Palestine .
Le Hamas et le Fatah se tournent toujours le dos. Un état
qui profite à Israël qui cherche à saisir cette occasion
pour isoler davantage le mouvement islamiste.
A couteaux tirés
Le
fossé entre le Hamas et le Fatah s’élargit jour après
l’autre, une consécration de la rupture entre la bande de
Gaza et la Cisjordanie. Les deux parties refusent
d’engager tout dialogue. Le Hamas, d’un côté, tente de
réinstaurer l’ordre à Gaza et d’asseoir son pouvoir
militaire, alors que le gouvernement parallèle en
Cisjordanie, de l’autre, poursuit ses contacts avec l’Etat
hébreu.
Décidée à imposer la loi, la police du Hamas a matraqué des
Palestiniens, notamment des membres du Fatah, qui
protestaient lundi à Gaza contre les « violations des droits
de l’homme » par les islamistes, bravant une interdiction de
manifester. Une manière selon le Hamas de rétablir l’ordre,
alors que le Fatah y voit une façon d’imposer le pouvoir
militaire. Le Fatah de M. Abbass a accusé à plusieurs
reprises le Hamas d’exactions, de volonté de purger la
société de ses partisans et d’aspirer à l’instauration d’un
ordre islamique, ce que les dirigeants islamistes démentent.
Mais il va sans dire que le Hamas, en charge de la sécurité
dans la bande de Gaza, n’épargne aucun effort pour renforcer
sa présence dans le secteur. Samedi, il a annoncé la
création de sa nouvelle unité de garde-côtes, baptisée la
Police maritime.
Selon le porte-parole Saber Khalifeh, la nouvelle unité sera
composée de 150 hommes et commencera très prochainement à
patrouiller la côte de la bande de Gaza. Ses tâches
principales seront la lutte contre le trafic de drogues vers
Gaza, la protection des pêcheurs gazaouïs et la sécurité des
habitants sur la plage.
Il s’agit de la dernière mesure du Hamas pour rétablir
l’ordre et la sécurité dans la bande de Gaza, où le
mouvement a défait les forces de sécurité du Fatah en juin
dernier. Le Hamas a déjà établi une unité de police de
circulation et lancera bientôt une nouvelle agence de
sécurité interne, selon des responsables du mouvement.
Outre ces mesures visant à renforcer son pouvoir à Gaza, des
miliciens du Hamas ont arrêté 32 partisans du Fatah en
différents points de la bande de Gaza au cours de la nuit de
vendredi à samedi, souvent sans ménagement, selon des
témoins. La moitié des personnes appréhendées participaient
à un mariage et ont été interpellées à coups de matraque,
ont indiqué samedi des membres du Fatah. De mêmes sources on
faisait état de dix blessés. Les miliciens ont fait valoir
que des participants à ces festivités avaient tiré des coups
de feu en l’air, troublant l’ordre public, ce qu’ont démenti
les convives interrogés.
Après son coup de force dans la bande de Gaza en juin, le
Hamas s’était engagé à amnistier les combattants du Fatah.
On ignore pour l’heure si le coup de filet de la nuit est le
début d’une opération de répression anti-Fatah ou le
résultat d’incidents isolés. Dans un incident séparé,
survenu près d’Abbassan, village du sud de la bande de Gaza,
12 autres partisans du Fatah, dont un membre du conseil
municipal, ont été interpellés à l’issue de la prière du
vendredi, selon des militants du parti de Mahmoud Abbass.
Par ailleurs, cinq membres des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa,
la milice du Fatah, ont été arrêtés et placés en détention
durant cinq heures, subissant de mauvais traitements avant
d’être remis en liberté, selon des responsables du Fatah.
Les cinq miliciens n’étaient pas armés, précisait-on de
mêmes sources.
Israël appuie Mahmoud Abbass
Comme on s’est déjà habitué depuis la formation par le
président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass d’un
gouvernement parallèle en Cisjordanie, Israël multiplie les
gestes de bonne volonté à l’égard de ce dernier pour en
finir avec le Hamas. Un frémissement diplomatique se fait
déjà sentir avec la multiplication des rencontres
Abbass-Olmert. C’est dans ce cadre aussi que le premier
ministre palestinien, Salam Fayyad, rencontrera ce mercredi
la chef de la diplomatie israélienne Tzipi Livni dans la
ville cisjordanienne de Jéricho, ont affirmé dimanche des
conseillers de M. Fayyad. Les ministres jordanien et
japonais des Affaires étrangères devraient également
participer à cette réunion.
Le porte-parole du ministère israélien des Affaires
étrangères, Mark Regev, a confirmé qu’une rencontre
israélo-palestinienne était en préparation pour mercredi.
Les deux parties tentent de réduire les divergences qui
bloquent encore la reprise des discussions de paix depuis
que le président palestinien Mahmoud Abbass a exclu le Hamas
du gouvernement en juin dernier, à la suite du coup de force
du mouvement islamiste dans la bande de Gaza. Les Etats-Unis
encouragent Israéliens et Palestiniens à revenir à la table
des négociations et prévoient une rencontre internationale
sur ce thème à l’automne. Raison pour laquelle un
porte-parole du cabinet d’Ehud Olmert a annoncé qu’Israël
prendra bientôt une décision sur le fait de lever ou non les
restrictions de circulation des Palestiniens en Cisjordanie.
Depuis quelques semaines, les Etats-Unis insistent pour
qu’Israël donne des gages au président palestinien Mahmoud
Abbass en vue de la grande conférence sur le Proche-Orient
qui aura lieu en novembre à l’initiative de Washington.
Certes, les Palestiniens ont besoin que cette conférence
réussisse pour sortir de la galère, mais aussi Olmert
essaiera de son mieux de redorer son blason terni depuis la
guerre du Liban de l’été dernier. Mais est-ce suffisant pour
mener à bien cette conférence ? Plusieurs en doutent. « Il
faut un agenda bien précis des priorités des deux côtés. Au
cours de ses rencontres avec Abbass, Olmert n’évoque point
les questions-clés, à savoir les frontières du futur Etat
palestinien et le retour des réfugiés. De même, Abbass ne
peut rien faire sans régler au préalable ses différends avec
le Hamas. Tout accord qui sera entrepris sans l’acceptation
des autres factions palestiniennes et en l’occurrence du
Hamas n’aura aucune importance. D’où la difficulté que
rencontrera la conférence », soulignent les analystes.
Rania
Adel