Le ministre du Pétrole, Sameh
Fahmi, parle de
projets futurs de production pétrochimique et des ambitions
de l’Egypte en matière de production de gaz naturel.
« L’Egypte garde le tiers de ses réserves de gaz aux
générations futures »
Al-ahram
hebdo : Comment expliquez-vous le récent incendie survenu
dans un réservoir de pétrole au Fayoum ?
Sameh Fahmi :
L’incendie a été maîtrisé en un temps record grâce aux
efforts des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Il
ne s’est pas répandu aux 6 autres réservoirs voisins. Ce qui
a fortement limité les pertes. Les compagnies de pétrole
voisines ont mobilisé leurs équipements et leurs personnels
qui sont munis d’une technologie de pointe dans le domaine
de la lutte contre les incendies. C’est ainsi que l’incendie
n’a nullement influencé les points de vente ni les stations
d’essence répandus dans le gouvernorat du Fayoum. Nous avons
œuvré à ce qu’il n’y ait aucun manque. J’ai d’ailleurs
décidé de former trois commissions de la compagnie
Al-Taaoune pour le pétrole, la propriétaire des réservoirs,
de la compagnie Petrojet, chargée des réparations et du
renouvellement de l’emplacement, ainsi que de l’Organisme du
pétrole, pour déterminer les causes de l’accident et donner
les recommandations pour les éviter dans l’avenir.
— Les bonbonnes de gaz provoquent aussi régulièrement des
accidents, quelles mesures avez-vous pris pour y remédier ?
— Une commission ad hoc a été formée pour étudier les
différentes étapes de fabrication des bonbonnes de gaz et
déterminer les lacunes. Par ailleurs, nous étudions le
transfert de l’usine de remplissage des bonbonnes de la
région de Tamouh à Guiza, recherchons un autre emplacement
et œuvrons à introduire les investissements nécessaires dans
le budget de l’Organisme du pétrole. Nous tenons à ce que
les usines achètent des composantes de bonne qualité,
produites par les usines militaires. De plus, nous avons
l’intention d’acheter au cours de cette année 2 millions de
nouvelles bonbonnes pour remplacer graduellement les
anciennes. Le citoyen pourra remettre les vieilles bonbonnes
au dépôt de la compagnie Petrogas et en prendre de nouvelles
sans assumer aucun frais supplémentaire. De plus, nous avons
coordonné avec les ministères de l’Industrie, de la
Production militaire et de la Solidarité sociale pour former
des groupes de travail conjoints chargés de faire le tour
des usines de remplissage pour s’assurer du respect des
normes. Ceux-ci possèdent les prérogatives de fermer toute
usine non conforme aux normes.
Par ailleurs, le président de l’Organisme du pétrole a été
chargé de coordonner avec les compagnies Petrogas et
Butagasco pour que la compagnie de transport des produits
pétroliers, récemment fondée, livre les bonbonnes à domicile
sur appel téléphonique du citoyen. C’est ainsi que les
bonbonnes seront livrées dans un délai de 24 heures.
Il faut noter que le secteur privé possède actuellement 50 %
de la capacité de remplissage, 83 % du nombre des usines de
remplissage, dont le nombre s’élève à 45 usines répandues
dans tout le pays, 94 % des centres de distribution des
bonbonnes et 60 % de la capacité de production de bonbonnes.
De plus, il représente près de 200 000 emplois directs ou
indirects dans cette activité.
— Le plan ambitieux annoncé dans le domaine des produits
pétrochimiques n’a pas encore vu le jour, pourquoi ?
— Un plan national a été élaboré pour la production des
produits pétrochimiques en Egypte durant les 20 prochaines
années. Il prévoit la fondation de 14 complexes pour les
pétrochimiques (24 projets et 50 unités de production) avec
des investissements de 10 milliards de dollars (valeur
actuelle). Et ce, afin de produire 15 millions de tonnes de
pétrochimiques par an, d’une valeur de 7 milliards de
dollars : 4 milliards viendront compenser les importations
et 3 milliards d’exportations. De plus, ces projets créeront
100 000 nouveaux emplois.
Afin d’exécuter ce plan, la société Holding égyptienne pour
les produits pétrochimiques a été fondée. La première étape
du plan est d’ailleurs terminée et les autres étapes sont
actuellement en cours d’exécution. 8 projets sont
actuellement en exécution avec des investissements de 5,4
milliards de dollars, dont 3 milliards d’investissements
étrangers directs. L’usine de production des fibres
acryliques a déjà commencé sa production début 2006 et les
autres usines verront le jour d’ici 2009.
