Paralysie
La
coalition gouvernementale iraqienne est au bord de
l’éclatement. Sur les 40 ministres du gouvernement,
présenté au complet le 8 juin 2006, 17 ont démissionné,
présenté leur démission ou boycottent les réunions du
cabinet.
La
semaine dernière, quatre ministres de la Liste nationale
iraqienne, des laïcs proches de l’ancien premier
ministre, Iyad Allaoui, ont décidé de boycotter le
gouvernement de Nouri Al-Maliki, déjà fragilisé par la
démission récente de six ministres sunnites. Les
ministres pourraient démissionner si leurs demandes
n’étaient pas prises en compte, rejoignant leurs
collègues sunnites du Front de la Concorde nationale et
chiites du groupe Sadr. Le 1er août, les 6 ministres du
Front, principal bloc sunnite au gouvernement avec 44
des 275 sièges, avaient remis leur démission au premier
ministre, à l’issue d’un mois de désaccord. Avant eux,
en juin, 5 ministres, alliés au dirigeant radical chiite
Moqtada Al-Sadr, avaient démissionné.
Le
premier ministre est désormais bien en peine d’honorer
les promesses faites au peuple iraqien il y a tout juste
quatorze mois : réconciliation nationale, sécurité et
reconstruction du pays. Depuis l’invasion américaine du
pays en 2003, l’Iraq est plongé dans des conflits
interconfessionnels qui ont fait des dizaines de
milliers de morts et rongent le gouvernement lui-même.
Les ministres du Front de la Concorde protestent contre
les raids et campagnes d’arrestations menés, selon lui,
par des milices chiites alliées à la coalition de M.
Maliki contre la minorité sunnite. De leur côté, les
chiites accusent les sunnites, au pouvoir sous Saddam
Hussein, de soutenir des groupes d’insurgés auteurs
d’attentats.
Les
sunnites, en colère contre un gouvernement au bord de la
paralysie, sont rejoints par les Etats-Unis, qui
montrent des signes d’impatience à un moment où la
pression interne monte pour un retrait des quelque 155
000 soldats américains déployés en Iraq.
Quant à la population iraqienne, elle est la première
victime du chaos : le nombre de civils tués en juillet
avait atteint son plus haut niveau depuis le déploiement
des renforts américains il y a quelques mois. Ainsi, pas
moins de 1 652 civils ont-ils été tués en juillet contre
1 241 en juin, soit une hausse de 33 %. Dans ces
conditions, les Iraqiens semblent davantage préoccupés
par leurs problèmes quotidiens que par les
considérations politiques : insécurité et violence
grandissantes, pénurie d’eau et d’électricité.
Al-Ahram
Hebdo