Eats-Unis - Amérique Latine .
Les étapes de la tournée sud-américaine du président Bush
ont été marquées par d’importantes critiques du président
vénézuélien et protestations de la population.
Lutte d’influence
Les manifestations ont généralement commencé avant même
l’arrivée du président américain George Bush dans chacun des
cinq Etats sud-américains visités, et se sont poursuivies
pendant son séjour. On a pu voir pendant ces manifestations
des pancartes telles que « Mercosur oui, impérialisme non »,
entendre des cris tels que « Bush fasciste, c’est toi le
terroriste », et des marionnettes à son effigie incendiées
par des populations hostiles à sa visite.
Mais c’est le discours tenu dimanche devant plusieurs
milliers de personnes à Buenos Aires, par le président
vénézuélien Chavez, qui aura été la manifestation la plus
virulente contre le Président Bush. « Le président des
Etats-Unis est aujourd’hui un cadavre politique qui ne sent
même plus le soufre. Ce qu’il exhale, c’est l’odeur des
morts politiques. D’ici peu, il ne sera plus que poussière
et disparaîtra », s’est exclamé le président vénézuélien,
leader du mouvement anti-américain en Amérique du Sud.
Ces différentes manifestations sont le résultat de
mouvements anti-américains et anti-libéraux encouragés par
Chavez qui se sont renforcés au cours des derniers mois dans
la région, et que la tournée actuelle du président américain
tente de contrer. Même si l’un des conseillers de M. Bush a
assuré que ce voyage n’était « vraiment pas » une tournée
anti-Chavez, tout laisse à penser que le projet de M. Bush
était bel et bien de contrer l’influence grandissante de
celui-ci en Amérique du Sud. En effet, toute la semaine, le
président nord-américain a tenté d’améliorer les relations
bilatérales avec les pays qu’il visitait. Mais pendant ce
temps, le président vénézuélien tenait son rôle de leader
anti-américain, multipliant lui aussi les rencontres avec
ses homologues et voisins. Ainsi, pendant que Bush était au
Brésil (8-9 mars), puis en Uruguay (10), en Colombie (12),
et enfin au Guatemala (12) et au Mexique (12-14), Chavez
était en Argentine (9), en Bolivie (10 et 11), et à Haïti
(11).
Pendant cette semaine, chacun des deux présidents a signé de
nombreux accords. Chavez a ainsi signé avec le président
argentin, M. Kirchner, plusieurs accords bilatéraux dans les
domaines agricole et énergétique. Le Venezuela qui a rejoint
le Mercosur en 2006, milite en faveur de coopérations
régionales, telle la Banque du Sud, un organisme financier
de développement auquel participent le Venezuela et
l’Argentine et à propos duquel Chavez et Morales, le
président bolivien, ont signé un accord dimanche. C’est
pourquoi Chavez critique les accords bilatéraux que les
Etats-Unis proposent dans la région. Chavez a dénoncé cette
volonté de diviser le continent : « Bush est un loup déguisé
en mouton. Il vient pour diviser, tromper et freiner les
mouvements populaires ». En effet, pendant ce temps, Bush
organisait une coopération sur l’éthanol avec le Brésil,
s’efforçait de rassurer la Colombie, son principal allié en
Amérique latine, qui redoutait une diminution des
subventions américaines pour lutter contre le trafic de
drogue et la guerre civile, et négociait avec l’Uruguay un
abaissement réciproque des droits de douane ce qui pourrait
mener à un traité de libre-échange.
Dans cette bataille dont l’Amérique du Sud est l’échiquier,
Washington et Caracas jouent au nom de leur intérêt propre.
Ainsi, les Etats-Unis, qui concentrent 70 % de la production
mondiale d’éthanol avec le Brésil, ont-ils signé, vendredi
avec ce dernier, un mémorandum de coopération pour favoriser
la production de ce biocarburant, et en faire un produit
commercialisable sur le marché mondial. Cet accord, qui
limiterait la dépendance américaine au pétrole vénézuélien,
a été aussitôt critiqué par Chavez qui a dénoncé
l’utilisation d’aliments, comme le maïs, pour produire du
combustible, alors qu’« un enfant meurt de faim toutes les
trois minutes, selon les Nations-Unies ».
Julie
Durand