Al-Ahram Hebdo, Evénement | Sur la ligne de feu
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 Semaine du 15 au 21 août 2007, numéro 675

 

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Faits divers. De récents incidents sanglants à Daqahliya, dans le Delta,  ont dévoilé un drame typique : la possession d’armes sans autorisation, le trafic de drogues et le manque de services dans les villages négligés par les Autorités. 

Sur la ligne de feu

Rien ne va plus. Des incidents sanglants ont eu lieu entre les habitants de deux villages voisins, Al-Dahriya et Kafr Al-Teraa Al-Qadima dans le gouvernorat de Daqahliya en Basse-Egypte. Tout a commencé lorsque 3 mineurs originaires du village Al-Dahriya, à bord d’un petit véhicule de transport, ont dragué Chaïmaa, 23 ans, du village Kafr Al-Teraa. Ils ont lancé une corde autour de son cou entraînant sa chute. La victime a été traînée sur le sol, les mineurs ont pris la fuite et le père a aussitôt dressé un procès-verbal auprès de la police. Le lendemain, les garçons ont été transférés au Parquet, qui a décidé de les libérer. Cette décision a suscité la colère des habitants du village Kafr Al-Teraa Al-Qadima. « La corruption est à la base de la libération de ces criminels pistonnés. Le député du PND, Salah Farag, originaire de leur village, Al-Dahriya, est intervenu en leur faveur. Pourquoi donc ne pas les lâcher ? », s’insurge Mahmoud, un des habitants de Kafr Al-Teraa Al-Qadima. A minuit, Mahmoud a décidé avec une centaine de ses confrères d’attaquer le village voisin. Munis d’armes blanches, de sabres et de pistolets, ils ont agressé les habitants d’Al-Dahriya, fait des dégâts dans leur centre de jeunesse et saccagé les magasins. Pour se défendre, les autres ont eu recours à leurs armes, qui sont habituellement en leur possession. Au bout de trois heures de heurts qui ont fait environ 90 blessés de tout âge et de tout sexe, la police est enfin intervenue. Le lendemain, les agresseurs ont bloqué la route qui mène à Al-Dahriya pour y interdire tout accès et ont interrompu la pompe d’irrigation, située dans leur terrain. La police a imposé le couvre-feu pendant trois jours et arrêté une vingtaine de personnes inculpées dans les incidents et qui ont été déclarées ensuite déjà fichées par la police.« Nos seules activités sont l’agriculture et le commerce et nous ne trouvions même pas d’eau pour irriguer nos terres. Les fruits et légumes ont pourri car nous ne pouvions pas les commercialiser », explique Mohamad Abdel-Aziz, commerçant qui a perdu 200 000 L.E. à cause de ces altercations. C’est après plusieurs tentatives que les dirigeants et les maires des deux villages ont pu réconcilier les habitants après avoir rouvert l’enquête.

En fait, cet incident est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Les villageois de Al-Kafr veulent se venger de nous depuis les élections législatives de 2005, puisque nous avons refusé de voter pour le candidat indépendant originaire de leur village. Nous avons choisi Salah Farag, qui est non seulement de notre village mais aussi du PND », révèle Mohamad Rachad, employé, tout en énumérant les services rendus au village par le député et le ministre des Waqfs, lui aussi originaire de Dahriya. A l’entrée du village, se dresse une très belle mosquée imposante fondée par le ministre. Al-Dahriya est bien muni de différents services et d’infrastructures. Les ruelles sont asphaltées et éclairées par des lampadaires. Un centre de jeunesse bien équipé est établi. Les habitants affirment avec joie leur satisfaction du fait que tous leurs besoins sont comblés.

A Kafr Al-Teraa, et seulement à quelques pas de Dahriya, l’ambiance est complètement différente. C’est même le revers de la médaille. Ici, les habitants d’Al-Kafr souffrent de la négligence des responsables. « Nous vivons dans l’oubli », lâche Hassan Rizq, un des habitants et membre de la municipalité de Cherbine, où se situent les deux villages. Et d’ajouter : « C’est après trop d’insistance que les responsables ont accepté de nous installer des infrastructures. C’est quand même le moindre de nos droits. Pourquoi nous en privent-ils? ». Les habitants n’oublient pas le jour où ils ont vu les bulldozers, chargés d’asphalter les rues, dans leur village. « Nous étions au comble de joie à leur vue. Mais, tout d’un coup, nous nous sommes rendu compte qu’ils passaient seulement par notre village car c’est le seul chemin possible qui mène à Dahriya. C’est le village du député qui était concerné, pas le nôtre ! », souligne Oum Ayman, une des habitantes qui se réjouit de l’acte de l’agression commis par ses voisins contre l’autre village. « C’est notre seule solution pour faire écouter notre voix chez les responsables », affirme-t-elle.

Si cet incident a dévoilé les rancunes enfouies et la distinction entre les deux villages quant aux services fournis, un autre problème surgit sur scène. Il s’agit de la possession d’armes d’une manière illégale et la présence de près de 1 200 accusés fichés par la police dans les deux villages. « La plupart des villageois, sinon tous, possèdent toute sorte d’armes sans autorisation, ainsi que des armes blanches », avoue le maire de Kafr Al-Teraa qui estime que c’est une chose tout à fait normale et habituelle car un bon nombre d’habitants sont des trafiquants de drogues. Si le maire affirme avec une telle simplicité que le trafic de drogues est une activité enracinée dans le village depuis des années, il défend avec beaucoup de conviction les villageois qui, souffrant de la pauvreté, y ont recours pour améliorer leur niveau de vie. « Le village, isolé et négligé, souffre d’un taux de chômage très élevé », rétorque le maire dont le fils a été arrêté à la suite des incidents. Suite à cette flambée de violence, les responsables du gouvernorat sont en train de discuter le lancement des projets d’infrastructures dans le village et d’y installer des écoles, un centre médical, ainsi qu’un centre de police. Mieux vaut tard que jamais. Mais entre-temps, la situation reste tendue. La police, qui est uniquement présente à Dahriya, affirme que les officiers sont là pour maintenir la paix. Toutefois, jusqu’à présent, il n’y a aucune intention de lancer une campagne visant à mettre la main sur le trafic d’armes et de drogues et à arrêter les délinquants. Prétexte : ici ce n’est pas Al-Nékheila, en allusion à ce village d’Assiout livré à la famille d’Awlad Hanafi, trafiquants de drogues, pendant des années .

Héba Nasreddine

 




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