L’enfer iraqien
Morsi Attalla
Il ne
fait aucun doute que ce qui se passe sur le territoire iraqien depuis la chute
de Bagdad est en totale contradiction avec les prévisions américaines. A mon
avis, Washington ne savait rien de la nature du peuple iraqien qui aspirait à
se débarrasser de la dictature de Saddam, mais qui n’était pas prêt à vivre
dans un pays occupé par des forces étrangères.
Nombreux
responsables et intellectuels, parmi les sages de la région, avaient mis les
Etats-Unis en garde contre la guerre en Iraq, réclamant à Washington de faire
attention à la phase qui viendrait après les grandes opérations militaires. Mais
les conseillers de l’Administration américaine ne s’attendaient pas à voir une
résistance aussi féroce.
Et
voilà que les Américains et les Iraqiens vivent aujourd’hui ensemble un enfer. Et
puisque tous les plans iraqiens visant à sortir de l’impasse sont précipités et
superficiels, la situation se détériore jour après jour non seulement au niveau
sécuritaire et politique, mais aussi au niveau de la résurrection des anciens
conflits séparatistes, en particulier chez les Kurdes.
La
situation en Iraq est ambiguë. Les tentatives de démantèlement du pays en
portions de territoire se heurtent à des mouvements et plans contradictoires de
la part de la majorité des pays voisins. La tension dans les relations
turco-israéliennes, les menaces américaines adressées à l’Iran, les pressions
israélo-américaines pratiquées contre la Syrie, tout ceci n’est pas loin du jeu
iraqien et des probabilités de division du pays.
En
effet, cette division répond à une réclamation kurde encouragée et approuvée
par Israël, mais elle constitue en même temps une ligne rouge pour les pays
voisins, comme la Turquie, l’Iran et la Syrie, qui abritent sur leurs territoires
des minorités kurdes, aussi ambitieuses que celles de l’Iraq.
La
situation sanglante qui sévit actuellement en Iraq assure que les Américains se
sont trompés dans leurs comptes ou bien qu’ils ont été victimes d’une grande
tromperie à cause des fausses informations obtenues par l’intermédiaire des
factions iraqiennes à l’étranger et qui constituaient une opposition contre
Saddam. Selon ces informations, les Américains pensaient que tout était prêt
pour les accueillir en Iraq.
Selon
les sources d’information en étroite liaison avec la Maison Blanche et le
Pentagone, le plan d’invasion de l’Iraq était essentiellement basé sur une
déduction préalable selon laquelle les Etats-Unis, avec peu de forces
militaires et sans soutien international, pourraient imposer leur autorité
complète sur l’Iraq après le renversement du régime de Saddam largement refusé
par le peuple partout en Iraq.
Mais
il semble qu’il ne sert plus à rien d’avoir des remords.