Al-Ahram Hebdo, Livres | La deuxième vallée d’Al-Baz
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 Semaine du 9 à 15 Mai 2007, numéro 661

 

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Développement . C’est à la fois une solution au grignotage des terres agricoles et à l’explosion démographique que propose le célèbre géologue Farouq Al-Baz dans son ouvrage Un Couloir pour le développement, assurer un meilleur avenir pour l’Egypte.  

La deuxième vallée d’Al-Baz

En 1974 déjà, le projet avait commencé à germer. A l’époque, Farouq Al-Baz travaillait à la NASA et revenait de temps à autre en Egypte dans le cadre de missions scientifiques. Parti d’un constat, celui qu’il « est impossible que nous continuions à vivre sur 5 % de la surface du pays, tout en construisant sur les terres agricoles », il propose au gouvernement, en 1987, un projet pour mettre fin à ce dangereux état de fait. Aujourd’hui, après vingt ans de débats, l’idée n’a toujours pas été retenue. Alors, il revient à la charge, s’adressant cette fois-ci au secteur privé.

Al-Baz conçoit son idée comme un projet de « développement global » permettant de dépasser les obstacles intrinsèques à la géographie de l’Egypte. Il s’agit en effet de mettre en place un « couloir de peuplement » parallèle au Nil, qui permettrait de désengorger la vallée, et de lancer un nouveau processus d’industrialisation destiné à donner une réponse d’ensemble aux multiples problèmes liés à l’explosion démographique. Il s’agit pour lui de rationaliser l’expansion urbaine dans le cadre d’un plan stratégique d’ensemble, pour mettre fin aux phénomènes d’habitat informel construit sans autorisations, souvent sur des terres agricoles, mais également pour trouver une alternative à l’échec de plusieurs « nouvelles villes » construites ex nihilo dans le désert.

Al-Baz explique cet échec par l’éloignement de ces nouvelles zones d’habitation de la vallée du Nil, et par les réticences naturelles des Egyptiens à s’éloigner de leurs villages d’origine. C’est l’une des raisons pour lesquelles il propose des expansions latérales vers l’ouest, à partir de certaines installations urbaines dans la vallée. Douze axes est-ouest réuniraient ainsi la vallée du Nil à un axe nord-sud, long de 1 200 km, reliant la côte méditerranéenne, à hauteur d’Al-Alamein, au lac Nasser, à l’extrême sud du pays. Tout au long de ces axes (Alexandrie, Tanta, Le Caire, Fayoum, Bahariya, Minya, Assiout, Qéna, Louqsor, Kom Ombo, Assouan, Tochka, Abou-Simbel, lac Nasser) seraient édifiées des zones de peuplement « urbain, agricole, industriel, commercial, touristique » (p. 18). Si dans la zone de Tanta, il propose de développer la production animalière (p. 56), à Bahariya il s’agirait de gigantesques palmeraies (p. 74), à Louqsor de la construction de « villes touristiques » (p. 98). Le tout serait pourvu d’une canalisation d’eau, alimentant l’axe nord-sud à partir du lac Nasser, ainsi que de câbles électriques.

Au départ de ce projet, l’étude du Désert occidental égyptien. En tant que chercheur à la NASA, Al-Baz a en effet eu accès à un large éventail d’images satellites, qui lui ont permis une étude précise du sol dans cette zone. De nombreuses images sont publiées dans son ouvrage (la présentation de chaque axe est-ouest est accompagnée entre autres d’images satellites, radars, de cartes topographiques et géologiques). Ce sont les images radars, raconte Al-Baz, qui l’ont aidé à « délimiter le parcours d’anciens oueds, maintenant ensevelis sous les sables » (p. 34), et partant, à délimiter la présence de nappes d’eau souterraines. Il détaille également l’origine de ces nappes dans son introduction sur l’évolution géologique et climatique du Désert occidental. Ce sont en effet les périodes pluvieuses, fréquentes jusqu’à il y a 5 000 ans, qui en expliquent la formation. Un élément qui permettrait de cultiver de gigantesques surfaces, assure Al-Baz.

Un argument que ne partage pas Rouchdi Saïd, géologue de renom, qui remet en question la quantité d’eau utilisable dans la zone. Une critique parmi d’autres émises par les spécialistes, auxquelles Al-Baz a réservé une partie en fin d’ouvrage pour y répondre. Car si son projet, pharaonique, a soulevé beaucoup d’enthousiasme, il a également suscité des réserves. Parmi les arguments qui lui ont été opposés, Al-Baz évoque d’abord le coût : 6 milliards de dollars il y a vingt ans, il doit maintenant être multiplié par 4. Si la faisabilité économique du projet fait l’objet d’une étude en cours, les possibles effets secondaires sur l’environnement, rapidement évoqués par Al-Baz, ne sont pour l’instant pas encore détaillés. Enfin, la réalisation de l’idée semble plus qu’aléatoire. Dans quelle mesure en effet les investisseurs sur lesquels mise Al-Baz peuvent-ils s’engager dans un projet qui vise rien moins qu’un « processus d’industrialisation » et de développement de l’Egypte tout entière ? En lisant Al-Baz, on lit en effet un « rêve d’avenir », qui semble contradictoire avec les stratégies de profit à court terme, centrées sur le secteur tertiaire, auxquelles se cantonne le plus souvent le secteur privé.

Dina Heshmat


 

Farouq Al-Baz, Mamar al-tanmiya wal taamir, wassila li tämin mostaqbal al-agyal al-qadema fi Misr (un couloir pour le développement et le peuplement, assurer un meilleur avenir pour l’Egypte), Dar Al-Aïn, 2007.

 




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