Edito
Questions en suspens L’acceptation
par le Soudan d’une opération hybride Onu/Union africaine ouvre la voie à une
force de paix robuste au Darfour, mais la stabilisation de cette région
troublée de l’ouest du pays risque de prendre du temps.
La
mission onusienne à Khartoum (UNMIS) a estimé qu’il faudrait « plusieurs mois »
pour monter l’opération, compte tenu de la lourdeur de l’opération, qui
implique au moins le double de ses troupes (quelque 10 000 soldats) déployés
dans le sud du Soudan pour observer l’accord de paix entre Khartoum et
l’ancienne rébellion dans cette partie du pays. Et ce sans tenir compte de
complications possibles au niveau politique.
Le
Soudan dit avoir accepté l’opération non pas en raison des pressions
internationales qui étaient allées en montant ces derniers mois, mais après
avoir obtenu des éclaircissements sur certains points. En dépit de cette
déclaration, la question qui reste pour le moment sans réponse claire est la
nature du partage des tâches entre l’Onu et l’UA dans le système de
commandement et de contrôle qui sera appliqué à l’opération qui verra le
contingent africain de 7 000 hommes (mal équipé et sous financé), actuellement
sur le terrain, faire partie d’une force plus importante de plus de 20 000
soldats et policiers. Le déploiement de cette force hybride au Darfour est
la troisième étape d’un plan élaboré l’an dernier par l’Onu et l’UA pour
protéger les populations civiles. Mais le président soudanais, Omar Al-Béchir,
n’a jusqu’ici accepté que les deux premières phases de ce plan, accusant les
puissances occidentales de vouloir recoloniser le Soudan par le biais d’une
force de l’Onu.
La nationalité des troupes, que
Khartoum veut africaines dans leur quasi-totalité, est l’autre inconnue même si
le commissaire de la paix et de la sécurité de l’UA, Saïd Djinnit, a indiqué
qu’il « sera possible de faire appel à d’autres pays après consultations ».
Les détails complets de la mise en
place de la force hybride vont finalement émerger au siège des Nations-Unies à
New York, et faire l’objet de difficiles tractations.
L’Onu, l’UA comme la communauté
internationale restent cependant conscientes que le maintien de la paix n’est
qu’un élément d’une solution au Darfour et s’accordent sur la nécessité de
relance du processus politique pour faire cesser ce conflit qui a fait au bas
mot 200 000 morts et plus de 2 millions de déplacés, des estimations contestées
toutefois par Khartoum.
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