Al-Ahram Hebdo,Invité | Karen Koning AbuZayd, « La bande de Gaza est dans un état économique et humanitaire dramatique »
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 25 au 31 Juillet 2007, numéro 672

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Invité

Karen Koning AbuZayd, commissaire générale de l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a exposé au Caire, la semaine dernière, les besoins urgents des Palestiniens de la bande de Gaza après la prise de contrôle par le Hamas,et les obstacles à l’accomplissement de sa mission.

« La bande de Gaza est dans un état économique et humanitaire dramatique »

Al-Ahram Hebdo : Vous venez de rencontrer le secrétaire général de la Ligue arabe et le chef de la diplomatie égyptienne pour demander une aide aux Palestiniens dans la bande de Gaza. Quels sont exactement les besoins ?

Karen Koning AbuZayd : Nous leur avons expliqué la situation très difficile des Palestiniens qui subissent un blocus israélien depuis le coup de force du Hamas, le 15 juin dernier. L’UNRWA a lancé à l’occasion un appel à une aide urgente à la bande de Gaza. Nous avons besoin de 8 millions de dollars pour répondre aux besoins essentiels des réfugiés, notamment alimentaires, et 9 millions de dollars pour restaurer les habitations endommagées par la violence.

Nous avons défini des projets d’urgence d’un montant de 30 millions de dollars, la moitié de la somme sera consacrée à des projets de création d’emplois pour les Palestiniens, alors que l’autre moitié sera destinée aux programmes d’aide financière et de restauration. L’UNRWA s’occupe des travaux de reconstruction des camps de réfugiés dans la bande de Gaza, y compris la reconstruction des écoles, des centres de la communauté, des installations sanitaires, ainsi que des installations médicales. Pourtant, en raison de la fermeture de la bande de Gaza par Israël et la conséquente insuffisance de matières premières, l’agence a annoncé, le 9 juillet, la suspension de ses projets de construction à Gaza. Les projets de construction en cours, qui représentent 93 millions de dollars, comprennent notamment la réparation d’abris pour 16 000 réfugiés.

— Le directeur de l’UNRWA dans la bande de Gaza, John Ging, a averti que la fermeture par Israël des points de passage pourrait augmenter les souffrances des Palestiniens et mener à une catastrophe humanitaire. Quelle est l’action de l’UNRWA dans ce territoire après le blocus imposé par l’Etat hébreu ?

— Nos services continuent normalement, dans les écoles et les hôpitaux, mais les travaux de réfection d’écoles ou de reconstruction de quartiers résidentiels sont suspendus, faute de matériaux de construction. Nous avons engagé des contacts avec les autorités israéliennes afin de trouver une solution à cette situation, et nous avons un espoir de les convaincre non seulement d’ouvrir les points de passage de la bande de Gaza pour laisser entrer les matières premières et les produits alimentaires, mais aussi de laisser sortir les exportations palestiniennes. L’économie de la bande de Gaza est dans un état dramatique. Rien que le mois dernier, 3 000 petits projets ont été obligés de fermer leurs portes, mettant au chômage plusieurs milliers de personnes. Cette dégradation économique a accru le chômage dans la bande de Gaza, qui atteint aujourd’hui 36 % de la force de travail, alors que le taux de ceux vivant en dessous du seuil de pauvreté est de 90 %. Ces derniers dépendent essentiellement de l’aide humanitaire internationale. L’UNRWA et le PAM (Programme Alimentaire Mondial) offrent de la farine, de l’huile, du lait et du sucre à plus d’un million de Palestiniens à Gaza. Les dernières violences à Gaza et la fermeture de ce territoire par Israël ont produit une situation humanitaire dramatique. Les mesures de boycott imposées par Israël à la bande de Gaza depuis un an et demi a augmenté la demande des Palestiniens sur les services de l’UNRWA, notamment dans le secteur de la santé. Cette demande va croissant.

Le seul moyen de sortir de la crise actuelle à Gaza est d’aider les Palestiniens à vendre leurs produits à l’étranger. Environ un million de vêtements dans la bande de Gaza attendent d’être exportés vers Israël. Une grande quantité de fruits et légumes devraient être exportés vers d’autres pays.