Ces projets ouvriront de nouveaux horizons pour
l’exportation des produits pétrochimiques égyptiens,
couvriront les besoins du marché local, réduiront nettement
les importations de ces produits et créeront de nombreux
emplois.
— Selon plusieurs experts, l’Egypte serait en train de
surexploiter ses ressources en gaz naturel à travers
l’exportation, ce qui met en danger les besoins des
générations futures ...
— Ce n’est pas vrai. Nous avons commencé à exporter le gaz
naturel seulement quand nos réserves ont augmenté d’une
manière considérable et de façon à ne pas compromettre les
droits des générations futures. Nous procédons ainsi : le
tiers de nos réserves pour satisfaire la demande locale, le
tiers pour l’exportation et le tiers comme réserves
stratégiques pour l’avenir.
— Un débat existe aujourd’hui sur la réalité des réserves de
pétrole et de gaz naturel en Egypte. Pouvez-vous trancher le
débat ?
— Au cours des 5 dernières années, 99 accords pétroliers
d’un montant de 3 milliards de dollars ont été signés pour
la recherche et la découverte de nouveaux puits. Les
dernières découvertes ont contribué à augmenter les réserves
qui remontent à 15,8 milliards de barils équivalents. C’est
l’un des taux les plus élevés de réserves dans l’histoire du
secteur du pétrole égyptien. De plus, un élan a été réalisé
dans le domaine des réserves de gaz naturel qui ont atteint
69,5 trillions de pieds3. On prévoit un potentiel de
réserves estimé de 100 à 125 trillions de pieds3.
— Que pensez-vous du travail des entreprises égyptiennes de
pétrole à l’étranger à la lumière de la concurrence mondiale
qui devient de plus en plus acharnée?
— Ces dernières années ont témoigné d’une expansion des
activités des compagnies pétrolières égyptiennes à
l’étranger, au Moyen-Orient et en Afrique notamment. Les
compagnies égyptiennes possèdent désormais tous les outils
pour entrer en concurrence avec les multinationales. Elles
ont remporté de nombreuses adjudications internationales
pour l’exécution de grands projets à l’étranger. Elles ont
réussi à obtenir des projets pétroliers en Arabie saoudite,
en Libye, au Yémen, en Jordanie, au Soudan, en Syrie, en
Algérie, au Qatar et au Koweït. Le volume des travaux des
trois compagnies Enppi, Petrojet et la Compagnie des
services pétroliers maritimes a atteint au cours des 5
dernières années 2,5 milliards de dollars. Nos entreprises
ont prouvé leur compétence et ont exécuté leurs projets
selon les normes internationales. Ce qui a contribué à
l’augmentation du revenu de l’Egypte en devises étrangères.
— Les richesses minérales sont longtemps restées
inexploitées en Egypte. Depuis que les richesses minérales
sont devenues du ressort de votre ministère en 2004,
qu’avez-vous fait pour remédier à cette lacune ?
— Un plan national pour les ressources minérales a été
élaboré pour réaliser la meilleure exploitation économique,
attirer les investissements étrangers et bénéficier de
l’infrastructure des projets de transport et de route. Le
plan a également pour objectif de réaliser une
autosuffisance au niveau des matériaux de construction
nécessaires à la construction de nouveaux logements,
d’exporter le surplus des matières minérales afin de
collecter des devises étrangères et de créer des emplois
directs et indirects. Afin d’établir une stratégie aux
aspects bien définis pour la richesse minérale en Egypte
durant les 25 années à venir, un conseil de scientifiques en
richesses minérales a également été fondé.
— Les pays africains jouent un rôle important dans
l’industrie du pétrole, quelle est la place de l’Egypte dans
le continent noir ?
— L’industrie du pétrole et du gaz constitue l’un des
piliers les plus importants des économies africaines, car
elle contribue au développement global. L’Egypte, de par ses
liens historiques et géographiques avec l’Afrique, collabore
avec tous les pays du continent pour réaliser une relance
économique globale. Elle place toute son expertise au
service de ces pays. L’Egypte est le membre fondateur de la
Ligue des pays africains producteurs du pétrole fondée en
1987 et qui regroupe 12 pays africains.
Magda
Barsoum