Guides Touristiques .
La concurrence étrangère constitue un danger pour ce métier
en Egypte. Le cas des Japonais se pose aujourd’hui avec
acuité.
Les Nippons au pays des pharaons
Le
Syndicat des guides touristiques mène actuellement une
campagne acharnée contre les agences de voyages qui engagent
des guides étrangers plutôt qu’égyptiens. « Ce n’est pas
l’intérêt public qui les pousse à avoir recours à ces guides
mais c’est leur propre intérêt avec leurs agents étrangers
qui les incite à porter atteinte à ce métier. Nous avons en
Egypte des guides compétents qui maîtrisent presque toutes
les langues vivantes et qui sont les plus qualifiés pour
expliquer l’histoire de leur pays », affirme Walid
Al-Battouti, vice-président du Syndicat des guides
touristiques.
Et ce n’est pas la première fois que les guides touristiques
égyptiens se trouvent menacés par des guides étrangers. Il y
a quelque temps, c’étaient les Turcs qui causaient le
problème et voilà aujourd’hui que les Japonais viennent leur
faire concurrence.
Un comité a donc été formé au sein du Syndicat des guides,
avec pour mission de collecter toutes les informations
concernant les guides touristiques étrangers qui exercent le
métier en Egypte en contravention à la loi n°121 de l’année
1983. Cette dernière interdit, en fait, à n’importe quelle
personne de travailler comme guide touristique sauf si elle
a la nationalité égyptienne et une autorisation du ministère
du Tourisme. « Le comité aura aussi pour charge de s’assurer
des compétences scientifiques de ces guides ainsi que de
leur lieu de résidence dans le pays, d’autant plus que la
plupart d’entre eux vivent d’une manière illégale en Egypte
depuis des années », reprend Walid Al-Battouti.
Au fond, le problème réside dans le permis de traduction
qu’octroie le ministère du Tourisme à des étrangers qui sont
supposés accompagner les groupes touristiques pour leur
faire la traduction, surtout quand il s’agit d’une langue
rare. Les agences de voyage détournent cette autorisation et
transforment les interprètes en guides. Une délégation du
syndicat et des guides connaissant le japonais a tenu une
réunion avec les responsables du ministère du Tourisme pour
mettre fin à cette situation qui s’est répétée à plusieurs
reprises et qui menace l’avenir des guides égyptiens qui
n’ont aucune autre source de revenus pour gagner leur vie.
« Le guide égyptien est soumis à de nombreux examens et à
plusieurs investigations de la part des services de
sécurité, qui peuvent durer plus de six mois, avant que ne
lui soit accordé le permis de travail. Par contre, les
guides étrangers n’ont qu’à payer 110 L.E. au ministère du
Tourisme pour obtenir l’autorisation. D’un autre côté, il y
a dix ans, la langue japonaise était vraiment rare en Egypte.
Maintenant, la situation a complètement changé puisqu’on
compte actuellement 226 guides qui la connaissent, ce qui
est largement suffisant à comparer au nombre de Japonais qui
visitent l’Egypte », explique un guide touristique qui a
requis l’anonymat. « Une crise pareille s’est déclenchée
dernièrement avec le turc, mais les autorités se sont hâtées
de promulguer une loi qui protège l’intérêt des guides de
langue turque. On attend de notre ministère une réaction
pareille pour protéger les droits des guides égyptiens »,
ajoute le guide.
Il est à noter qu’une langue est dite rare dans le domaine
des guides si une minorité de guides égyptiens la possède. «
Il y a encore en Egypte 18 langues considérées comme rares,
telles que le finlandais, le coréen, le néerlandais ainsi
que toutes les langues scandinaves », souligne Walid
Al-Battouti.
« Pour résoudre le problème, le ministère s’est entendu avec
la délégation du Syndicat des guides d’accorder des permis
de traduction aux guides japonais, qui sont seulement au
nombre de 19, pour une période de trois mois seulement, tout
en étudiant le marché japonais et ses besoins durant ce
délai », indique Talaat Amer, directeur du département des
guides touristiques au ministère du Tourisme. Il ajoute que
ce permis sera renouvelé s’il s’avère qu’il y a un manque
constaté.
Dalia
Farouk