Al-Ahram Hebdo,Environnement | La guerre de l’eau à l’horizon 2025 ?
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 27 juin au 3 juillet 2007, numéro 668

 

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Environnement

Nil . Les pays riverains mettent les dernières touches à l’accord de gestion et de répartition de l’eau du fleuve. Il reste à régler les problèmes locaux : le gaspillage et la pollution.

La guerre de l’eau à l’horizon 2025 ?

Les changements climatiques, notamment le réchauffement planétaire, c’est la question qui préoccupe le plus le monde actuellement. Les différents scénarios prévoient maintes catastrophes naturelles telles que les inondations, la sécheresse ou encore les pénuries d’eau. En effet, ce sont ces dernières qui nous concernent le plus en Egypte. Les Egyptiens vivent déjà sous le seuil de pauvreté en eau (le seuil de pauvreté est de 1 000 m3/an/personne), avec une part de 750 m3/an/personne. Pire encore, la part de l’Egypte dans l’eau du Nil est la même depuis 1959, à savoir 55,5 milliards de m3 par an, alors que la population a triplé entre-temps. Cela veut dire que même avant de subir les conséquences du changement climatique, l’Egypte a déjà un grave problème d’eau.

Les experts internationaux l’ont révélé l’année dernière en assurant qu’à l’horizon 2025, trois pays du bassin du Nil (l’Egypte, le Soudan et le Kenya) souffriront de pénurie d’eau douce. Selon l’expert international égyptien Moustapha Kamal Tolba, ancien directeur exécutif du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), les derniers rapports mondiaux ont révélé qu’à cause des changements climatiques, le niveau de l’eau du Nil diminuera de 40 à 70 %. « Si cela arrive, ce sera une vraie catastrophe pour l’Egypte et sans doute sera-t-on obligé de déclarer la guerre de l’eau. L’Egypte, comme tous les pays du bassin du Nil, n’a pas fait les calculs nécessaires pour savoir les quantités d’eau du Nil qui diminueront comme résultat du changement climatique. Nous devons prendre connaissance des dimensions du problème pour préparer les plans nécessaires », explique le Dr Tolba. Malgré le manque d’eau douce dont souffre l’Egypte, l’agriculture à elle seule consomme 85 % de l’eau du Nil, contre 10 % pour l’Industrie et 5 % pour les particuliers, selon les chiffres du Dr Hussein Al-Atfi, porte-parole officiel du ministre de l’Irrigation et des Ressources hydrauliques.

« Les modes d’irrigation de l’agriculture égyptienne n’ont jamais changé,  les réseaux d’irrigation sont là depuis des dizaines d’années. En Egypte, il n’y a pas moyen d’élever l’eau grâce à l’électricité, c’est pourquoi nous avons recours à l’irrigation au sol de certaines cultures, comme le riz, qui demande une grande quantité d’eau », explique le Dr Tolba. Il ajoute que pour changer ces modes d’irrigation, cela coûterait à l’Etat des milliards de L.E. qu’il ne peut assumer, même en envisageant la tarification de l’eau.

Les comportements mis en cause

Si la quantité de l’eau est un problème que l’on n’a pas occasionné et que l’on ne pourra certainement pas juguler à 100 %, celui de la qualité de l’eau du Nil est le résultat de nos méconnaissances et de notre manque de respect pour ce fleuve vénéré dans des temps plus anciens.

Les sources de la pollution du Nil sont multiples, mais la pollution par le drainage sanitaire et l’eau des égouts figure en haut de liste des polluants du fleuve. Selon le Dr Mahmoud Abou-Zeid, ministre de l’Irrigation et des Ressources hydrauliques, seuls 60 % des villes et 4 % des villages jouissent d’un réseau d’égouts tandis que tous les autres se débarrassent de leurs eaux usées directement dans le Nil. « Le gouvernement a étendu des réseaux d’eau potable à certaines agglomérations sans élargir en conséquence le réseau des égouts, ce qui n’a fait qu’augmenter les quantités d’eau usées déversées dans le Nil à travers les canaux qui sont répandus dans les villages », déplore le Dr Abou-Zeid. Le ministre a de même ajouté que le comportement des citoyens aggrave le problème, car outre l’eau usée, ils jettent toutes sortes de déchets dans les cours d’eau. La situation est grave et les chiffres le montrent : le volume du tout-à-l’égout brut ou traité partiellement qui se déverse dans le Nil atteint 1,8 milliard de m3 par an.

Et les citoyens ne sont pas seuls responsables, les industries déversent aussi des déchets en tout genre dans le Nil. Selon le ministre de l’Environnement, Magued Georges, le fleuve reçoit chaque année 549 millions de m3 de déchets industriels. « Notre ministère a pu aider 34 industries à opérer une reconversion de leurs méthodes. Elles représentent un volume de 100 millions de m3 », précise le ministre de l’Environnement. Mais les 449 millions de m3 restants de déchets industriels liquides sont toujours déversés dans le Nil. Selon les rapports du ministère de l’Environnement, l’industrie alimentaire et l’industrie chimique sont les premiers coupables en matière de déchets industriels. Autre source de pollution qu’il ne faut pas oublier : le drainage agricole déversé directement dans le Nil et qui s’élève à 12,2 milliards de m3 par an. Outre les quelque 919 bateaux de pêche sur lesquels travaillent 7 643 pêcheurs, et qui se débarrassent de leurs déchets dans l’eau du fleuve.

 Pour parer à l’ampleur du problème, les ministères concernés ont mis au point des plans de travail consécutifs, dont les résultats peinent à se faire sentir. Quant à la quantité de l’eau du Nil due à l’Egypte, elle sera à négocier à travers le nouvel accord qui sera signé prochainement par les pays du bassin du Nil. Le ministre de l’Irrigation et des Ressources hydrauliques s’est contenté de déclarer que 95 % de ses dispositions ont été acceptées par les pays riverains et que des experts sont en train de mettre les dernières touches aux 5 % restants. « Ce nouvel accord est supposé organiser et répartir l’eau du Nil d’une façon qui respecte les droits des 10 pays riverains » l

Dalia Abdel-Salam

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