Al-Ahram Hebdo, Enquête | Indépendants pleins d’assurance
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 14 au 20 mars 2007, numéro 653

 

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Enquête

Cinéma indépendant . A travers une panoplie de manifestations et de festivals, il connaît ces deux dernières années un succès franc en Egypte. Seul bémol, le manque d’harmonisation de perspectives entre ses auteurs.

Indépendants pleins d’assurance

Les petites boîtes enregistrent une montée fulgurante. En moins de trois ans, les cinéastes indépendants égyptiens se sont taillé une place importante, aussi bien sur le plan national qu’international, grâce à un concept fixe : insérer un contenu universel dans de petites productions à vocation grand public. Plusieurs festivals, manifestations, productions, ateliers et nombreux prix portent désormais le label « Indépendant », annonçant l’avènement d’une nouvelle alternative cinématographique.

« Nous vivons l’âge d’or du cinéma indépendant en Egypte, souligne le critique et chercheur Nabil Saleh. Nous n’avons jamais assisté à un tel essor de ce courant cinématographique, longtemps confiné dans l’étiquette de cinéma d’amateurs, de manière injuste d’ailleurs, par les professionnels. Or, il a le vent en poupe ».

Alors que le cinéma indépendant est déjà né en Europe dans les années 1960, afin de renouveler les règles artistiques, ce n’est que vers la fin des années 1990 qu’il a commencé à se frayer une voie en Egypte, en dépit d’obstacles, notamment d’ordre financier. Un groupe de jeunes réalisateurs, dont Hala Khalil, Ahmad Rachwane, Tamer Ezzat et Ahmad Hassouna, ont pris en charge de « présenter un cinéma différent, brisant toutes les règles et conditions commerciales, afin de s’affranchir des contraintes de l’Etat et de la logique commerciale », explique Ahmad Chaker, jeune réalisateur indépendant. Le recours à des caméras numériques et à de petites unités de montage a rendu cette entreprise possible. Aujourd’hui, financer un film indépendant peut démarrer à partir de 1 000 L.E. Après ses nombreux succès internationaux, le cinéma indépendant en Egypte capitalise sur le renouveau de ses talents.

Les années de préparation sont passées, et le cinéma indépendant en Egypte connaît, depuis 2001, une popularité croissante, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Aymane Helmi, l’un des responsables du groupe Hala, ne cache pas sa satisfaction devant les résultats encourageants obtenus par la production locale sur le plan international. « Une vingtaine d’œuvres indépendantes égyptiennes ont concurrencé des films conçus selon les canaux mondiaux, dans différents festivals internationaux, ce qui augure d’une grande percée de nos artistes indépendants partout dans le monde », estime-t-il.

Ainsi, l’ambition du groupe Hala est-elle de pouvoir favoriser une meilleure compréhension entre les peuples et d’apporter une contribution positive au développement de la culture et de l’industrie cinématographiques africaines, en offrant un espace de rencontre pour les professionnels de l’industrie cinématographique et en développant la distribution de ses œuvres dans les pays arabes et en Europe.

Depuis sa création il y a deux ans, le groupe égyptien Hala s’est fait une spécialité du travail de niches en privilégiant la recherche de nouveaux auteurs et de nouvelles œuvres indépendantes. Quatre mois après son organisation du Festival des films indépendants, en parallèle à la 30e édition du Festival international du film du Caire, le groupe Hala a mis sur pied le lancement d’une première, le Festival des films tournés par portables, qui se tiendra du 20 au 25 mars au Caire. Une nouvelle forme du cinéma autonome. « C’est l’un des genres du cinéma indépendant qui a envahi le monde ces dernières  années, et qui entame son apparition, cette année en Egypte, visant à  donner vie à des œuvres encore plus libres dans leurs idées et modestes dans leurs budgets », souligne Ahmad Salah, l’un des organisateurs du festival. Et d’ajouter : « Presque tous les réalisateurs indépendants financent eux-mêmes la production de leurs films, ce qui les amène à cumuler plusieurs tâches aux différentes phases du processus de création, et à approfondir leur expérience cinématographique ».

Se faire une place au prix d’épreuves amères

Cependant, se faire une place dans le paysage audiovisuel, sans l’aval de grandes sociétés de production bien installées sur le marché, n’est accessible qu’au prix de certaines épreuves amères.

« Enfant, je rêvais toujours de raconter des histoires, d’être romancière. Puis j’ai assisté des amis dans la fabrication de leurs propres films, et j’ai acquis ainsi l’expérience m’habilitant à transcrire mes contes en images », avoue Hala Khalil. Elle travaille ensuite comme scénariste amatrice, puis fait ses débuts de réalisatrice en 1999 avec Tiri ya tayyara (cerf-volant). « Presque toutes les grandes boîtes de production ont refusé d’épauler nos premières œuvres, d’où notre recours à l’autofinancement ».

Pour sa part, Aïten Amin, qui incarne un certain renouveau du cinéma égyptien, pose un regard critique sur ses jeunes collègues. « La production indépendante connaît actuellement une certaine variété et une montée en flèche. Mais beaucoup de films ne sont que des adaptations d’œuvres existantes. Je m’inscris alors en réaction contre ce courant qui cherche la facilité ».

Toutefois, qualifiés d’indépendants, ces cinéastes cherchent à l’être également entre eux-mêmes. Alors qu’ils ont tous le même objectif artistique : le désir de s’exprimer librement et de développer ce genre dont ils sont dépositaires, les indépendants égyptiens n’arrivent pas à coordonner en harmonie les dates de sortie de leurs œuvres. « Les entités indépendantes égyptiennes ont tout intérêt à tisser des liens communs, seuls garants de l’épanouissement de leurs projets et de leur continuité », rétorque Nabil Saleh.

Après une telle réussite, une stratégie commune de création et de distribution s’avère indispensable pour associer les efforts des différents camps du cinéma indépendant, dans une perspective de coexistence et d’alternance des projets et des ambitions, loin de la subjectivité du profit personnel.

Yasser Moheb

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Les ressorts
de la créativité

Le « cinéma indépendant » est un type de cinéma s’opposant aux blockbusters ou les grandes productions. Il est fondé à partir de modestes budgets par des groupes ou individus non incorporés à de grands groupes audiovisuels. Il rencontre également des difficultés de distribution dans les salles de cinéma et de visibilité dans les médias pour les mêmes raisons. Le côté positif de cette forme de production est une plus grande liberté artistique et une plus grande prise de risque et donc d’innovation dans la réalisation, les sujets abordés, le ton et le choix de la distribution.

Si ce genre de cinéma est soutenu en France par l’ACID (Agence pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion), et par plusieurs chaînes de télévision, il se démarque nettement du cinéma des majors hollywoodiens, en enfilant l’identité de cinéma indépendant new-yorkais, auquel réserve sa programmation le Festival du film de Sundance, organisé depuis 1985 par une organisation à but non lucratif créée par la star Robert Redford.

En Egypte, il existe deux entités parrainant ce genre de cinéma : la société Semat et celle intitulée Qafélat Hala (le convoi Hala), outre Moltaqa cinéma al-chabab (rencontre du cinéma des jeunes) organisée chaque année par la critique Hanaa Arnest au Centre culturel russe.

 

 




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