Unesco. L’île de Pharaon, au large de Taba, qui abrite une Citadelle de Saladin est l’un des plus importants sites inscrits sur la Liste indicative du patrimoine mondial.

 

Le mariage heureux de l’archéologique et du stratégique

 

Citadelle islamique, basilique byzantine ainsi que des dépôts nabatéens et romains sont les plus importants monuments que renferme l’île de Pharaon, dans la mer Rouge, au large  de la ville frontalière de Taba. Cette richesse archéologique, dont la valeur artistique et architecturale est inédite, a permis de placer, à titre provisoire, depuis 13 ans, cette île sur la liste du patrimoine mondial avant qu’aujourd’hui, elle ne soit  inscrite définitivement sur cette liste. D’ailleurs, cette petite île qui s’étale sur 2 feddans (un feddan égale 0,42 ha), est au carrefour de quatre importants pays du Moyen-Orient qui sont l’Egypte, la Palestine, la Jordanie et l’Arabie saoudite. Une telle localisation stratégique lui a permis de jouer plusieurs rôles primordiaux dans l’histoire de l’Egypte, voire de toute la région. L’île de Pharaon avait alors de l’influence commerciale, politique, militaire et religieuse. « Ajoutons encore l’attraction touristique qu’offre cette île à ses visiteurs venant des quatre coins du monde », affirme Tareq Al-Naggar, directeur général des antiquités coptes et islamiques du Sud-Sinaï. Pour lui, grâce à ce  potentiel, l’île de Pharaon mérite d’être inscrite en tête de la liste du patrimoine mondial. 

Cette île est connue aussi sous l’appellation d’île de la Citadelle de Saladin. Ce qui n’est pas très exhaustif. Son intérêt ne se limite pas à ce seul site, si important soit-il, puisqu’elle comprend également « plusieurs dépôts où les Nabatéens (entre 106 et 100 av. J.-C.) conservaient leurs marchandises avant de les vendre en Afrique », explique Tareq Al-Naggar. Ceux-ci dont la capitale était Petra, dans l’actuelle Jordanie, se sont servis de la situation de l’île sur l’ancienne principale route commerciale qui reliait l’Asie à l’Afrique pour l’exploiter comme escale lors du transport de leurs marchandises vers l’Afrique. Les Byzantins, eux, en firent l’un des foyers dans leur lutte contre l’empire perse. Selon les archéologues, les Byzantins voulaient s’accaparer le commerce de la soie qui avait cours entre l’Ethiopie et la Perse. « A partir de l’île, les Byzantins s’attaquaient aux  navires éthiopiens pour s’emparer de la soie et de l’ivoire. Nous avons, en effet, découvert des dépôts byzantins où étaient conservées ces marchandises, sans oublier le phare que l’empereur Justinien a ordonné de fonder afin d’éclairer la route maritime aux navires marchands », souligne de son côté Abdel-Réhim Rihan, directeur des antiquités islamiques et coptes à Dahab. D’autre part, les récentes découvertes ont mis au jour une église de style basilique dont la date remonte au VIe siècle. Celle-ci conserve toujours les symboles du christianisme, à l’instar des croix qui décorent les murs.

 

Architecture inédite

En même temps, l’île de Pharaon était l’une des stations essentielles sur la route maritime du pèlerinage. musulman de La Mecque. Aussi, celle-ci faisait-elle partie de la série des places fortes qui se dressent tout au long du bord de la mer Rouge. Selon Rihan, la Citadelle de Saladin est la plus importante de toute la presqu’île du Sinaï non seulement sur le plan historique, mais surtout sur le plan architectural. En effet, les architectes de Saladin ont profité de la nature géologique de l’île, dont la roche est en granit, pour bâtir leur place forte. Deux collines sont à la base de cette forteresse. C’est au sommet de ces monticules qu’on a élevé ce fort composé de deux parties séparées par une plaine et entouré d’une muraille. Les roches escarpées étaient une protection en plus empêchant toute opération d’escalade.

Il ne faut pas oublier encore que l’île de Pharaon était l’un des arguments sur lesquels les autorités égyptiennes se sont basées pour récupérer la ville de Taba qui était occupée par les Israéliens. L’importance politique d’un tel site persiste toujours.

