Cinéma.
Décerné il y a quelques jours au film 45 jours, le Prix
Mohamad Chebl s’est prononcé en faveur d’un genre rebelle,
brisant les tabous.
L’expérimental primé
« Primer les jeunes compétences, braquer les projecteurs sur
leurs talents et les aider à se frayer un chemin, alors que
règnent la frivolité et le comique gratuit ».
Tel
est
l’objectif
annoncé du jury
du Prix
Chebl.
Fondé en 1996 dans le but de primer une première ou deuxième
œuvre cinématographique exprimant la vision « sérieuse de
son auteur », ce concours annuel a récompensé cette année
une œuvre à la saveur fraîche : le film 45 yom (45 jours),
premier long métrage d’Ahmad Yousri. « C’est un film assez
expérimental qui a gagné la sympathie et l’estime du jury »,
souligne le critique Rafiq Al-Sabbane, membre du jury. Et
d’ajouter : « C’est le seul sur six premières ou secondes
œuvres sorties cette année dans les salles qui répond aux
critères du Prix Mohamad Chebl. Il présente un point de vue
courageux et expérimental d’un cinéaste en herbe et brise
des tabous, pour présenter un cinéma exigeant sur le plan
esthétique, en dehors des normes classiques. Cela
caractérisait aussi l’œuvre de Chebl lui-même, à qui le prix
rend hommage ».
Accorder la mention spéciale du jury au jeune cinéaste Ihab
Lameï pour son film Elaqat khassa (relations privées) avait
soulevé une vive polémique. D’aucuns ont soulevé le fait que
ce n’est ni sa première ni sa deuxième œuvre. Et c’était à
Rafiq Al-Sabbane de se justifier : « J’ai été en quelque
sorte responsable de ce malentendu. Je n’avais pas vu son
deuxième film, Kan yom hobbak (le jour de ton amour) !
Gentiment, nous avons décidé d’accorder à Lameï une mention
spéciale reconnaissant la qualité artistique de son film ».
Alors que le montant du prix ne dépasse pas les 5 000 L.E.,
le concours a réussi dès son lancement il y a plus de 10 ans
à préserver une certaine aura. « C’est l’un des prix
indépendants les plus prestigieux adressés aux jeunes
cinéastes dont plusieurs se retrouvent comme sur des îlots
isolés, avec la présence de films creux, 100 % commerciaux
», constate Al-Sabbane.
Une
initiative indépendante pour
un cinéma
indépendant.
Y. M.