Al-Ahram Hebdo, Opinion | L’amendement constitutionnel et les partis
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 Semaine du 7 au 13 mars 2007, numéro 652

 

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Opinion
 

L’amendement constitutionnel et les partis

Hassan Abou-Taleb
Politologue

La demande du président Moubarak d’amender un nombre d’articles constitutionnels se rapporte surtout au système électoral et à ceux régularisant la vie politique. Pour ce qui est de la loi des élections, il était question d’amender les articles 62 et 94. La première concerne les libertés, les droits et les devoirs généraux. On peut la lire littéralement comme suit : « Le citoyen dispose du droit d’élection, de proposer sa candidature et d’exprimer son opinion dans un référendum conformément aux préceptes de la loi et sa contribution dans la vie publique est un devoir national ».

Quant à l’article 94, il s’agit du régime au pouvoir, où il est dit : « Si la place d’un membre se trouve vacante avant l’échéance de son mandat, le nouveau membre devra achever le mandat de son prédécesseur ».

Conformément aux recommandations du président Moubarak sur l’amendement de ces deux articles, l’objectif est que la Constitution permette au législateur de choisir le système électoral garantissant une représentativité plus large des partis politiques au sein de l’Assemblée du peuple et du Conseil législatif. Ces amendements garantissent à la femme une participation plus efficace dans la vie politique et lui permettent un taux de représentation plus important au sein des conseils législatifs.

La question qui s’impose à l’ombre d’une telle conjoncture est la suivante : est-ce que ce sont les élections qui garantiront aux partis une plus grande efficacité ou est-ce que toute la question nécessite un réexamen et une réévaluation de la vie politique en donnant plus de liberté à la formation des partis ? C’est pourquoi la demande du président s’est également articulée autour de l’article 5 propre au régime politique qui stipule que le système égyptien repose sur le pluralisme. Le président Moubarak a demandé de rajouter deux paragraphes à cet article. Le premier pour confirmer certaines constantes régissant la personnalité égyptienne et à laquelle tout le monde s’attache, et celle interdisant toute discrimination entre les citoyens sur la base de la religion, du sexe ou de la race. Un troisième article interdit l’exercice de toute activité politique, ou même la formation de partis sur la base de la religion, du sexe ou de la race. Pour ancrer le principe de l’unité nationale et celui de citoyenneté et surtout pour empêcher une quelconque discrimination entre les deux éléments de la nation égyptienne, c’est-à-dire musulmans et coptes.

Dans ce contexte, il va falloir faire deux remarques : la première concernant l’existence d’une relation organique entre la vie politique et la loi régularisant le processus électoral et la seconde sur l’existence d’une autre relation organique entre la loi régularisant la création des partis et la capacité d’instaurer une véritable vie partisane, libre et basée sur la compétition.

Le résultat logique est que le simple amendement de l’article sur le système électoral, bien qu’il s’avère d’une grande importance, n’est pas à lui seul suffisant pour insuffler l’esprit de compétition politique et garantir un plus grand espace de participation politique. D’autres conditions doivent être insérées dans la Constitution. Ce qui nécessite une révision de la loi régularisant la création des partis, n°40 de l’année 1977 qui avait déjà subi quelques amendements en 2005.

Le système électoral en vigueur en Egypte est celui du scrutin uninominal qui a été déterminé par la loi 201 de l’année 1990. De l’avis de nombreux observateurs, ce système est responsable de 5 aspects négatifs dans la vie politique. D’abord, il est derrière l’affaiblissement des partis, et ceci lorsqu’il a autorisé la candidature des indépendants détachés de leurs partis, la faiblesse de la représentation de la femme parce qu’elle s’engage dans les élections sans appui émanant des partis ou des institutions. Il a également permis à la confrérie interdite un énorme succès malgré toutes les entraves, comme il y a une représentation faible des coptes. Et enfin, nous avons un phénomène nouveau, à savoir celui des indépendants qui se sont séparés de leur parti avant les élections pour les réintégrer après. Ce qui a sans doute affaibli la concurrence entre les partis et a multiplié le phénomène de la violence et des pots-de-vin. Ce système a surtout affaibli le contrôle que le député est censé exercer sur le gouvernement, surtout que sa force et sa popularité sont en général tirées de sa bonne relation avec le gouvernement qui lui procure les services propres à sa circonscription.

Dans ce contexte, si la loi est amendée au profit du scrutin par liste, en tant que mécanisme pour raffermir le rôle des partis dans la vie politique, il serait indispensable de promulguer une nouvelle loi garantissant un système d’élection à travers les partis qui deviendront le seul canal légitime pour les candidatures. Ceci donnera plus de chances aux candidatures féminines et coptes. En réalité, il existe 3 grandes problématiques à propos du premier système électoral qui contraint la liberté des partis. Et donc, par conséquent, une partie des citoyens continuera à considérer que les partis actuels ne répondent pas à leurs ambitions politiques. Et donc, les craintes selon lesquelles le système par liste détournerait les citoyens au lieu de les attirer trouvent leurs justifications. La solution serait alors de donner plus de liberté aux partis à condition qu’ils ne soient pas des partis religieux et qu’ils obtiennent une autorisation.

La deuxième problématique réside dans la faiblesse des partis et la précarité de leurs ressources en comparaison avec le Parti National Démocrate (PND, au pouvoir). Et donc le système électoral du scrutin par liste amplifiera davantage l’hégémonie du PND sur la vie politique. La solution dans ce cas-là serait de liquider toute contrainte sur le travail des partis existants. Tout en donnant à ses membres l’occasion de réformer leurs partis à travers une démocratisation interne du parti et l’ouverture sur les foules.

Quant à la troisième problématique, elle réside dans le fait que le scrutin par liste n’aborde pas sérieusement la représentation de la femme et des coptes. La question relève avant tout de la nature de la culture politique et sociale dominante et de la capacité des partis à devenir le miroir des deux éléments de la nation, musulmans et coptes, et également des femmes et des hommes sans distinction.

Le législateur propose dans ce cas que le nouveau système électoral soit un scrutin par liste et comprenant un quota pour les indépendants. Il faudrait discuter à ce moment-là le nombre des indépendants et avant tout donner plus de liberté aux partis et changer la philosophie animant l’activité des partis.  c

Le principe du pluralisme doit s’exercer dans un climat de concurrence libre, sans interférence aucune de la part d’un organisme administratif dans les affaires internes d’un parti.

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