De Himmler à
Eliezer
Salama
A. Salama
Nous
devons avoir, en Egypte, un organisme chargé de réunir les
documents, les informations et les films concernant les
événements survenus au cours des guerres avec Israël. Mais
aussi toute information sur les dirigeants et individus de
l’armée israélienne impliqués dans les crimes de guerre ou
des actes barbares contre les otages et civils égyptiens.
Ces informations doivent être révisées, modernisées et
enregistrées afin de suivre le destin de ces personnes,
leurs postes et leurs actions après qu’ils eurent quitté
l’armée de la défense israélienne et rejoint la vie civile.
Ceux-ci
doivent être poursuivis et traduits en justice. C’est ce que
font tous les pays du monde qui n’aiment pas se faire
humilier, même en temps de paix. En effet, les crimes
d’extermination et les crimes de guerre qui transgressent le
droit international et la convention de Genève sont
imprescriptibles. Il le faut afin de préserver la mémoire
des peuples, leurs dignités et le sang de leurs martyrs.
Même si apparaît un criminel de guerre comme Ben Eliezer,
celui-ci peut être poursuivi et traduit en justice, pour que
son arrogance n’atteigne pas le point de diffuser un film
exposant la manière dont il a assassiné 250 prisonniers de
guerre égyptiens à la veille de sa visite prévue en Egypte !
Si nous avions eu ces informations, il n’aurait pas eu
l’audace de poser les pieds sur le sol de ce pays !
Il est
vrai que de longues années se sont écoulées sans que les
générations égyptiennes consécutives depuis la guerre
d’Octobre 1973 n’aient ressenti les périples de la guerre et
ses souffrances. Cependant, ce n’est pas un prétexte pour
que la mémoire des directions égyptiennes oublie et ferme
les yeux sur les crimes israéliens commis à nos frontières
et dans les territoires palestiniens. En effet, de nombreux
dirigeants israéliens ne cachent pas leur haine et leur
rancune malgré les accords de paix qui s’avèrent être
devenus de simples textes froids dans des accords imposés
par des conjonctures et des équilibres internationaux qui
changeront certainement un certain jour.
Le
massacre présenté par ce film n’est pas le premier. Des
aveux et des témoignages sur de nombreux autres massacres
ont été enregistrés par des historiens et des écrivains
israéliens dans de nombreux livres. Nous ne devons pas
réagir envers les crimes barbares d’Israël par l’annulation
de la visite d’un ministre ou par des dénonciations vaines.
Nous devons former un comité égyptien de haut niveau
regroupant des experts militaires et des juristes qui
s’appuieront sur les documents de nos forces armées et de la
Croix-Rouge pour déterminer la manière de faire face à ces
crimes et de punir ces coupables, ou pour suivre d’autres
procédés que le monde connaît et qu’Israël exerce en dehors
du cadre des accords de paix !
Il y a
quelques jours, un général iranien retraité a disparu en
Turquie dans des circonstances obscures. On soupçonne les
services de renseignements israéliens de l’avoir enlevé
parce qu’il détiendrait, selon eux, des renseignements sur
le destin du pilote israélien disparu au Liban depuis 21 ans,
Ron Arad. De plus, les opérations d’espionnage israélien en
Egypte prouvent que la paix ne suffit pas pour préserver la
sécurité. Israël a emprunté tous les moyens pour poursuivre
ses ennemis. D’ailleurs, le monde n’a pas oublié
l’enlèvement d’Ighman qui a été accusé d’avoir liquidé les
otages juifs dans les camps nazis et qui a été jugé et
exécuté en Israël.
Les
crimes de Ben Eliezer ne diffèrent en rien de ceux de
Himmler. Ce dernier, chef de la Gestapo à l’époque du
nazisme, donnait l’ordre pendant la guerre de tuer les
prisonniers de guerre pour se débarrasser des preuves de
culpabilité dans des crimes de toutes sortes. Les jours se
suivent et se ressemblent .