Palestine.
Israël frappe sur tous les fronts, refusant toute
trêve et défiant une fois de plus la communauté
internationale, alors que le Hamas et le Fatah peinent
encore à s’entendre.
La situation dégénère
Une
façon dorénavant habituelle d’agir. Israël intensifie ses
frappes et continue ses raids malgré les quelques appels à
la retenue. Trente-huit personnes palestiniennes ont été
tuées en l’espace de dix jours. Un bilan lourd qui risque de
s’aggraver. L’aviation israélienne a poursuivi en début de
semaine ses raids dans la bande de Gaza, notamment contre
des cibles des Forces exécutives dépendant du gouvernement
palestinien. L’aviation israélienne a également visé le
local des gardes assurant la protection de la maison du
premier ministre, Ismaïl Haniyeh. Bien plus, le premier
ministre israélien, Ehud Olmert, a averti que les groupes
palestiniens armés ne jouiraient d’aucune impunité. « Nous
ne sommes tenus par aucun calendrier et nous déciderons où,
quand et de quelle façon nous allons opérer, sans céder aux
conditions de qui que ce soit », a-t-il ajouté, sans plus de
détails.
Israël a aussi menacé les Palestiniens de tuer M. Haniyeh au
cas où la vie du soldat israélien enlevé serait en danger.
Ce durcissement de ton est intervenu après le rejet
israélien d’un projet de trêve d’un mois présenté par le
président palestinien Mahmoud Abbass qui a proposé un arrêt
des tirs de roquettes en échange d’un gel des opérations
israéliennes dans la bande de Gaza. Mahmoud Abbass avait
donné 48 heures à ses interlocuteurs pour répondre à son
offre.
Et si les assassinats se poursuivent à Gaza, des
arrestations ont eu lieu en Cisjordanie. Un chef des
Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa a été arrêté lundi à Jéricho,
en Cisjordanie, par l’armée israélienne qui a blessé puis
interpellé un deuxième membre de ce groupe armé palestinien.
Le scénario de l’an dernier, lorsque l’armée israélienne
avait kidnappé 64 personnalités politiques palestiniennes
s’est répété jeudi par l’arrestation d’une trentaine
d’hommes politiques du Hamas, dont le ministre de l’Education,
Nasreddine Al-Chakr, trois députés, quatre maires de
Cisjordanie, outre un grand nombre d’édiles locaux en
Cisjordanie et à Gaza.
Dénonçant vivement les arrestations de députés et membre du
cabinet d’union, le gouvernement palestinien les a
qualifiées « d’enlèvements » comme l’indiquait son
porte-parole, le ministre de l’Information, Moustapha
Barghouthi, qui a appelé la communauté internationale à «
intervenir immédiatement pour mettre fin aux crimes commis
par l’occupation dans les territoires palestiniens et
imposer des sanctions à Israël, qui viole la loi
internationale jour et nuit, au lieu de punir la victime en
maintenant le siège (l’embargo contre le gouvernement
palestinien à participation islamiste du Hamas) imposé à
notre peuple ».
Un appel sans écho
La violence n’engendre que la violence. C’est ainsi que face
à l’intransigeance israélienne, le Hamas, principal
mouvement islamique palestinien, s’est trouvé obligé de
repousser la proposition du président Abbass, arguant que la
trêve doit être réciproque et être appliquée simultanément
dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
« S’il poursuit ses opérations à Gaza et en Cisjordanie,
Israël le payera cher », a prévenu de son côté la branche
militaire du mouvement palestinien du Hamas, dans un
communiqué.
« Les Israéliens continuent leurs opérations et Ehud Olmert
(le premier ministre israélien) refuse toute trêve, ce n’est
pas la résistance qui est coupable dans cette affaire, c’est
l’occupation », a ajouté Ayman Taha.
Par ailleurs, certains analystes estiment que plus Israël
maintient ses attaques, plus le Hamas en profite. « Le Hamas
a toujours été un mouvement très uni, mais depuis peu des
divisions apparaissent sur la présence dans le gouvernement
d’union avec le Fatah et sur la participation aux élections
», explique Hani Al-Masri, analyste politique au Centre
d’études politiques Badaël de Ramallah, en anticipant une
aggravation des divergences au sein du mouvement islamiste.
D’où, peut-être, la tentation pour les dirigeants islamistes
de jouer la carte de l’escalade militaire avec l’Etat hébreu
et de recouvrer ainsi sa popularité, perdue dans les
affrontements inter-palestiniens de ces dernières semaines
avec les groupes armés du Fatah. « Les frappes à Gaza et les
arrestations renforcent le Hamas, bien plus qu’elles ne
l’affaiblissent, poursuit Hani Al-Masri. A chaque fois que
les Israéliens s’en prennent à ses dirigeants, le mouvement
apparaît aux yeux de l’opinion palestinienne comme une
victime de l’occupation ».
Même si de cette confrontation Israël-Hamas c’est ce dernier
qui sort gagnant, c’est le peuple palestinien qui en paye le
prix. C’est peut-être la raison pour laquelle des
responsables des services de sécurité égyptiens ont tenu des
discussions avec des représentants de mouvements
palestiniens du Fatah et du Hamas, afin de consolider une
trêve fragile dans les violences inter-palestiniennes dans
la bande de Gaza. Les discussions doivent se poursuivre avec
les autres factions, chacune à part et de manière
successive, pour évaluer les points de vue de chacune
d’elles sur l’arrêt des luttes et la possibilité d’aboutir à
une paix globale avec Israël.
La bande de Gaza a, en effet, été secouée ces dernières
semaines par des affrontements meurtriers entre le Fatah et
le Hamas. Durant la dernière vague de violences (11-16 mai),
50 personnes ont été tuées, pour la plupart des membres des
forces de sécurité fidèles à M. Abbass et six civils.
Rania
Adel