Al-Ahram Hebdo,Invité | Fransesco Frangialli,  Malgré les conflits, le tourisme est en augmentation au Moyen-Orient »
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 27 juin au 3 juillet 2007, numéro 668

 

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Fransesco Frangialli, secrétaire général de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), évoque les obstacles qui entravent l’expansion de l’industrie du tourisme, notamment au Moyen-Orient. 

« Malgré les conflits, le tourisme est en augmentation au Moyen-Orient » 

Al-Ahram Hebdo : Quelle est la mission exacte de l’OMT ?

Fransisco Frangelli : L’OMT est la première organisation internationale dans le domaine du tourisme. Institution spécialisée des Nations-Unies, elle joue un rôle essentiel dans l’encouragement du tourisme responsable, durable et accessible à tous en veillant tout particulièrement aux intérêts des pays en développement.

— L’expansion du tourisme rencontre plusieurs défis comme la pauvreté et la préservation de l’environnement ... Comment y faire face ?

— Ces toutes dernières années, les dirigeants de la planète ont recensé une série de défis de dimension vraiment mondiale, l’extrême pauvreté et le changement climatique étant les problèmes les plus clairs qui imposent un changement de comportement et des innovations pour trouver des remèdes efficaces avec le temps. Le tourisme peut et doit jouer son rôle pour résoudre l’un et l’autre. Les gouvernements et le secteur privé doivent accorder une importance accrue à ces facteurs dans les stratégies de mise en valeur touristique et dans les stratégies en matière de climat et de pauvreté. Cela exige une croissance plus responsable. Le tourisme est devenu à la fois victime et facteur du changement climatique. Notre secteur doit réduire ses émissions. On a aussi une crise provisoire ces jours-ci, qui est la crainte de la propagation d’une pandémie de grippe aviaire. Ça sera un grand choc pour le tourisme parce que les frontières seront fermées. Certaines zones seront complètement isolées.

— Qu’est-ce que l’OMT a envisagé pour faire face à cette épidémie ?

— Nous conseillons à chacun dans le secteur du tourisme de suivre les recommandations de l’OMT comme celles de l’OMS et de se tenir en permanence sur ses gardes. Si jamais les choses prennent un tour plus sérieux, nous serons prêts, en coopération avec les autorités sanitaires et d’autres organisations du secteur, à diffuser de nouvelles recommandations et de nouveaux principes directeurs. Grâce à nos contacts avec l’OMS et avec d’autres organisations s’occupant du tourisme, nous surveillons continuellement la situation pour que la communauté touristique soit parfaitement prête en cas de plus grande propagation de l’épidémie. Le secteur du tourisme s’est engagé à être tout à fait prêt dans le cas d’une pandémie. Il a été lancé un portail spécial, www.sos.travel, pour aider les voyageurs et les professionnels dans l’hypothèse de pareille urgence. Une bonne planification, un dispositif de communication sans ambiguïté entre direction et personnel, des travailleurs parfaitement préparés et une marche à suivre claire pour assurer la sécurité des clients et du lieu de travail sont les clés de la protection des intérêts des voyageurs, des entreprises et de l’ensemble du secteur. Notre objectif est d’être utile aux voyageurs et à l’économie mondiale, dans laquelle le tourisme pèse beaucoup, afin de prévenir ou, du moins, d’atténuer les répercussions de ce qui reste à ce jour une épidémie limitée.

— Ces problèmes affectent-ils la croissance du tourisme mondial ?

— Le tourisme a été victime de chocs extérieurs très nombreux comme le terrorisme, les conflits militaires, les épidémies comme le Sras, les crises naturelles, comme le Tsunami, mais il est de plus en plus résistant, les consommateurs, les organisations, et les entreprises s’adaptent et réagissent mieux. Donc, l’ensemble de l’industrie du tourisme va bien, elle a connu une croissance de 4 % l’année dernière avec 842 millions de touristes internationaux. La croissance du tourisme devrait être de 4,5 % en 2007. Le tourisme mondial est entré depuis trois ans dans une nouvelle phase de croissance plus solide et plus responsable.

— Comment l’OMT aide-t-elle les différents pays à surmonter leurs crises ?

— Nous avons beaucoup d’activités dans ce domaine-là, nous avons un comité de crise et des programmes spéciaux pour cela et nous préparons par exemple un plan de travail pour confronter la pandémie de la grippe aviaire en coopération avec l’OMS et le coordinateur de l’Onu. On présente aux pays membres des aides techniques comme des séances de formation et de stimulation ainsi que des manuels pour se préparer à confronter n’importe quelle crise et ensuite apprendre à bien réagir. Dans certains cas flagrants, on accorde des aides matérielles comme ce qui s’est passé avec l’Indonésie après le Tsunami.

— Comment l’OMT prévoit-elle les plans de développement de l’industrie du tourisme au niveau mondial ?

— La résistance aux crises que j’ai déjà mentionnées a pour conséquence que nous sommes sur une pente ascendante. Nous prévoyons 1,1 milliard de touristes internationaux en 2010 et 1,6 milliard en 2020. C’est impressionnant, mais en même temps, c’est un défi pour tout le monde.

