Tournage
Scène 96, troisième prise. Lieu : plateau principal de
Studio Misr, Guiza.
Le décor reconstitue le magasin de Hamada Ezzo, héros du
feuilleton Yetrabba fi ezzo (qu’il soit élevé dans de bonnes
conditions).
Près de la porte de l’une des pièces du studio, des gens
vont et viennent, une copie de scénario dans la main, un
peigne dans l’autre. C’est la chambre de Ezzo ou le comédien
Yéhia Al-Fakharani, personnage principal du feuilleton.
Sa voix peut être entendue au loin, s’amusant avec tous ceux
qui l’entourent, pendant la séance de maquillage. Il garde
son sourire habituel, qui l’aide à répandre calme et
confiance au reste de l’équipe.
Le réalisateur Magdi Abou-Emeira examine les angles des
caméras et s’assure que tout est à point. « C’est l’un des
décors principaux du feuilleton, représentant le magasin de
jouets pour enfants où le propriétaire, Ezzo, passe la
plupart de son temps. Un jour, il reçoit un coup de fil
l’informant que l’une de ses filles est gravement malade.
C’est la scène que l’on doit tourner en ce moment »,
explique le réalisateur, ajoutant : « Je suis sûr que
Fakharani va me donner exactement l’expression qu’il faut ».
Le comédien ne cache pas sa joie quant au fait d’interpréter
un nouveau drame pour le Ramadan. Il en a l’habitude, depuis
voilà 15 ans. « Le feuilleton est loin du politique qui a
imprégné mes deux derniers feuilletons. Cette fois-ci, il
s’agit de Ezzo, qui adore les enfants et qui cherche
toujours la femme de sa vie. Jusque-là, il s’est marié trois
fois et a eu des filles à travers lesquelles il essaye de
réaliser ses rêves », raconte Al-Fakharani.
Encore un personnage gravitant dans l’orbite des
héros-clichés, exemplaires et idéaux ? Le comédien s’en
défend : « Le personnage de Ezzo est le prototype du père de
famille écrasé par les problèmes. Il a commis des fautes,
mais ne cesse d’aimer la vie et de chercher à l’embellir. Il
est comme pas mal d’Egyptiens ! ».
Le directeur de la photo examine le mouvement des caméras,
et Al-Fakharani prend sa place pour commencer à tourner. La
voix du réalisateur résonne dans le studio : « Allez
messieurs, mesdames, chacun a sa place s’il vous plaît ! ».
Al-Fakharani ou Ezzo reçoit l’appel téléphonique avec un
sourire affable, puis son regard devient plus égaré. « Où et
comment ? ! D‘accord, d’accord, j’arrive tout de suite.
Qu’elle ne bouge pas, je vais chercher un médecin ! ».
Il raccroche, courant vers la porte du magasin, renversant
tout ce qui était sur le bureau. Trois prises, et le
réalisateur crie : « Stop ! Génial ! ».
Lançant un sourire de satisfaction à ceux qui
l’applaudissent derrière la caméra, Yéhia Al-Fakharani
rejoint rapidement Abou-Emeira devant le moniteur pour
visionner la scène tout juste tournée. On échange peu de
mots et l’on passe à la scène suivante.
Yasser
Moheb