Conflit arabo-israélien.
Après 5 ans d’inaction dans le processus de paix
arabo-israélien, George Bush appelle à la tenue d’une
nouvelle conférence internationale. Une implication qui
suscite peu d’enthousiasme dans la région et surtout des
questions sur ses objectifs.
La carotte en attendant le bâton
«
Le monde peut faire plus pour réunir les conditions de la
paix, aussi j’appelle à la tenue d’une conférence
internationale cet automne pour relancer la paix au
Proche-Orient », a déclaré le président américain au cours
d’une allocution solennelle à la Maison Blanche.
Une conférence qui devrait se tenir cette année et sera
présidée par Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine,
avec la participation des Israéliens, Palestiniens et leurs
« voisins » de la région.
Une initiative qui trouve son mérite selon le chef de la
Maison Blanche dans sa déclaration il y a 5 ans en faveur de
la création d’un Etat palestinien. « Il y a plus de cinq
ans, j’ai été le premier président américain à appeler à la
création d’un Etat palestinien. Depuis, de nombreux
changements sont intervenus. Certains porteurs d’espoir.
Certains décourageants. L’heure du choix est maintenant
venue pour les Palestiniens », a dit Bush. Et les événements
décourageants font plutôt légion et pour ne citer qu’un
seul, ce serait l’Iraq, ce bourbier où l’Administration
américaine est enfoncée jusqu’à la tête. Mais sans avouer
cette crise, Bush a précisé : « Ces derniers temps, le débat
dans notre pays a porté, et à juste titre, sur l’Iraq.
Cependant, l’Iraq n’est pas le seul sujet crucial dans la
région ». Fuite en avant ? C’est ce même président américain
qui avait déclaré que la guerre contre l’Iraq changerait la
donne de la région et y amènerait la paix ?
Et avant cette guerre, Bush devait donner quelque chose aux
Arabes, fut-ce la Feuille de route ? Ceci est devenu presque
une habitude avant chaque action militaire dans la région,
les Américains donnent aux Arabes cette carotte des
conférences internationales. Madrid, n’était-elle pas en
prélude à la première guerre du Golfe ? Partirait-il en
nouvelle guerre, contre l’Iran par exemple ? Une première
lecture des événements permet de dire que quelques mois
avant la fin de son mandat, marqué par une déroute en Iraq,
une tension au Liban et une friction avec l’Iran, Georges
Bush se trouve dans une situation critique et un succès sur
le dossier israélo-palestinien pourrait l’aider à améliorer
sa cote.
Le réengagement américain ne serait pourtant pas gratuit.
Bush a appelé avant tout les Arabes « à mettre fin au mythe
selon lequel Israël n’existe pas et à envoyer des ministres
en Israël ». N’est-ce pas la vision d’Israël ? «
Normalisation d’abord ». Washington espère la présence de «
pays arabes n’ayant pas signé de traité de paix avec Israël
», a précisé David Welch, secrétaire d’Etat adjoint au
Proche-Orient. Et la carotte ? Israël devrait cesser son «
occupation », le mot est prononcé pour la première fois.
Bush reconnaît le statut d’occupant d’Israël.
Cette « réunion » comme Bush préfère l’appeler « aidera
Israël à tirer le maximum de gains de la fragmentation
interpalestinienne, et de sauver Olmert après la défaite
israélienne au Liban », précise Fahmi Howeidi dans le
quotidien Al-Charq Al-Awsat. Bush ne demande-t-il pas aux
Palestiniens de faire le choix entre « le chaos » nourri par
le Hamas et « la démocratie moderne » offerte par Mahmoud
Abbass ? La volonté américaine d’écarter le Hamas va de pair
avec celle d’Israël. La fin de ce mouvement de résistance
signifierait une attaque à la triplette contre le Hezbollah,
la Syrie et l’Iran.
La conférence internationale ne serait donc qu’aux
conditions purement et simplement américaines ? L’Europe et
même le Quartette ne seront que marginalisés. Déjà
l’initiative américaine a eu lieu bien avant une réunion à
Lisbonne du Quartette qui devait fixer le mandant de leur
nouveau représentant, l’ex-premier ministre britannique,
Tony Blair, à la veille de sa première visite au
Proche-Orient. Les Européens voulaient que Blair œuvre à
faciliter l’ouverture de négociations sur le statut final et
à créer une force internationale robuste dans les
territoires palestiniens et d’intervenir pour obtenir la
libération des milliers des détenus palestiniens. Mais Bush
veut définir autrement son rôle : « coordonner les efforts
internationaux et aider les Palestiniens à établir les
institutions durables d’une société libre ». Bush veut
préserver la prééminence de l’Amérique sur le dossier
israélo-palestinien. Il serait « un canard boiteux » en fin
de course, selon la presse israélienne. Le quotidien Al-Qods
confirme : « Nous sommes habitués à entendre parler
d’initiatives, de propositions et de conférences qui ne
débouchent sur rien la plupart du temps ».
S. G.
Mavie Maher