Al-Ahram Hebdo,Invité | Manouchehr Mottaki, « L’Iran est une partie de la solution »
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 9 à 15 Mai 2007, numéro 661

 

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Invité

Manouchehr Mottaki, ministre iranien des Affaires étrangères, juge la conférence de Charm Al-Cheikh positive, nie toute ingérence dans les affaires iraqiennes et fustige Washington pour sa politique qu’il qualifie d’unilatérale et d’arrogante. 

« L’Iran est une partie de la solution » 

Charm Al-Cheikh,
De notre envoyée spéciale —

Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous la conférence de Charm Al-Cheikh ? A-t-elle apporté le soutien nécessaire aux Iraqiens ou était-ce juste une réunion de plus ?

Manouchehr Mottaki : A vrai dire, c’était une réunion constructive. Une occasion de soulever des questions indispensables, dont la nécessité de fournir une assistance au gouvernement légitime de Nouri Al-Maliki et une assistance à l’ensemble du peuple iraqien. C’était aussi l’occasion d’examiner cette question de sécurité qui mine l’Iraq. Je crois que l’on a remarqué une véritable volonté politique de la part des participants de soutenir les Iraqiens et leur gouvernement. L’empressement de la communauté internationale pour la reconstruction économique de l’Iraq était un autre résultat notable de cette rencontre. Le sujet principal dans ce genre de rencontre ou conférence est le fait de se réunir ensemble, sur le plan régional et international, d’amener les différentes parties à discuter et profiter de leurs potentiels pour aider l’Iraq et non pour décider pour lui. C’est le point principal que nous devrons prendre en considération.

— Vous parlez d’un soutien au gouvernement Maliki, mais celui-ci a été critiqué en raison de ce que certains appellent l’oppression des sunnites en Iraq ...

— Nous croyons qu’il est dans notre devoir de soutenir le gouvernement légitime iraqien. Avant Nouri Al-Maliki, il y avait Ibrahim Jaafari, demain c’est peut-être quelqu’un d’autre. Je ne parle pas d’une personne en particulier, mais d’un gouvernement légitime basé sur une Constitution. Nous n’allons pas nous ingérer dans les affaires internes de l’Iraq.

Mais, certainement, toute nation doit penser à son unité nationale, y compris l’Iraq. Je crois que tous les partis, tous les groupes iraqiens, doivent prendre part dans le processus politique.

— Mais est-ce que le gouvernement actuel entreprend des démarches dans ce sens ?

— Le gouvernement Maliki a été établi sur les bases de la Constitution, laquelle a été adoptée par le peuple. Heureusement, il y a des groupes sunnites, chiites, kurdes ou turkmans dans le gouvernement et au Parlement et c’est un bon exemple pour tous les partis pour participer à la vie politique. Mais dans le même temps, nous devons être très vigilants, vu la situation interne en Iraq. Quelques personnes — celles qui restent de l’ancien régime baassite —, les officiels de cette époque qui avaient commis de nombreux crimes contre les Iraqiens, changent de visages aujourd’hui et prétendent parler au nom de l’ensemble des Iraqiens. Ces Iraqiens dont des millions ont été tués par l’ancien régime dictatorial. Nous devons surveiller de très près leur travail, car la stabilité en Iraq entraînera celle de la région et l’instabilité et l’insécurité dans ce pays auront certainement leurs répercussions.

— Mais les Etats-Unis et certains pays arabes accusent Téhéran de soutenir, même militairement, les chiites contre les sunnites ...

— Nous soutenons l’ensemble du peuple iraqien, nous sommes en contact avec les différents partis et groupes, je parle des groupes légitimes, sunnites, chiites ou autres. Tous ont fait des visites en Iran. Ces allégations que Téhéran soutient un groupe particulier en Iraq ne sont qu’erronées. Au contraire, nous sommes soucieux de l’intégrité territoriale de l’Iraq et de son unité nationale.

— Vous avez annoncé votre disponibilité à coopérer pour instaurer la stabilité dans le pays voisin. Concrètement, comment envisagez-vous cette coopération ?

— Téhéran a établi un plan énergétique pour fournir l’électricité à l’Iraq. Nous travaillons dans la construction des hôpitaux et d’oléoducs pour acheminer le pétrole de l’Iraq vers l’Iran. Nous fournissons aussi des produits pétroliers aux Iraqiens. Aujourd’hui, nous transportons le carburant par camions citernes, et il y a deux semaines, cinq des conducteurs iraniens ont été tués en Iraq par les groupes terroristes ...

— Et la coopération dans le domaine sécuritaire ?

— Certainement, l’Iran est le pays qui bénéficiera le plus de la stabilité et de la sécurité en Iraq. C’est pourquoi nous sommes en contact étroit avec le gouvernement et les Iraqiens. Téhéran a en effet pris à son compte l’entraînement et la formation des différents responsables iraqiens. Je l’ai dit et je le répète, l’Iran est une partie de la solution et non une partie du problème.

— Vous avez parlé de bons et mauvais terroristes, qu’est-ce que cela veut-il dire exactement ?

— L’Iraq est certainement passé par des moments difficiles et a souffert d’exécution collective. Aujourd’hui, il y a des éléments du parti Baas et d’autres groupes terroristes comme Al-Qaëda qui ont trouvé en l’Iraq un terrain fertile pour leurs crimes. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est l’échec de la politique des Etats-Unis dans la région. Une politique unilatérale et arrogante. Je crois que cette politique a prouvé son échec et il est temps de la rectifier.

— Lors de la conférence, vous avez échangé quelques mots avec la secrétaire d’Etat américain, ceci reflète-t-il un changement de la politique américaine vis-à-vis de Téhéran ?

— L’échange de quelques mots avec Rice a effectivement eu lieu, il y a eu aussi une rencontre informelle au niveau des experts. Mais il faudrait aller au-delà des mots.

— Condoleezza Rice a-t-elle tenté de discuter longuement avec vous, on a entendu parler d’une médiation européenne pour un face-à-face avec vous ?

— Bon, il n’y avait pas de plan prévu pour une rencontre dans nos agendas réciproques. D’ailleurs, une rencontre à un tel niveau a besoin de préparation, comprenant d’abord la volonté politique, outre un agenda des pourparlers.

Il est inutile de parler juste pour parler. Nous estimons qu’une telle rencontre devrait être substantielle. Il doit y avoir une volonté sérieuse et un agenda bien préparé et des réunions entre les experts des deux pays avant une rencontre pareille.

— Mais Rice a déclaré que Washington est prêt à revoir sa politique envers l’Iran si celui-ci renonce à son programme nucléaire ...

— Téhéran a l’intention de générer de l’énergie nucléaire et d’y investir des millions de dollars. Nos activités sont surveillées par les inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et aucun de leurs rapports ne montre une déviation de notre part vers un programme militaire. Nous sommes contre les armes nucléaires quel que soit le pays. Nous l’avons répété depuis des années tout comme les Egyptiens. Je rappelle juste aux Américains que ce sont eux qui ont eu recours à l’arme nucléaire à Hiroshima.

— Pensez-vous que les Américains partiront en guerre contre vous ?

— Je pense que la situation dans la région ne le permet pas. Les Etats-Unis ont échoué partout où ils sont intervenus, en Iraq et avant en Afghanistan. Ils demandent de l’aide à tout le monde maintenant. Laissons-les résoudre le problème actuel et on verra plus tard s’ils auront encore la capacité de se lancer dans une nouvelle guerre. 

Samar Al-Gamal

 




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