Gestion des Ressources .
Le Dr Anhar Hegazy est
directrice de la division du développement durable et de la
production au sein de la Commission économique et sociale de
l’Asie occidentale (ESCWA) dépendant des Nations-Unies. Elle
explique la mission de cette entité et ce qui
la différencie du Programme des Nations-Unies pour
l’Environnement (PNUE).
« Nous encourageons le monde arabe à la transition vers des
combustibles propres »
Al-Ahram
Hebdo : Quels sont
les thèmes traités par la Commission économique et sociale
de l’Asie occidentale (ESCWA), dont le siège est à Beyrouth
?
Anhar Hegazy :
Il y en a plusieurs, à savoir l’énergie, l’eau,
l’environnement, l’agriculture et les petites industries. En
ce qui concerne l’industrie, nous nous concentrons sur le
développement rural tout en traitant le sujet de la
détérioration des sols. Pour les petites industries, nous
les aidons à se conformer aux normes environnementales.
Mais, nous accordons surtout la priorité aux problématiques
de l’énergie et de l’environnement qui sont d’une grande
importance, notamment pour la région arabe.
— Quelle différence y a-t-il entre votre mission et celle du
PNUE ?
— Notre mission est très différente de celle du PNUE. Nous
traitons les causes de l’environnement du côté de leur
relation avec différents secteurs : énergie, eau et
agriculture. Bref, nous traitons des questions
environnementales dans un contexte plus large et plus vaste
que le PNUE. Sur un sujet comme l’environnement et
l’agriculture, par exemple, nous travaillons sur les
solutions à la réduction du phénomène de la détérioration
des terres et de la désertification tout en liant cette
question à l’agriculture. Le PNUE s’intéresse à
l’environnement en lui-même. Nous adoptons le point de vue
du développement durable, c’est-à-dire environnement,
économie et société.
—
Sur la question de l’énergie, pouvez-vous nous donner un
exemple plus précis de cette différenciation ?
— Bien sûr. En abordant le thème de l’énergie, le PNUE peut
élaborer un rapport qui analyse l’état de l’environnement
tout en montrant l’influence de l’énergie dans le phénomène
des changements climatiques. Mais l’ESCWA, en abordant cette
question, peut préparer une évaluation sur les polluants
résultant des différentes sources d’énergie et identifier le
combustible qui dégage le plus de polluants. On peut
également aider les pays à identifier ceux qui ont besoin du
secteur de l’énergie et ensuite les aider à mettre en œuvre
les politiques, les normes et les plans nationaux de
développement contenant les mesures nécessaires pour
réaliser la durabilité de ce secteur, y compris les mesures
environnementales. Dans ce contexte, les ministères de
l’Environnement doivent jouer le rôle de coordinateurs.
— En matière de développement durable et de production,
quelles sont vos priorités ?
— Nous travaillons actuellement en priorité sur l’énergie
renouvelable et la réduction de la consommation. Nous
travaillons également sur l’énergie propre. Le monde compte
jusqu’à présent sur les énergies fossiles, comme le pétrole
et le gaz naturel. Aujourd’hui, il y a des techniques de
traitement et même d’utilisation qui diminuent les polluants
résultant de la combustion de ces énergies. Nous
encourageons le monde arabe à la transition vers des
combustibles propres, comme le gaz naturel. Pour être plus
claire, il faut savoir que le secteur du transport dans les
pays de l’ESCWA consomme 38 % du taux total de l’énergie
consommée, et c’est dans la plupart du temps des énergies
pétrolières. Ici, vient notre rôle. Nous élaborons des
études dans ce contexte qui aident à diminuer le nombre de
véhicules, ou à aider les responsables à adopter des
politiques de circulation qui réduisent les embouteillages,
ou à mettre le point sur les technologies modernes qui
traitent et diminuent les émissions des pots d’échappement,
et plus encore à encourager les pays à rouler au gaz naturel
et non au pétrole, et ainsi de suite. Il n’est pas un secret
qu’une étude récente a révélé que le plus grand taux de
véhicules en circulation dans le monde se trouve au Liban et
au Koweït, avec 1,9 citoyen par véhicule. C’est un taux très
élevé et pour remédier à ce problème, il faut encourager le
transport en commun.
— Mais les énergies renouvelables solaire et éolienne sont
très coûteuses. N’êtes-vous pas d’accord sur ce fait ?
— Nous ne pouvons pas dire cela. D’une manière générale,
l’énergie renouvelable est une énergie dont les ressources
sont permanentes et les déchets absents. Du point de vue
économique, même si les technologies des énergies
renouvelables sont un peu coûteuses, leurs bénéfices sont
importants sur le moyen terme. En effet, chaque projet est
un cas particulier, le soleil et le vent diffèrent d’un
endroit à un autre dans un seul pays. Nous voulons placer
les énergies renouvelables comme choix pour les nouveaux
projets et nous voulons des études pour connaître le
meilleur choix possible tout en gardant en tête les
avantages des énergies renouvelables et les inconvénients
des énergies fossiles.
— Quels sont vos outils de promotion des énergies
renouvelables dans les pays de l’ESCWA ?
— Nous élaborons une étude régionale pour connaître, en ce
qui concerne l’énergie, les avancées des pays et où résident
leurs points forts et leurs points faibles. Nous avons
initié en 1999 ce qu’on appelle le « mécanisme régional pour
le développement de l’énergie renouvelable », afin
d’expliquer la situation dans un pays et les éléments de
complémentarité entre chaque pays. Nous sommes également en
train d’établir des mécanismes pour consolider la
coopération régionale sous le slogan, « L’énergie pour le
développement durable ».
— A part l’énergie, quel autre thème figure dans vos
priorités ?
— Il y a aussi le thème de l’eau et de la gestion intégrée
des ressources hydrauliques. Dans la plupart des pays
arabes, il y a un partage des ressources en eau, même des
eaux souterraines. Alors, quels sont les droits de chaque
pays ? De plus, à cause du manque de financement, un choix
se fait dans chaque pays sur la personne qui le représentera
dans les négociations sur l’eau. Cette personne doit être
bien formée. C’est pourquoi nous avons commencé un programme
de formation des cadres aux techniques de négociations sur
le thème de l’eau. Nous avons de même établi un réseau
regroupant les centres de recherches arabes sur l’eau. Ce
réseau est un moyen efficace pour échanger les expériences
et les informations entre différents pays .
Propos recueillis par Dalia Abdel-Salam