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 Semaine du 7 au 13 mars 2007, numéro 652

 

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Opinion

Janadria et le dialogue national saoudien !

Mohamed Salmawy

Celui qui visite l’Arabie saoudite doit remarquer le nouveau climat qui règne dans les milieux intellectuels, politiques et sociaux du royaume. Mon voyage en Arabie saoudite, dix ans après la précédente, m’a permis de faire la comparaison entre l’ancienne image que j’ai connue et la nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas.

Je me suis rendu à Riyad en réponse à une invitation qui m’a été adressée pour assister aux activités de la 22e édition du Festival national du patrimoine et de la culture qui s’est tenu à Janadria, à 35 km de Riyad. Selon mes connaissances, ce festival est l’unique de par le monde organisé par une institution militaire, en l’occurrence la garde nationale saoudienne. Cette information peut étonner. La réalité est qu’après avoir assisté au festival et après avoir traité avec les membres de la garde, des plus jeunes aux plus hauts gradés, j’étais étonné par l’excellent niveau d’organisation. A tel point que l’on se trouve en train d’espérer que toutes les institutions militaires de par le monde organisent des festivals culturels semblables à celui de la garde nationale saoudienne. Non seulement pour leur bonne organisation et ponctualité, car ce sont des caractéristiques reconnues dans tous les festivals, qui se tiennent bien entendu en dehors du monde arabe. Mais surtout pour la touche humaine que le festival laisse sur les membres de la garde eux-mêmes. Ce qui m’a frappé, c’est cette dimension humaine évidente que j’ai pu déceler lorsque je suis entré en contact avec les membres de la garde nationale, qui gardaient le sourire quel que soit le problème qu’on leur expose.

L’homme qui parraine le festival n’est autre que l’incontournable roi Abdallah Ibn Abdel-Aziz, qui l’a fondé 22 ans plutôt, lorsqu’il était encore héritier du trône et en l’absence, à l’époque, d’un ministère de la Culture. L’organisme que présidait l’héritier du trône n’était autre que la garde nationale. C’est pourquoi il lui avait assigné cette mission. Et j’ai vu au cours de cette 22e édition du festival que cette institution a assumé ses responsabilités avec une compétence non négligeable.

Heureusement pour le pays, le roi Abdallah, fondateur du festival, est celui qui tient aujourd’hui les rênes du pouvoir. Raison pour laquelle l’esprit de Janadria s’est glissé dans les cercles du pouvoir pour en fin de compte régner sur l’ensemble du climat intellectuel, politique et social du pays. Les éditions successives du festival ont été témoin d’un dialogue continu entre les représentants de toutes les tendances des intellectuels, des écrivains et des poètes saoudiens, ainsi qu’avec leurs homologues venant des quatre coins du monde arabe. Un dialogue qui se poursuivait, après les différents colloques, dans les hôtels où les invités sont accueillis. Les sujets des colloques ont contribué à la poursuite de la discussion entre les Saoudiens mêmes après le festival.

Les séances du festival de cette année ont abordé des thèmes très intéressants tels « la modération dans l’islam », « la réforme : les fondements religieux et scientifiques », « le monde et la culture de l’animosité », « le fanatisme, l’hégémonie et le conflit des cultures ». Sans oublier les soirées poétiques, la course traditionnelle des chameaux, considérée comme un aspect important du patrimoine populaire de la péninsule arabique et dont les origines remontent à l’époque pré-islamique.

Le ministre saoudien de la Culture et de l’Information, Iyad Madani, partage cet avis : « Le festival se termine, mais le dialogue qu’il entame se poursuit après la fin de ses activités. Et c’est son grand succès parce qu’il constitue un mécanisme pour le dialogue entre les différents courants intellectuels du pays ».

Le dialogue entamé à Janadria s’est effectivement généralisé à toute la société saoudienne. Abdallah Ibn Abdel-Aziz en était encore une fois le déclencheur après avoir accédé au trône. Le roi a ainsi appelé à instaurer ce qu’il a appelé le « dialogue national ». Ce dialogue a été entamé dans la Bibliothèque nationale (bibliothèque du roi Abdel-Aziz) entre les représentants des différents courants religieux. Avant, le pays ne voulait reconnaître qu’une seule doctrine et ignorait la présence des autres. Mais aujourd’hui, nous avons trouvé, pour la première fois, les sunnites, les chiites, les soufis et autres en train de dialoguer entre eux devant le public de la bibliothèque.

Juste quelques mois plus tard, le dialogue a commencé à transcender les causes religieuses pour s’attaquer aux sujets politiques, intellectuels et sociaux en général. Rapidement, ce dialogue a été diffusé en direct sur les chaînes officielles de la télévision. Un dialogue qui envoie un message implicite disant que tout est sujet au dialogue. Et que nous devons accepter l’avis de l’autre. Le plus important est que ce dialogue envoie également le message suivant : devons-nous nous éloigner du fanatisme et apprendre la coexistence avec l’autre.

Lorsque je suis arrivé en Arabie saoudite, le climat du dialogue régnait sur tous les aspects de la société. D’ailleurs, ceci s’est reflété de manière spéciale dans la presse. J’ai vu qu’un nombre de nouveaux rédacteurs en chef ont été nommés. Ils sont connus pour leur modernisme, leur dynamisme et leur ouverture sur les réalités de l’époque que nous vivons.

J’ai lu à titre d’exemple un article dans la page courrier du journal Al-Jazira portant un titre que je n’ai jamais imaginé lire dans un journal saoudien auparavant : « L’institution religieuse n’est pas au-dessus de la critique ».

Malgré la présence de beaucoup de caractéristiques de l’ancienne société fermée en Arabie saoudite, le visiteur ne peut manquer de remarquer le changement sain qui s’est emparé de la société saoudienne. Un changement qui se développe non pas à travers la confrontation et le conflit, mais à travers la discussion et le dialogue. Comme il arrive dans les colloques du Festival de Janadria .

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