D’un autre côté, il ne faut pas oublier que l’attention portée par la communauté internationale pendant les 18 derniers mois aux évolutions dans la bande de Gaza a escamoté les développements négatifs en Cisjordanie, notamment l’expansion des colonies de peuplement juif et la multiplication des barrages routiers et des points de passage, rendant plus difficile la liberté de mouvement des Palestiniens et l’activité économique. Israël impose des restrictions importantes à l’entrée des Palestiniens à Jérusalem, ce qui réduit l’accès des réfugiés aux services de l’UNRWA. Ces mesures poussent plusieurs Palestiniens, qui ont les moyens, à partir. Plusieurs autres préparent, ou rêvent, de partir.

— Quels sont les autres obstacles dressés par les autorités israéliennes dans les territoires palestiniens ?

— Le blocus et les procédures administratives imposés par Israël nous handicapent dans notre travail. L’Etat hébreu nous impose aussi de faire passer nos importations par les ports israéliens, ce qui retarde et rend plus chères nos importations. En Cisjordanie, les restrictions au droit de circulation nous handicapent aussi dans notre travail.

— Quelle est l’action de l’UNRWA pour venir en aide aux réfugiés palestiniens qui ont fui ou subissent les affrontements armés entre l’armée et l’organisation islamiste du Fatah al-islam, dans le camp de Nahr Al-Bared, au nord-Liban ?

— 30 000 réfugiés palestiniens ont fui les combats de Nahr Al-Bared vers d’autres camps de réfugiés, notamment celui de Badawi. Nous avons lancé un appel à une aide d’urgence de 12,7 millions de dollars et la communauté internationale a été prompte à répondre à cet appel. Nous apportons aux réfugiés l’aide nécessaire, qui nous a coûté jusqu’ici quelque 12 millions de dollars. Dans une phase ultérieure, et après la fin des combats, l’UNRWA compte reconstruire le camp de Nahr Al-Bared. Mais avant, il faut effectuer un travail de déminage.

— Qu’en est-il des milliers de Palestiniens bloqués à la frontière entre l’Egypte et Israël, près du point de passage de Rafah ?

— Il nous est difficile d’aider ces Palestiniens. Notre responsabilité se limite aux Palestiniens dans les territoires occupés, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, ainsi qu’en Jordanie, en Syrie et au Liban. La question des Palestiniens dans d’autres pays, en Egypte ou ailleurs, relève du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR). Mais nous déployons nos efforts, en coordination avec le HCR, auprès des autorités concernées pour ouvrir tous les points de passage.

— L’UNRWA souffre d’une crise financière, qui affecte sa mission envers les réfugiés palestiniens. Comment entendez-vous régler ce problème ?

— Je n’aime pas l’appeler crise. Notre budget de cette année, qui se monte à 500 millions de dollars, souffre d’un déficit de 100 millions, soit 20 %. Une somme importante qui se répercute d’une façon négative sur notre mission qui comporte, entre autres, les travaux de reconstruction des camps de réfugiés dans la bande de Gaza, y compris la reconstruction des écoles, des centres de la communauté, des installations sanitaires, ainsi que des installations médicales. Les pays arabes se sont engagés il y a plusieurs années à offrir une aide à hauteur de 7,8 % de leurs budgets annuels aux réfugiés palestiniens, mais ils n’ont pas tenu leurs promesses puisque les aides accordées n’atteignent que 400 millions de dollars, soit 3 % seulement du budget de l’UNRWA. Nous demandons donc aux pays arabes, notamment aux riches Etats du Golfe, d’augmenter leurs assistances et de revenir au niveau de leur contribution des années 1980, qui se situait aux alentours de 8 % du budget de l’UNRWA. La poursuite de l’état actuel des choses se traduit par une détérioration constante de nos services dans les différents domaines de l’emploi, de l’éducation, de la santé, etc.

La contribution au budget de l’UNRWA est facultative pour les Etats. Une trentaine de pays y participent, notamment les Etats-Unis et l’Union européenne, qui fournissent 90 % du budget. Viennent ensuite le Japon, le Canada, la Norvège et d’autres pays européens qui offrent entre 5 et 6 %, et les pays arabes (3 %).

Outre notre budget annuel, nous lançons chaque année, depuis 6 ans, un appel à une assistance urgente pour les réfugiés palestiniens. Cette année, nous avons demandé 240 millions de dollars. Nous n’en avons reçu que 100 millions. Le problème est que la communauté ne contribue d’habitude que lorsque la situation se détériore dramatiquement ou lorsqu’il y a une avancée significative dans le processus de paix. Mais en temps normal, les contributions sont très insuffisantes .

Propos recueillis par Hicham Mourad

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah - Chourouq Chimy
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.