Doaa Elhami

 

 

Une mise en valeur touristique

 

18 millions de L.E. Tel est le coût du projet du développement et de la restauration de l’île de Pharaon, à Taba. Financé par le Conseil Suprême des Antiquités (CSA), ce projet touristique sera lancé dans quelques semaines par une entreprise dépendant de l’armée. Le projet sera terminé dans trois ans. En effet, l’atmosphère humide, les tourbillons de la mer ainsi que les hautes vagues qui frappent les vestiges archéologiques ont détruit beaucoup de blocs de granit composant la forteresse–sud de la Citadelle de Saladin. « Ceux-ci ont besoin d’être reconstruits, voire consolidés et préservés », explique Tareq Al-Naggar, directeur général des antiquités islamiques et coptes du Sud-Sinaï. Pour lui, les plaines de l’île qui comprennent des travaux des fouilles, elles aussi ont besoin d’être protégées et consolidées.

D’autre part, toute l’île est l’objet d’un ambitieux projet de développement touristique. Dans ce cadre, les deux quais, celui de la citadelle et celui de l’île, seront restaurés. Des voies liant les monuments archéologiques seront aussi pavées. En même temps, les escaliers au sein des forteresses et la basilique seront reconstruits, explique le directeur. D’ailleurs, « un centre d’accueil avec documentation et informations essentielles sur l’île et son histoire seront encore disponibles », ajoute Abdel-Réhim Rihan, directeur des antiquités islamiques et coptes à Dahab. En outre, les touristes seront invités à la projection d’un film documentaire qui traite les richesses de l’île de Pharaon.

En outre, afin de fournir le confort aux visiteurs de l’île, des cafétérias seront installées, les réseaux d’eau et d’électricité seront complètement modifiés afin d’assurer la sécurité des monuments et encore d’éclairer le site la nuit pour permettre la visite pendant la soirée .

 

 

Une longue attente

 

Après avoir longtemps attendu sur la Liste primaire, les Biens ci-dessous seront soumis à l’actuelle réunion du patrimoine mondial afin d’être inscrits sur la liste indicative, prélude à leur inscription définitive.

 

La région archéologique de Siwa (1994)*

Temple de Sérabit Al-Khadem (1994)

La zone des Sites archéologiques du Nord du Sinaï (1994)

Temple de Hathor bâti par Ramasses III (1994)

Le site archéologique de Dahchour (1994)

Fayoum : Kom Auchim (Karanis), Dimai (Soknopaiounesos), Qasr Qaroun (Dionysias), Batn I hrit (Theadelphia), Byahma-Madinet Al Fayoum (1994)

Sud du Sinaï

La forteresse Al-Guindi (1994)

Monastère de Rutho (1994)

(Vallée)Wadi Firan (1994)

Île de Pharaon (1994)

Dahab (1994)

La citadelle de Noweiba (1994)

Ras Mohamad (2002) Minia (#) (1994)

La zone de Djebel Qatrani et la réserve du lac Qaroun (2003)

Les ouest et petits et le Désert occidental (2003)

Les routes des oiseaux migrateurs (2003)

Les vallées du désert (2003)

Les chaînes de montagnes (2003)

Les vastes régions du Grand Désert (2003)

Alexandrie

Les anciens vestiges et la nouvelle librairie (2003)

Sohag

Abydos, la cité de pèlerinage des Pharaons (2003)

Temples pharaoniques en Haute-Egypte ainsi que ceux des époques gréco-romaines (2003)

Nécropoles de la Moyenne-Egypte, dès le Moyen Empire jusqu’à la période romaine (2003)

Le nilomètre de Raoudha au Caire (2003)

Les monastères du Désert arabe et Wadi Natroun (2003)

Les deux citadelles au Sinaï du règne de Saladin (Al-Guindi et l’île de Pharaon) (2003)

La forteresse de Nékhel, une station sur la route du pèlerinage à La Mecque (2003)

L’oasis du Fayoum, les débris hydrauliques et l’ancienne région culturelle (2003)

Les quartiers historiques et les monuments de Rosette /Rachid (2003) 

 

D. E.