fatah Al-Islam, l’armée libanaise a indiqué dimanche
dernier que ses frappes contre leurs positions à Nahr
Al-Bared, dans le nord du Liban, seraient « plus intenses du
fait du départ des derniers civils vendredi », a déclaré un
porte-parole de l’armée. Déjà, une soixantaine de civils,
les derniers restés à Nahr Al-Bared, ont quitté le camp au
terme d’une médiation menée par le Rassemblement des oulémas
palestiniens. « Avant, nous faisions preuve de prudence vu
la présence de femmes et d’enfants. Ce ne sera plus le cas
dorénavant », a-t-il ajouté.
En première réaction, l’armée libanaise a repris, depuis
samedi dernier, ses bombardements et raids aériens sur le
camp palestinien et annoncé son intention de vaincre les
islamistes du Fatah Al-Islam. « Nous maintiendrons la
pression sur les islamistes jusqu’à ce qu’ils répondent à
nos appels à la reddition », a déclaré un porte-parole de
l’armée. Ce dernier a ajouté que les renseignements tirés
des interrogatoires des 63 membres des familles des
islamistes évacués pourraient aider l’armée dans la dernière
phase de la bataille. Le commandant en chef de l’armée, le
général Michel Sleimane, a de son côté assuré que « la fin
des opérations militaires ne saurait plus tarder. Les
interrogatoires ont fourni à l’armée de précieux
renseignements sur ce qui se passe à l’intérieur du camp,
combien de combattants il reste, combien de blessés, quelle
logistique, combien de bunkers, si les commandants sont
vivants, comme Chaker Al-Abssi », a souligné Sleimane.
Selon les analystes, les combats vont sûrement se terminer
avec la mort des islamistes. « Pour eux, la mort est
l’option la plus digne. s’ils se résignent, ils seraient
torturés par les autorités jusqu’à la mort », estime le Dr
Gamal Zahrane, professeur à la faculté de sciences
politiques et économiques de l’Université du Canal du Suez.
« Même s’ils s’échappent, l’armée peut les arrêter
facilement parce qu’elle a déjà tous leurs détails physique
et moral. Elle peut facilement recevoir tous ces détails de
la part de leurs familles, une fois interrogées », explique
le Dr Zahrane. L’armée a plusieurs fois accusé les
islamistes d’utiliser leurs familles comme boucliers
humains, et estimé que leur présence contribuait à ralentir
la progression des soldats.
Depuis le 9 août, l’armée bombarde quotidiennement ces
positions avec des bombes de 250 ou de 400 kilos larguées
par des hélicoptères. Mais ces bombardements, en plus des
tirs d’artillerie et d’obus de chars, n’ont toujours pas
permis aux soldats de venir à bout des derniers combattants
du Fatah Al-Islam. Ce groupe sunnite est composé de
combattants palestiniens, libanais et d’autres nationalités
arabes, bien entraînés, bien armés, motivés et prêts à
mourir. Il s’était infiltré en 2006 à Nahr Al-Bared, l’un
des plus grands camps palestiniens du Liban, et reconnaît
des liens idéologiques avec Al-Qaëda. Plus de 200 personnes,
dont 142 soldats, ont péri dans les combats, les plus
meurtriers depuis la fin de la guerre civile au Liban en
1990. Ce bilan ne tient pas compte des islamistes tués, dont
les corps sont restés dans le camp .
Maha
Salem