Sommet arabe .
L’initiative de paix d’inspiration saoudienne pour un
règlement du conflit israélo-palestinien a dominé la réunion
des chefs de la diplomatie arabe. Elle doit être relancée
lors du Sommet arabe qui se réunit mercredi et jeudi à
Riyad.
Les Arabes relancent leur initiative de paix
Riyad,
De notre envoyé spécial —
Relancer l’initiative de paix arabe pour un règlement du
conflit israélo-palestinien. Tel est le principal objectif
des 22 chefs d’Etat et de gouvernements arabes qui se
réunissent mercredi et jeudi dans la capitale saoudienne.
Cette initiative de paix d’inspiration saoudienne, adoptée
lors du Sommet de Beyrouth en 2002 et qui a suscité un
regain d’intérêt en Israël et aux Etats-Unis, a été à
nouveau adoptée « sans amendement » par les ministres arabes
des Affaires étrangères réunis lundi à Riyad. Elle prévoit
la reconnaissance d’Israël par les pays arabes en échange
d’un retour de l’Etat hébreu aux frontières de 1967, de la
création d’un Etat palestinien et du règlement de la
question des réfugiés palestiniens.
Les chefs de la diplomatie arabe ont également décidé la
création de plusieurs groupes d’action pour entamer des
contacts avec toutes les parties concernées par la paix, ce
qui inclut Israël. Ainsi qu’avec les membres du Conseil de
sécurité de l’Onu, pour expliquer l’initiative arabe, la
réactiver et entamer des négociations nouvelles sur la base
de ce plan, le but étant d’aboutir à un règlement global et
juste du conflit arabo-israélien.
Selon le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud
Al-Fayçal, « le plan de paix arabe est le meilleur moyen
pour parvenir à une solution équitable et globale, non
seulement pour la question palestinienne, mais pour tous les
aspects du conflit arabo-israélien ». Pour lui, le récent
accord de La Mecque, conclu le 8 février entre les
mouvements palestiniens du Fatah et du Hamas, augmenterait
les chances d’adoption du plan de paix arabe lors du Sommet
de Riyad.
Une source diplomatique égyptienne ayant requis l’anonymat a
assuré à Al-Ahram Hebdo que les chefs d’Etat et de
gouvernements arabes vont adopter ce plan de paix après que
leurs ministres des Affaires étrangères l’ont approuvé, y
compris le gouvernement du Hamas. « La seule crainte de ne
pouvoir adopter cette initiative était le refus du Hamas.
Mais, les Saoudiens ont obtenu des garanties du Hamas sur ce
sujet ». La même source a indiqué que le Quartette arabe
(Egypte, Arabie saoudite, Jordanie et Emirats arabes unis)
va informer le Quartette international sur le Proche-Orient
(Etats-Unis, Union européenne, Onu, Russie) ainsi qu’Israël
de l’intention des pays arabes de relancer l’initiative de
paix arabe sur les plans régional et international.
Reste à savoir quelles sont les chances de l’initiative
arabe de parvenir à relancer un processus de paix au point
mort depuis très longtemps. Un haut responsable arabe qui a
requis l’anonymat a minimisé la portée de ce plan. «
L’Arabie saoudite a lancé à nouveau cette initiative vieille
de 5 ans pour la simple raison que le Sommet arabe se tient
sur son sol. Riyad veut donner un souffle à son sommet. Je
me demande pourquoi ce plan de paix n’était pas relancé lors
des précédents sommets arabes, alors que la tension augmente
toujours dans les territoires palestiniens ». Et d’ajouter :
« Certains pays arabes n’attendent pas grand chose de cette
initiative, puisqu’elle ne présente pas de solutions aux
problèmes essentiels tels que les réfugiés palestiniens et
les frontières. Elle se contente d’émettre des principes ».
Côté israélien, le premier ministre, Ehud Olmert, a déclaré
lundi à Jérusalem que les Etats arabes modérés feront
progresser l’initiative saoudienne, ce qui serait, selon
lui, un développement très positif. Il s’est même dit prêt à
participer à une éventuelle réunion avec des pays arabes
modérés s’il y est invité. « Si une telle invitation m’est
adressée, je l’envisagerai d’une manière très positive. Et
si j’obtiens un visa, je n’hésiterai pas à participer »,
a-t-il déclaré. Mais les dirigeants arabes sont sceptiques
sur les intentions de l’Etat hébreu. « On connaît les ruses
d’Israël. L’Etat hébreu ne veut pas la paix offerte par les
pays arabes basée sur leur initiative de paix. Si un jour
les Arabes se mettent sur la même table de négociations avec
les Israéliens, ceux-ci demanderont des modifications sur ce
plan, notamment sur la question du droit de retour des
réfugiés palestiniens », a déclaré un représentant de la
Ligue arabe. « Les Israéliens prévoient une solution
négociée et non pas un retour massif et inconditionnel des
réfugiés palestiniens », a-t-il ajouté. Des responsables
israéliens ont en effet estimé que l’offre arabe pourrait
être un point de départ pour des négociations si elle
spécifiait que les réfugiés palestiniens retourneront dans
des zones contrôlées par les Palestiniens et non pas en
Israël.
Pour une réconciliation en Iraq
Bien que la rencontre des ministres arabes des Affaires
étrangères ait été dominée par le conflit
israélo-palestinien et l’initiative de paix arabe, le sommet
des chefs d’Etat qui ouvre ses travaux devra aussi se
pencher sur plusieurs « points chauds » dans le monde arabe,
notamment la crise en Iraq. Il s’agit des moyens d’aider
Bagdad à réaliser la réconciliation nationale et à rétablir
sa souveraineté. Les pays arabes vont examiner les moyens
d’encourager l’Iraq à amender sa Constitution afin de
réaliser un meilleur partage de pouvoir entre chiites et
sunnites.
La crise gouvernementale au Liban aura également une place
importante au Sommet de Riyad. Le prince Saoud Al-Fayçal a
jugé qu’il existait une chance de réconciliation au Liban. «
Nous voyons une chance que les parties libanaises fassent
passer l’intérêt de leur pays avant toute autre
considération », a-t-il dit. Pour sa part, le secrétaire
général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui mène une
médiation entre les protagonistes libanais, a affirmé que
les efforts de réconciliation au Liban doivent reprendre
après le sommet de Riyad.
Enfin, le Sommet doit discuter des moyens de renforcer la
sécurité nationale arabe, une proposition saoudo-égyptienne
qui se penche sur les défis sécuritaires des pays arabes et
les moyens d’y faire face.
Chérif Ahmed