— Quels sont les pays qui connaissent la plus grande augmentation de fréquentation touristique ?

— Il y en a beaucoup parce qu’en fait, le tourisme se globalise. Jusqu’à maintenant, c’était l’Asie pacifique qui augmentait le plus vite. Il y a quelques années, il y a eu de très bonnes nouvelles pour l’Afrique qui a augmenté beaucoup plus vite que d’autres régions mais naturellement, l’Inde a été témoin d’une croissance exceptionnelle de 14 % avec 4 millions de touristes et la Chine de 7 % avec 40 millions d’arrivées.

— Quelle est exactement la situation de l’Afrique ?

— L’Afrique représente 3 % des recettes et 4 % des arrivées dans le tourisme mondial. C’est vrai que ce sont de petits chiffres mais il existe quand même des signes encourageants à partir de ces petits chiffres, puisque le taux de croissance est assez bon, y compris dans l’Afrique subsaharienne surtout avec les projets du ST-EP concernant le développement durable du tourisme dans les pays démunis desquels profitent plus de 47 pays dont la moitié est en Afrique.

— Quelle est l’influence des conflits au Moyen-Orient sur le développement touristique dans la région ?

— Malgré les guerres et les conflits au Moyen-Orient, le nombre de touristes dans cette région est en augmentation. Il a augmenté de 3,9 % l’année dernière. Ce qui est bien. Mais il faut noter que l’un des facteurs importants, c’est que la clientèle régionale reste dans la région c’est-à-dire que les voyageurs de l’Arabie saoudite et du Golfe sont allés au Liban, avant les dernières perturbations, à Doubaï ou bien ils se sont rendus à Charm Al-Cheikh et sur les côtes de la mer Rouge. Donc, cette clientèle intra-régionale était un facteur de stabilité et de solidité du secteur tourisme au Moyen-Orient.

— Comment faire pour surmonter ce genre de crises ?

— Nous ne pouvons malheureusement pas empêcher les guerres, mais le tourisme peut faciliter la compréhension entre les peuples et également lorsqu’un conflit arrive à trouver sa solution, le tourisme facilite ensuite la consolidation après le conflit. Que les gens se connaissent, travaillent ensemble, gagnent de l’argent ensemble, naturellement l’incitation à se battre est moins grande.

— Le tourisme peut donc jouer un rôle dans le dialogue des civilisations et des religions ?

— Certainement. Le tourisme a tout à fait sa place puisque quand on se rend dans un pays quelconque et qu’on est en contact direct avec sa population, il est difficile après cela d’exprimer une hostilité envers ces gens. A ce même sujet, on a consacré une conférence qui aura lieu à Cordoba en Espagne au mois d’octobre et dont le thème principal sera l’impact du tourisme sur la réconciliation entre les civilisations et les religions.

— Comment évaluez-vous l’expérience égyptienne en matière du tourisme ?

— Nous avons une coopération très forte avec l’Egypte. C’est un pays qui joue un rôle important à l’OMT. Elle a réussi à diversifier son produit touristique et à l’améliorer encore plus. C’est vrai que l’Egypte a été victime de plusieurs attaques terroristes qui lui ont causé beaucoup de difficultés. Elle a réussi à les surmonter rapidement. D’ailleurs, après certaines de ces attaques, celle qui a eu lieu au Sinaï en 2002, nous avons apporté une aide technique au gouvernement égyptien. Cette aide était sous forme de stages de formation des cadres pour leur apprendre par exemple comment communiquer avec les touristes et les grands tour-opérateurs dans le monde en temps de crises ou quand est-ce qu’ils doivent appliquer un profil bas dans telle ou telle situation. Nous travaillons actuellement avec le côté égyptien qui nous a demandé notre appui technique pour redéfinir son plan de développement stratégique et s’orienter vers le développement plus durable. C’est ce que nous sommes en train de commencer maintenant avec le côté égyptien.

— Existe-t-il un code d’éthique du tourisme?

— En 2001, on a pu élaborer un Code d’éthique du tourisme (CMET). Ce code mondial est un ensemble complet de principes ayant pour but de proposer des orientations générales aux parties prenantes au développement du tourisme, à savoir aux gouvernements centraux et aux pouvoirs publics locaux, aux communautés locales, au secteur du tourisme et à ses professionnels, et aux visiteurs, qu’ils soient internationaux ou internes. Ceci dit, le code mondial d’éthique du tourisme constitue un cadre de référence pour le développement rationnel et durable du tourisme mondial à l’aube du nouveau millénaire. Il s’inspire de nombreux codes professionnels et déclarations analogues qui l’ont précédé et il y ajoute de nouvelles idées qui reflètent notre société en mutation. Le tourisme international devant presque tripler, selon les prévisions, au cours des vingt prochaines années, les membres de l’OMT sont convaincus que le code mondial d’éthique du tourisme est nécessaire pour essayer de réduire au minimum les effets négatifs du tourisme sur l’environnement et le patrimoine culturel et, en même temps, d’en maximiser les avantages pour les habitants des destinations touristiques l

Propos recueillis par Dalia Farouk

 




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