Somalie.
La conférence de réconciliation devrait débuter ses travaux
le 14 juin. Des difficultés liées au manque de moyens
financiers pourraient retarder sa tenue.
En
quête de moyens
Le
premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, en visite cette
semaine dans la capitale somalienne, Mogadiscio, a jugé que
« la situation est calme en Somalie en dehors de Mogadiscio
». Selon lui, « l’environnement actuel en Somalie est très
propice à la paix », « les populations sont lasses de
la guerre et de l’insécurité et font tout pour injecter de
la vie et de la normalité dans la situation à Mogadiscio ».
Cet optimisme est partagé par le secrétaire général adjoint
des Nations-Unies aux Affaires politiques, B. Lynn Pascoe,
lui aussi confiant quant à la tenue de la conférence de
réconciliation somalienne : « Il est crucial que (cette
conférence) ait lieu et j’ai le sentiment fort qu’elle aura
effectivement lieu ». Des propos qui masquent cependant des
doutes sur la tenue de la conférence censée aider à pacifier
le pays. Pour préparer cette conférence, les deux hommes
multiplient les rencontres. Meles s’est rendu cette semaine
à Mogadiscio pour rencontrer les responsables du
gouvernement de transition somalien et des chefs
traditionnels et religieux. M. Pascoe a rencontré, lui
aussi, les responsables du gouvernement de transition
somalien, ainsi que le président du comité d’organisation de
la conférence de réconciliation, Ali Mahdi. Il s’est aussi
rendu samedi en Erythrée pour rencontrer le chef de l’Etat
érythréen, Issaias Afeworki, puis en Ethiopie pour avoir des
entretiens avec le premier ministre éthiopien, Meles Zenawi,
et le président de la commission de l’Union Africaine (UA),
Alpha Oumar Konaré. Il n’a toutefois pas rencontré les
représentants des Tribunaux islamiques, réfugiés en Erythrée,
qui ont appelé le 23 mai au boycottage de la conférence de
réconciliation. De plus, selon Pascoe, le comité
d’organisation de la conférence travaille « très dur pour
que cela (la conférence) ait lieu le 14 juin. Ils tentent de
rassembler tous les délégués le 13 juin ».
Malgré les efforts en faveur du bon déroulement de la
conférence, celle-ci risque d’être encore une fois reportée
par manque de moyens financiers et logistiques pour
l’organiser. En effet, selon Pascoe, des questions de
« logistique » pourraient « la décaler un peu », notamment
parce que la réhabilitation du bâtiment censé l’abriter n’a
débuté que jeudi. « La volonté est là, les questions
financières ne suivent peut-être pas cette volonté », a-t-il
concédé.
Les Tribunaux islamiques ont perdu en début d’année les
régions somaliennes qu’ils contrôlaient, défaits par l’armée
éthiopienne, alliée du gouvernement somalien et toujours
déployée en Somalie. Mais de nombreux membres des Tribunaux
restés à Mogadiscio mènent des actes terroristes dans la
capitale, contre lesquels l’armée éthiopienne a récemment
lancé une opération qui vise à confisquer leurs armes. Le
Haut Commissariat de l’Onu pour les réfugiés estime que
quelque 390 000 Somaliens ont fui la capitale Mogadiscio
depuis février dernier et qu’environ 90 000 sont revenus.
Sous la pression de la communauté internationale, le
gouvernement somalien de transition a convoqué une
conférence en vue de pacifier le pays, en guerre civile
depuis 1991. La réussite de cette conférence pourrait
motiver les pays de l’Union africaine à envoyer plus de
troupes en Somalie dans le cadre de l’Amisom qui ne compte
aujourd’hui que 1 500 soldats ougandais, alors que 8 000
hommes étaient prévus au total. L’arrivée de nouveaux
soldats de maintien de la paix pourrait alors rendre cette
dernière effective sur le terrain.
Julie
Durand