Palestine .
Le Hamas et le Fatah se livrent à une bataille politique
sans relâche, au détriment des intérêts les plus
élémentaires de la population.
Tirs croisés de mesures
Le
clivage entre le Fatah avec en tête le président de
l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass et le Hamas est plus
que jamais patent. Chaque clan multiplie ses manœuvres
visant à en finir avec l’autre ou au moins à l’évincer. Une
lutte dont les signes se perçoivent dans les décisions
prises des deux côtés.
C’est dans ce cadre que le président palestinien Mahmoud
Abbass a décidé de limoger, samedi dernier, tous les
fonctionnaires de l’Autorité palestinienne relevant du Hamas
nommés après les accords de La Mecque entre son parti, le
Fatah, et le mouvement islamique. Selon une source
palestinienne, cette décision a été proposée par le chef du
gouvernement Salam Fayyad et arrêtée par M. Abbass. Elle
sera applicable tant que le Hamas continuera d’assumer le
contrôle de la bande de Gaza par la force.
Le Hamas a en effet pris le contrôle par la force de la
bande de Gaza le 15 juin après avoir mis en déroute les
forces du Fatah fidèles à M. Abbass. Le Fatah et le Hamas
avaient signé le 8 février à La Mecque un accord mettant fin
à une année de violences qui s’étaient soldées par des
centaines de morts dans les deux camps. Un gouvernement
d’union nationale dirigé par Ismaïl Haniyeh (Hamas) avait
ensuite été présenté à M. Abbass (Fatah) et investi par le
Conseil législatif palestinien (Parlement). M. Abbass a
limogé ce gouvernement d’union nationale après la prise de
contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, et l’a remplacé
par le cabinet d’urgence de M. Fayyad.
Cette décision présidentielle a coïncidé avec une autre : la
publication d’un décret déclarant coupable tous ceux qui
entrent dans les Forces exécutives du mouvement islamique du
Hamas. Cela après que la force de police du Hamas a
participé aux côtés de la branche armée du Hamas à Gaza à
combattre le Fatah et les forces fidèles au président Abbass.
Ce qui a conduit à ce que les islamiques prennent le
contrôle de la bande de Gaza à la mi-juin. « Toute personne
entrant dans les forces exécutives ou dans les milices du
Hamas encoure une peine de prison allant de 3 et 7 ans »,
annonce le décret. « Les Forces exécutives et les milices du
Hamas sont illégales et interdites », ajoute le décret.
Mahmoud Abbass a également donné l’ordre aux banques de
geler les comptes des membres des forces exécutives.
Arrestation du procureur général
Face à ces mesures, le Hamas ne reste pas les bras croisés.
Le procureur général des Territoires palestiniens, Ahmed
Al-Mghani, proche du Fatah, a été brièvement interpellé, à
son bureau de Gaza, par la Force exécutive du Hamas, avant
d’être relâché. Il a reçu l’ordre de ne pas quitter le
territoire, et de ne pas reprendre ses fonctions.
L’arrestation du procureur général, l’un des personnages les
plus importants du système judiciaire palestinien, n’a duré
qu’une heure ou deux. C’est la première fois que le Hamas
s’en prend à un haut responsable de l’Autorité palestinienne
à Gaza.
Les hommes de la Force exécutive ont forcé le bureau d’Ahmed
Al-Mghani, l’accusant de dissimuler des documents
compromettant pour le Fatah. Ahmed Al-Mghani est le dernier
de plusieurs fonctionnaires fidèles au gouvernement de
Ramallah qui ont été inquiétés par le Hamas, ces dernières
semaines. Des incidents qui témoignent d’un durcissement de
l’emprise des islamistes sur la bande de Gaza.
Depuis quelques jours, les Gazaouis doivent par exemple
demander une autorisation préalable aux forces du Hamas pour
tenir une manifestation ou même une fête de mariage. Autant
de signes d’un climat qui s’alourdit. Rares sont les
journalistes de Gaza qui se risquent à critiquer ouvertement
le nouveau pouvoir. Depuis Ramallah, le président Mahmoud
Abbass a accusé le Hamas de vouloir imposer la dictature des
milices aux Palestiniens. Il est ainsi clair que le combat
entre le Hamas et le Fatah n’aura que des répercussions
néfastes sur la situation dans les territoires occupés. La
situation à Gaza, déjà lamentable, se détériore de plus en
plus avec la fermeture de sa principale centrale électrique,
en dépit d’une promesse d’Israël de reprendre les livraisons
de fioul suspendues à la fin de la semaine dernière. Israël
a ouvert dimanche le point de passage de Nahal Oz pour
permettre la livraison de fioul au territoire, contrôlé
depuis juin par le mouvement islamiste Hamas, mais la
direction de la centrale a déclaré que la compagnie privée
israélienne Dor Alon n’avait encore livré aucun combustible.
Des responsables palestiniens ont expliqué que le programme
d’aide de l’Union européenne, qui finance les achats de
fioul par la centrale, n’avait pas encore envoyé
d’observateurs au point de passage afin de faciliter la
livraison, ainsi que le prévoit la procédure. Dor Alon ne
s’est pas exprimée dans l’immédiat, mais des responsables
ont expliqué que la compagnie retardait la livraison tant
qu’elle ne savait pas qui la paierait.
La moitié environ des 1,5 million d’habitants de la bande de
Gaza sont affectés par la fermeture de la centrale, ont
déclaré des responsables de l’installation.
Rania
Adel